29 décembre 2010

Bilan de l'année 2010

Par ce temps glacial, les tibes que nous sommes vont entrer en hibernation. Nous vous laissons ici un petit top 3 des films qui nous ont plu en 2010, que l'on vous recommande pour 2011 si vous les avez loupés.

Tati Bamboo
On nous as promis du grand cinéma en 3D, mais en dehors d'Avatar on n'a rien trouvé de potable. Quoi qu'il en soit, le retour d'auteurs comme David Fincher (qui avait un peu déçu avec Benjamin Button) ou Gaspard Noé (qui, depuis Irréversible, s'est fait attendre comme ma mère pour sortir en famille) confirme qu'il y a encore des enfants terribles sévissant sur pellicule et moi j'aime ça !

1. The Social Network de David Fincher
En voilà un film qu'il est sophistiqué, tellement que le scénario il est bien écrit, tellement que les acteurs sont doués, tellement que le réalisateur maitrise sont sujet. Sans envier l'Avatar de James Cameron et son statut de Classique du 21ème siècle, The Social Network est résolument LE film sur la "génération facebook", le geek-power, en somme les rois des 50 prochaines années. Rien que ça!


2. Inception de Christopher Nolan
Digne héritier de Georges Méliès et ses adaptations de Jules Verne, Christopher Nolan visite nos rêves, les met en images, nous ébahit et use de son cinéma pour détourner notre attention et nous mettre ses propres doutes dans la tête. Du grand art.

3.Enter the Void de Gaspard Noé
Délire hallucinogène pour certains, merde sans nom pour les plus radicaux, avec Enter the Void, Gaspard Noé prouve encore qu'il sait faire parler de ses films. Sa mise en scène, franche, parfois crue, ne laisse aucune échappatoire à son spectateur (ce qui semble déranger certains). Papa Noé nous parle de choses simples, la vie dans toute sa beauté et sa cruauté. Il est certainement, aujourd'hui, le plus poétique et onirique des cinéastes français (contrairement aux 80% de feignants, de bobos et autres fils de... qui occupent la profession dans l'hexagone) sorte de Terrence Malik punk! Moi j'aime ça!


Tati Bamberne
Aimerait décerner la Palme (du nageur cul-de-jatte) à Inception. Véritable bijou cinématographique, casse-tête intellectuel comme visuel, le spectateur passif n'a pas sa place dans la salle.  En prendre plein les yeux, c'est bien là l'intérêt de ce medium ! L'année a clairement été marquée par ce succès au box-office dont la complexité à créé la polémique. Si vous n'avez rien compris, prenez la peine de revoir ce film au calme, avec du pop corn maison.



Pour 2010, Tati Bamberne aimerait remettre également deux prix de la poésie cinématographique à Bad Guy (Kim Ki-Duk) et Biutiful (Alejandro Gonzales Inaritu) qui bien qu'imparfaits restent tout de même construits sur de belles idées, dont le cinéma mondial n'accouche que trop peu à mon goût. Quand les sentiments humains les plus simples (l'amour, le désir de vivre) sont bien mis en image on peut éviter la facilité du pathos, même pour montrer des choses atroces ou dérangeantes.
Et big up à la Corée du Sud qui sait accoucher de tant de bon films.

28 décembre 2010

A Bout Portant - Fred Cavayé - 2010

Jadis, en France, (snif, snif, ça sent Amélie Poulain) nous étions fiers des polars, un genre bien de chez nous, (comme la saucisse) à ne pas confondre avec le film (ou le boudin) noir. Où à l'appel de noms comme Melville, Clouzot, Sautet ou encore feu monseigneur Corneau, nos pères trépignaient devant la porte (ou leur canapé), enfilaient leur gabardine, leur Borsalino et fumaient une clope le temps du trajet pour le cinéma au volant de leur Peugeot 309 (oouuhh, je sens qu'il y avait du mafieux dans la famille...). Puis 20 ans de silence (shuuut). Aujourd'hui des canards boiteux comme Olivier Marchal (et ses scénarii bons pour les Feux de l'amour) ou autres Lucas Belvaux et ses intentions auteurisantes ronflantes à souhait tentent de raviver le genre. Mais voilà qu'après la leçon d'Un Prophète, un autre talent revient à la charge pour enfoncer (boum) au bélier (bêêê) la cellule (klang) du polar français (babebibobu).

Fred Cavayé (parent de Roger Cavaillès ?) prolonge l'aventure Pour Elle, avec cette fois-ci le marathon A bout portant. Samuel (Gilles Lellouche), futur papa et jeune infirmier, voit sa femme se faire enlever sous son regard impuissant (oui, dans les vaps après un coup sur la cafetière, on est effectivement impuissant). Il doit faire sortir de son lit de convalescence, Hugo (Roschdy Zem), un bandit de grand chemin (de grand chemin ? Ah ouais ? avec un balluchon et des godillots troués ?), s'il veut revoir sa femme. La problématique est très simple, très forte, comme dans Pour Elle (dont Paul Haggis, Collision et Casino Royale, sort le remake, Les 3 prochains jours, au même moment) et Cavayé nous tient en haleine pendant 1h30. Pourquoi il réussit là où d'autres pataugent ? Parce qu'il digère très bien ses références françaises et américaines (Die Hard, Ennemi d'État...). Il parvient à faire ce lien entre le polar franchouillard avec ses tronches (Lanvin est nickel) et l'action "hard boiled"  (je préfère l'action à la coque, s'il-vous plaît) des films US et Hong-Kongais des années 80-90. Fred Cavayé fait donc preuve d'ouverture et d'amour du travail bien fait (à commencer par le scénario), dans un cinéma d'action français ou règnent les bessonades (alors c'est l'histoire d'un chinois, qui protège une pute et qui roule en Audi) et les polars nombrilistes (Un nombril a 24 heures pour retrouver le cordon qu'il a perdu à sa naissance). Cet Apocalypto urbain (ha, carrément ?) évite tous les clichés et autres passages obligés des films de cavale et se conclut dans un final tendu (doing) mais étonnant par sa sobriété.

A bout portant étonne par son efficacité, son rythme et la qualité de sa réalisation. Ce qui pouvait sembler irréel pour une production hexagonale, est démontré avec brio par Fred Cavayé, comme le fit jadis Florent Siri avec son Nid de guêpes. Espérons que les producteurs auront retenu la leçon et cesseront d'accorder du crédit à des cloches qui ne jurent que par le "refus du spectaculaire" (Truands) dans des genres populaires, avec des histoires inspirées de faits d'autant plus spectaculaires.

Pour clore ce billet, j'aimerais remercier Tati Bamboo d'avoir effacé mon billet initial lors d'une manipulation quelconque. 

27 décembre 2010

Scott Pilgrim - Edgar Wright - 2010

S'il y a bien un scandale à retenir cette année, ce n'est ni la marrée noire BP ou l'affaire Bettencourt (ou encore l'interview présidentielle de décembre) mais bel et bien la distribution de la comédie de l'année (heu, j'ai l'impression que vous oubliez de nommer les Petits mouchoirs, ça c'était une bonne comédie) Scott Pilgrim. Adaptation de la dernière BD dans le vent, chez les geeks, Scott Pilgrim est la dernière pépite de l'Anglais Edgar Wright (il n'a jamais tort dans les pays anglophones), responsable des barres abdominales que sont Shaun of the Dead et Hot Fuzz. Wright abandonne ici son duo fétiche, Simon Pegg (un cochon) et Nick Frost (un bonhomme de neige), pour nous narrer les péripéties amoureusement pixelisées de Scott Pilgrim. Bassiste d'un groupe de jeunes clampins (les Sex bo-bombs), geeks jusqu'aux ongles, la vingtaine, Scott est un bourreau des cœurs (à le voir on a du mal à le croire mais comme les geeks sont très à la mode de nos jours...), sans travail, ni appart, squattant le lit d'un gay loufoque (juste en face de sa maison natale). Alors qu'il commence à se lasser de sa dernière conquête, une lycéenne asiate groupie number ONE du groupe, Scott a le coup de foudre pour Ramona et sa teinture mauve (Y a du Gondry dans l'air). Il va tenter de jouer au polygame (avant de passer aux polygones (ou au popolypopouette)) jusqu'à ce qu'il découvre la malédiction portée sur Ramona. Scott doit se débarrasser des 7 ex-boyfriends maléfiques de sa girlfriend, qui sont de surcroit une troupe de gros nazes aussi prétentieux qu'égocentriques, interprétés à juste titre par des cabotins (cabotins ? ah oui ?) d'Hollywood (Lucas Lee (encore un Chinois, sans doute), vu en Johnny la torche (il prend feu quand il s'énerve ?) dans les 4 fantastisques et prochainement en Captain América ; Brandon Routh (rousse ?), vu dans THE MAN EN SLIP, Superman returns) castés pour s'autoparodier. Entre les 7 salopards de Ramona et ses propres ex-girlfriends Scott doit donc péter le score et éviter le GAME OVER.

Au delà d'une simple adaptation de Comics, Scott Pilgrim fait partie des rares films ayant su adapter au cinéma l'univers et l'esprit des jeux vidéo, contrairement à toutes les adaptations sorties par le derrière que l'on nous propose depuis presque 20 ans. A l'instar des frères Wachowski (la saga Matrix et notament Speed Racer), Edgar Wright réussit son pari en offrant un film assumant franchement son caractère geek, usant de tous les codes visuels propres aux comics et aux jeux vidéos old school (Mario Bros., Street Fighter II...) ce qui permet d'ouvrir le film à un plus large public, sans jamais mépriser son spectateur ni son récit. On assiste donc à un spectacle très frais, drôle et  jusqu'au boutiste ce qui est encore plus rare dans une comédie. Wright multiplie des références bien digérées et transcende les codes narratifs du jeu vidéo sur sa pellicule. Scott récupère ici des atouts après chaque victoire (1 Up), lui permettant d'avoir plus de facilités face au boss de fin (Bowser qui lance des marteaux) (le climax du film donc). En attendant le DVD (le film n'est plus en salles, merci Universal pour votre dist(r)ib'), Tiborama vous offre un petit échantillon du travail d'Edgar Wright sur Spaced, sa série d'antan, où il laissait préfigurer ses ambitions ciné-vidéoludiques en cliquant ici. (clicolic)

8 décembre 2010

Breves de Décembre

Le Guet-Apens - Sam PECKINPAH - 1972 - Double Tib **

McQueen & Sam Peckinpah, what else ? Mêler une intrigue de film de braquage à un cas de divorce façon Bonnie and Clyde en mode je t'aime moi non plus, semble être un pari réussi pour Sam Peckinpah. Le thème de la famille est au cœur de cette chasse à l'homme, ce qui pourrait dérouter. Loin de l'approche du clan à la Coppola, Peckinpah agrémente sa cavale, du retour au lit conjugal d'un ex-détenu en perte de repères. Un must qui rappelle que le film d'action n'est pas un sous-genre, contrairement à ce que nous laissent croire les tâcherons responsables de
Braquage à l'italienne (Millésime 2003), Jason Bourne ou autres 60 secondes chrono (Millésime 2000, oui encore un mauvais remake)...
OUTRAGE - Takeshi KITANO - 2010 - Juste Tib * (pour elle); Double Tib ** (pour lui)

Des Yakuzas, des hommes d'un autre âge (comme la mise en scène, fait gaffe tu risques la contradiction), des trahisons à en perdre la tête (allez reconnaître un chinois d'un autre chinois... pour les amis de Marine), la fin d'une époque et l'avènement d'une aire nouvelle pas franchement florissante. Sur le papier c'est du Kinji Fukasaku, (branlette, spéciale Cahiers du cinéma... si ils le connaissent...) mais Kitano revient, dans un hommage à ce même Kinji, qui l'a fait passer derrière la caméra il y a plus de 20 ans. Nouvelle équipe technique et nouveaux visages, l'accidenté nippon revient sur ses terres, sur ses thèmes (les soins dentaires en milieu mafieux), avec un nouveau gang donc. Le film laisse une impression de déjà-vu (ou de somnolence), mais ce rafraichissement artistique et thématique ravit le gourmand de tatouages (10 secondes dans le film, mais des beaux, c'est vrai), de phalanges (coupées) et de grossièretés nippones que je suis. Un film de mâle (déviant ?) diront certaines (non, je dirais juste chiant) ou de bon Clint Eastwood à l'ancienne. Pour les fans de crevettes négligées from Paris, c'est juste en dessous.
L'homme qui voulait vivre sa vie - Eric LARTIGAU - 2010 - Juste tib (et demie)*

Tout commence par un film de bobos (again and again). La vie de famille de Paul Exben et de son épouse (Foïs, encore !) fout le camp, elle finit par demander le divorce. Suite à un malentendu gestuel en forme de tesson de bouteille, le voisin-amant meurt... Paul profite de l'occasion pour rebondir à coup de fausse mort en bateau et partir "vivre sa vie" (on the road... ) sans trop de remords sous l'identité  du voisin congelé (premier contrepied du "film français" habituel, qui choisit soit la comédie, soit le drame, soit la copie de nouvelle vague, soit le film de flics). Le premier tiers du film est passé. Changement total d'ambiance et de décor, Paul commence sa carrière de photographe en Europe de l'Est. Il y fait des rencontres (Niels Arestrup, toujours aussi bon). Même si le côté  je change de vie, je suis un homme nouveau dans mon gourbi grâce aux vraies gens que je photographie  est un peu convenu, la tension  présente tout au long du film (peur d'être démasqué, poursuivi pour usurpation d'identité ou meurtre) sans être écrasante a au moins le mérite d'être bien pesée. Puis le succès rattrape Paul, mais c'est embêtant vu qu'il est mort, haha ! Nouveau virage pour le film, Paul doit fuir... comme la fin du film : spectateurs, imaginez la suite comme vous voulez... (ou pas! en évitant cette pellicule française, tellement comme les autres)

La vida loca - Christian POVEDA - 2009 - Double tib **

Portrait d'un gang du Salvador où l'espérance de vie dépasse rarement les 30 ans. La vida Loca se passe de tout commentaire et de tout entretien avec ses protagonistes pour narrer le quotidien des membres de la Mara 18, un gang tentaculaire fondé par d'anciens membres de gangs latinos de L.A, rentrés au pays après avoir été expulsés. La Mara 18 s'étend aujourd'hui sur toute l'Amérique centrale. Femmes et enfants sont également des membres à part entière de cette entité. Des visites chez le juge à la réinsertion dans une ONG (agréée par le gang), en passant par les tatoueurs et les visites chez le chirurgien ; ce seront surtout les nombreuses veillées funéraires qui rythmeront ces 90 minutes d'immersion au cœur d'un monde ou la vengeance est la seule raison d'être. Par ses partis-pris, le film ne tombe ni dans le racolage ni dans la fascination et reste au plus près du sort de ses protagonistes. A sa sortie, le film c'est vu offrir une promo des plus froides, à l'annonce du meurtre de son réalisateur, assassiné par la Salvatrucha, le gang rival. Le film ne profite pas de ce statut posthume mais sa structure rappelle sans cesse cette vengeance aveugle qui anime les gangs.


Sin Nombre - Cary FUKUNAGA - 2009 - Double tib **

Sin Nombre et La vida loca sont cousins germains. Réalité contre fiction. Ici, il est toujours question d'une Mara, cette fois c'est la Salvatrucha, ennemis jurés de la Mara 18. Gueules et corps tatoués, on initie des enfants au maniement des armes et à la fraternité à toute épreuve. D'un côté, la caméra suit un jeune membre du gang, Casper (et son mini bras droit Smiley), en prise avec la dureté de la vie dans la Mara et l'impossibilité d'y vivre une vie normale. De l'autre, Sayra tente le voyage clandestin vers les USA avec sa famille. Tous deux se rencontrent sur le toit d'un train traversant plusieurs pays. Le rythme est là, le scénario est simple mais efficace, côté technique, rien de mirobolant, mais c'est tant mieux (il ne faudrait pas avoir peur de faire un grand film). L'humanisme règne, la volonté de vivre, libre, amoureux, avec les gens qu'on aime, sans violence, traverse l'écran et les personnages. Fuir sans cesse pour éviter la mort (côté Casper), fuir sans cesse pour éviter l'Immigration (côté Sayra), ils finissent par fuir pour être ensemble. Malheureusement pour Casper, on ne quitte la Mara que mort. Un conte humain, quoi... (Merci pour le spoil!)

30 novembre 2010

The Inside Job - Charles Ferguson - 2010

Si vous avez loupé les cours de finance de votre cursus universitaire CIPAV+5 et que vous souhaitez vous informer d'une nouvelle manière dont les gros poissons nous bouffent, nous les petites crottes de l'océan, The Inside Job est un résumé très concis de la vie de requin en milieu financier. Mis à part de sombres tableaux tentant de m'expliquer le fonctionnement des CDO et autres créances toxiques basées sur du vide, j'ai personnellement pas mal apprécié de savoir qu'Obama a repris exactement les mêmes mecs (présents depuis 30 ans) que les gouvernements précédents, oui, ceux qui ont œuvré pour que le marché ne soit surtout pas régulé et qui sont pour certains les anciens dirigeants des boites incriminées... Sick sad world, yes we can ! (ça peut être pratique pour ceux qui ne lisent pas la bonne presse... tout le monde... ah merde... tu m'étonnes qu'on en soit arrivé là)

Inutile de vous dire que y avait du costard à tous les étages et de la cravate rayée à foison parmi les intervenants, comme cette parfaite tête de tib que vous pouvez voir ci-contre. La bafouille, le cafouillage, le déni, la suée du front, la langue de bois, le mensonge pur et simple ou le détour grotesque vers un autre sujet étaient de rigueur face aux questions directes du réalisateur, ce qui facilitait grandement l'aversion envers les méchants.

Ensuite, pour changer de sujet, tout en restant dans la même bassine d'eau croupie, j 'ai entendu ce matin aux infos que le déficit de l'Etat français est noté AAA (indice de sécurité le plus élevé sur les marchés financiers, indiquant qu'on peut investir sans craindre de perdre ses billes en or), mais il se trouve que, hasard des coïncidences, The inside Job nous montrait justement combien les organismes de certification étaient verreux comme des vieilles pommes flapies et totalement en bizbiz avec les boites qui se faisaient du fric sur des créances pourries (comprendre alors un déficit français pourri?).

A part ça, DSK et Christine Lagarde font vraiment honneur à la langue de Shakespeare, ça change du nabot gesticulant si franco-français-doyouwantmetogobacktomyplane-casse-toi-pauv'con. Passées ces quelques éloges, The Inside Job se présente, formellement, comme un vulgaire powerpoint de congressiste en nœuds serrés pour neuneu wannabe smart butiwillvotesarkozyagain. La musique omniprésente est encore plus saoulante qu'un concert d'ascenseur de Richard Kledermann et la pauvreté en images d'archive se voit compensée par des plans en hélico sur les tours de verre de la finance américaine (sur deux heures, ça finit par gonfler). Le seul point fort du film est que le réal est si bien documenté qu'il ne se fait avoir par aucun de ses interlocuteurs ; autrement les informations powerpoint sont si lourdes en sigles et le parcours fléchés sinueux qu'à la sortie on ne retient rien... Ah si, "ils sont tous pourris". Car finalement c'est la seule motivation du réalisateur : nous dresser un portrait racoleur de ces financial dumbs, façon Zone interdite. "EN EXCLUSIVITE": une maquerelle de wall street se confie..." pour nous dire quoi ? Les banquiers et les traders dépensent des fortunes en putes, coke et gogo gadgets... Quel scandale... C'est pour cela qu'ils ont fait joujou avec l'argent. Encore une fois, Ferguson était si bien préparé qu'il pouvait se passer de ce détail. Il nous explique à nous les Européens (entre autres) que nous avons su appliquer les mesures adéquates face à la crise, contrairement à Obama. Ferguson a rêvé, mais il y croit. Puis enfin il tente de nous ramener sur le campus des grandes facs américaines pour dénoncer la corruption des profs, qui touchent des "à côté" astronomiques et mettent de la merde dans la tête des étudiants les plus favorisés. Contrairement aux pauvres (que l'on entend peu dans le film) qui ne peuvent plus aller à l'école.

Alors pour nous consoler avec un plan tournoyant (à la Michael Bay) sur la Statue de la liberté au levé du jour, Charles Ferguson nous rappelle, assisté de la voix pleine d'espoir de Matt Damon, qu'en s'accrochant on va y arriver et que c'est un combat qui vaut la peine d'être mené... Oui... mais lequel ? Et comment ?...

22 novembre 2010

Biutiful - Alejandro Gonzales Inaritu - 2010

Bon, si j'ai bien compris, Biutiful c'est l'histoire d'une petite souillon avec des dents de cheval qui sait pas écrire correctement B-E-A-U-T-I-F-U-L et de son papa qui sait pas s'habiller par manque de goût. Sinon, on peut aussi se dire que Biutiful est un très beau film sur tout ce que Barcelone peut compter de paumés en quête d'une vie meilleure, ou tout simplement d'une vie. Comme dans une pub Benetton, on y croisera donc des Chinois (à dos de machine à coudre), des Sénégalais (à dos de faux sacs Vuitton cousus par les précédents) et des Espagnols (à dos de Chinois ou de Sénégalais).

Dans ce méli-mélo ibérique à la sauce Klapish dégénérée (c'est mieux que du Klapish), Inaritu filme les difficultés d'une vie en marge de la société : élever seul deux enfants quand leur mère est bipolaire et complètement irresponsable, gérer/exploiter ? une armée de petits Chinois casés dans un vilain entrepôt, courir après les vendeurs à la sauvette, eux-même coursés par les flics qui disent ne pas avoir reçu des pots-de-vins suffisants pour fermer les yeux... C'est l'éternel recommencement, l'argent circule chez les intouchables, comme il circule dans les plus hautes sphères, mais dans des proportions bien moins remarquables. Tout le monde veut sa part du rêve occidental, une vie normale, une famille heureuse.

Uxbal (le personnage joué par Javier Bardem) est ce père de famille qui dit aider les populations en détresse en leur fournissant finalement une activité une fois arrivés sur leur nouvelle terre d'accueil. Il navigue à l'aveuglette entre sa femme, ses gosses et ses diverses activités de businessman du marché noir. Sa vie, et ce qui l'entoure, est purement crasseuse, insupportable, malsaine, pourrie jusqu'à l'os... et pourtant ce n'est pas du tout ce qui ressort à l'image. Inaritu transmet une émotion qui n'approche jamais le pathos. On y trouve de l'amour, beaucoup, de l'espoir, de la compassion, de la solidarité, de l'entraide, de la douceur et ce malgré la fin tragique de pas mal de personnages... hhhuuuuuuu (la meuf de Bardem dans ce film, elle est moche... mais d'une force! Tu m'étonnes qu'après il a le cancer de la tib).

Malgré une idée super intéressante (filmer des bas fonds sans tomber dans le film de gangsters ou le docu-fiction façon TF1... ouais Inaritu, il regarde trop pas TF1) très joliment traitée du début à la fin et un scénario qui tient tellement bien la route, le seul point noir du film reste sa LONGUEUR ! Putain que c'était chiant !! Mais c'est trop dommage quoi !! PUTAAIIIINNNN ! Pourquoi Inaritu traverse-t-il la même crise d'égo que Tarantino ou Wong Kar-Wai... Le Soleil de Cannes l'aurait, lui aussi, rendu fou? La surabondance de lumières fluo et de romantisme trajiconsenfou chez le Taïwanais ; les blablas et bavardages lourdingues qui plombent les films du geek du Tennessee, maintenant c'est au tour de notre mexicain préféré de se plomber l'aile avec un trop-plein d'humanisme sur-justifié. Biutiful ou comment abuser d'un très bon chili... ben oui au bout d'un moment ça fait...(je ne cautionne pas la fin graveleuse de cette critique...)

18 novembre 2010

Belle Epine - Rebecca Zlotowski - 2010

Aux USA, on a le "teen movie" (tib movie ?) et son humour graveleux (prouts, nibs et autres tib en liesse). En France, on propose un autre genre bien à nous, le "suicide teen movie". On a eu, Les coprs impatients (j'ai un cancer), Hell (je suis un gosse de riches), Des Filles en Noir (je suis gothique) et vient maintenant s'ajouter Belle Epine (ma mère est morte). Ce que j'appelle "suicide teen movie" (le nom n'est pas encore déposé), ce sont des films qui vont à contre-courant d'Hollywood (et ses jeunes à dents blanches) en nous présentant  des ados en perdition, voire suicidaires car "c'est la réalité, c'est tellement vrai, ça triche pas quoi" (ouais, y a de l'humain) (remarquez la triple répétition). Mais le mot à sortir si vous aimez briller en soirée (chez l'ambassadeur, par exemple ?) c'est "Bouleversant" (cf. le commentaire d'un fan sur la page Youtube du distributeur du film).
Cliché quand tu nous tiens... Il faut le savoir, pour faire du cinéma "d'auteur" (tu as vu le plafond, Anja ?) en France il faut :
- être tendance (en lisant Grazia ?), ici le style est plutôt vintage, normal c'est la fin des 70's ;
- donner l'illusion d'une narration dispersée mais maîtrisée, le film est surtout très linéaire (ce qu'on met au fond des piscines, donc) ;
- rendre hommage à la nouvelle vague (splish), entre l'emploi de la caméra à l'épaule et les jump-cut (follow the lida, lida, lida, follow the lida) inutiles (censés faire office de faux-raccord) le film donne même l'impression d'être d'époque tant la mise en scène est lourdingue (vous vous souvenez de Nathalie, la méchante d'Hélène et les garçons ? bah ça fait pareil). Bien entendu, tout ceci restera formel et n'apportera rien à l'histoire ni au propos. Les 70's ne sont qu'un cadre, rien de vraiment personnel à la réal' puisqu'elle n'était pas née ; le style nouvelle vague n'a rien de très frappant : tout ça semble plus tenir du simple choix artistique.
Donc Belle Epine, c'est l'histoire de Prudence qui vient de perdre sa mère et qui se retrouve seule à la maison. Un jour elle regarde le 13h de Pernault (avec une choucroute sur la tête et des grosses pattes donc (oué, ho, tu pousses un peu, là)) et découvre que pas loin de chez elle, au circuit de Rungis, il y a des jeunes motards intrépides (hhuuuu avec des culottes de cuir ?) qui frôlent la mort dans des courses nocturnes. ATTENTION : gros plan visage sur Prudence et on monte le son en OFF de la voix du présentateur sur le mot MORT. C'est décidé, Prudence ira mourir à Rungis. Pour ce faire, elle se fait une nouvelle amie (tellement moche, rho la la) qui fricote avec les motards, mais pas trop non plus, c'est une sœur qui se respecte. L'inverse de Prudence donc qui va tourner entre 2 bikers (c'est pire qu'un geek ?).
Prudence ment à tout le monde, fait la gueule en continu (Lea Seydoux monomaniaque) mais souffre tellement à l'intérieur. La seule personne à le voir ben c'est la réal', oui m'sieur 'dames c'est un film où "la caméra est acteur, seul témoin qui suggère le malaise intérieur de Prudence", c'est tellement auteurisant. Le film n'offre aucune plongée (toute façon, dans les années 70, y avait pas de palmes). La famille juive de Prudence ne nous est présentée qu'en un vulgaire cliché entre un fils homo (mais à kippa) qui répond à son orthodoxe et donc violent papa. Le milieu des motards, ben c'est des mecs qui portent des blousons en cuir, qui boivent des coups dans des vieux rades, qui font la course la nuit et qui tombent à moto (tu voulais quoi, qu'ils citent Kirkegaard ?). Du cliché ! "Mais non, c'est pour centrer le film sur le personnage" qui n'est qu'une ado qui sèche, qui ment, qui fume, qui se fait dépuceler et qui veut mourir. Du cliché ! Le film n'approfondit pas plus. 
 En somme, on ne demande pas à un premier film d'être parfait, ce que l'on peut attendre c'est de la singularité, dans le point de vue, le style ou autre... qu'importe. Ce que l'on veut c'est de la fraicheur, pas que l'on nous sorte les vieux camemberts pourris d'un cinéma passéiste. On a le droit d'aimer des auteurs et de les citer, mais les singer... Happy Few a au moins le mérite d'essayer (les scènes de la farine ou des BoboIphone), The Town réussit au moins à accrocher le spectateur, Belle Epine.... rien, juste des scènes d'une mollesse (oui, le plafond est très présent, Olav) et d'un manque d'audace tel qu'on en finit par avoir des raideurs dans le dos et comme une envie de se lever. Voilà un film qui fait semblant d'avoir des choses à dire... et des choses personnelles en plus.

17 novembre 2010

Les petits mouchoirs - Guillaume Canette - 2010

Bienvenue dans le grand quizz des Petits mouchoirs ! Allez, on fait tourner les serviettes !!
Première question : pourquoi aller voir ce film ?
Parce que les autres séances sont complètes.
Deuxième question : pourquoi rester pendant les 2H30 ?
Merde, là j'avoue je sais pas... parce qu'il pleut dehors ? Mais non, mais non, c'est juste pour pouvoir chier à nouveau sur le cinéma françaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiisss !!
Troisième question : dites la vérité ! Pourquoi être allé voir ce film ?
Bon, ben... parce que....
Dès le début Jean Dujardin ferme sa gueule, définitivement et ça fait un mauvais acteur en moins. Parce que François Cluzet joue un connard de première et que c'est trop rare dans le cinéma français, surtout un personnage de cet âge là (Bacri, Lanvin et consorts...).
'Puis quand on ne sait pas écrire un film, on case tout n'importe comment, les personnages disent et font n'importe quoi dans les 5 premières minutes pour qu'on sache qui c'est quoi. C'est un film produit par Luc Besson donc c'est l'histoire d'un mec qui veut retrouver une pute, en faisant des allez-retours Paris-Bordeaux en Audi. C'est génial car cette fois le héros pleure sur la route alors il prend ses petits mouchoirs dans sa boite à gants.

Plus sérieusement c'est un super film (4 millions d'entrées à l'heure où j'écris, quand-même, comme Terminator 3 ou Pearl Harbour... on pleure aussi donc), parce que le plan en hélico sur la dune du Pyla est trop beau. Le bateau de Max (Cluzet) qui s'appelle Max (car c'est un beauf  de droite) est trop beau. Comme l'écran plat Philips dans la maison, la maquette du bateau dans le salon et la maison elle-même. Elle est chouette, elle est en bois avec une très belle vue sur la mer. Mais Les Petits Mouchoirs, c'est aussi un film trop subtil sur les sentiments. Quand tu vis des moments tristes et que dans ta tête tu commences à entendre un morceau de soul US des années 50 que même toi tu connais pas, c'est trop beau. Tu sais quand ton copain te dit j'ai mal et que tu lui réponds j'm'en fous, j'vais à la plage après il meurt par surprise et toi tu pleures, ben c'est que t'es trop méchant, t'es un con égoïste. Et puis il y a un pêcheur de moules qui te fait la leçon, alors toi tu te dis qu'au lieu d'aller vivre sur Paris et te la péter t'aurais mieux fait de vivre d'huitres et d'eau fraiche.

Guillaume Cannet réussit ce que personne n'avait jamais fait auparavant, faire un film sur ce doute existentiel que l'on a tous à l'adolescence : "...s'il m'arrive un truc, qui sera là, auprès de moi ?..." Le problème est que le père Cannet a 37 ans et que son film ne va pas plus loin. En d'autres mots, voilà encore un film révoltant par sa platitude, la banalité de son propos, le grotesque convenu de sa mise en scène, son pathos tire-larmes et sa fausse morale pour spectateur lobotomisé par des années de Louis la Brocante.

MERDE !!

10 novembre 2010

Venus Noire - Abdellatif Kechiche - 2010

Bon... comment dire... (plan sur la montre) 1 heure de film... heu... si tu veux qu'on parte, pas de problème.
Vénus Noire, ou comment oublier ce qui était brillant dans la Graine et le Mulet et mal fagoter une histoire (vraie) tellement intéressante. A savoir celle d'une sud africaine, Saartjie Baartman, trainée en Europe pour exhiber sa gwosse cwoupe et faire saliver les dandys londoniens qui n'ont que du cul plat sauce cranberry à se mettre sous la dent.
Sur fond de début du XIXe siècle, il n'y avait pas meilleure époque pour étudier les mœurs d'une société sur le point de faire sa révolution industrielle et scientifique (qui va créer l'occident tel que nous le connaissons), et en même temps d'un obscurantisme humain assez crasse (des vieux restes de la renaissance et du colonialisme en marche). C'est l'époque de toutes les contradictions, de toutes les découvertes, de tous les courants de pensées, l'époque où tout s'est côtoyé pour créer notre société moderne.
Mais non, Abd el Hâtif n'en a cure. Mieux vaut s'acharner à faire des plans de 10 minutes sur le visage de Saartjie pour montrer combien elle subit sa condition, combien elle se saoule pour oublier, combien le monde est horrible... L'héroïne descend aussi lentement aux enfers qu'un hamish vers un bordel ! Toute subtilité est ici vaine. Mieux vaut passer 2h45 à retourner le couteau dans la plaie pour vraiment bien attendre la fin tragique.
Pour la mise en abîme, le spectacle de la Venus Hottentote se joue d'abord à Londres, genre la foire de la femme à barbe, puis à Paris dans les salons cossus de la bourgeoisie, qui dégénèrent en partouses de cougars à gogo (franchement toutes ces septuagénaires les seins à l'air, c'est vraiment compliqué à gérer au niveau émotionnel). Bref, c'est de pire en pire pour la pauvre Saartjie, et c'est pareil pour le spectateur. Heureusement qu'Olivier Gourmet joue les dompteurs avec son gros bidon, son gilet en cuir et sa tête de pédophile, voilà une image réjouissante ! "Sale Belge!" Peut on crier. Quitte a être considéré comme coupable par le réalisateur, autant jouer son rôle à fond.

Pour la jouer technique, Kechiche confond récit en spirale avec tourner en rond. Des foires londoniennes aux labos scientifiques français, le césarisé nous montre toujours la même chose (il pense philosopher à coups de marteau, là il nous casse surtout les c$£*µ%es). Une femme censée souffrir du regard et des gestes de ceux qui l'entourent, y compris le spectateur (vous aussi vous êtes venus la voir). Malheureusement, ce n'est pas le jeu de Yahima Torres qui va favoriser l'empathie, au contraire. (Pas)chiche lui conseillant d'être aussi monolithique qu'une pierre tombale. Bref en plus d'être jugé coupable par l'auteur, tout est fait pour nuire au spectateur. L'image numérique semble être un parti pris intéressant, pour une fois que l'on ose avoir une belle photo dans le cinéma français... c'est raté. Après quelques scènes réussies, on s'aperçoit que le Chef Op' a pris congé. Kechiche s'est rappelé qu'en France on refuse l'esthétisme, quel qu'il soit, car on s'interdit de déformer ou d'embellir le réel. Comme si la fiction était omnisciente, objective, quel que soit le point de vue du réal... Bref.  Images cramées, lumières extérieures complètement gâtées (aucun raccord, réflecteurs trop forts...), à croire qu'en France on filme tellement peu de noirs que l'on ne sait pas les éclairer. C'est facile, certes, mais quand on ajoute à cela le refus total d'une B.O, on a plus rien a se mettre sous la dent. On n'a plus qu'à se jeter par terre en attendant la fin et le mini sujet de JT qui accompagne le générique, histoire de remplacer les habituels cartons qui racontent la fin du personnage réel.

En définitive, Kechiche trahit ses intentions premières. Le film n'offre aucune plongée dans l'ombre de notre histoire pour ainsi faire le point sur l'époque actuelle et les relents de racisme encore présents dans notre société (cf. affaire Guerlain, le faux pas en avant de Chirac pour l'abolition de l'esclavage etc.). Les horreurs passées encore présentes dans nos institutions ne l'intéressent pas tant que cela, il préfère être un portraitiste macabre, chiant comme un croque-mort. La pauvre scène du tribunal britannique est la seule occasion d'avoir un discours nuancé sur les soi-disant humanistes (qui refusent de croire qu'une "négresse" sache jouer, ce qui est pourtant le cas). Kechiche rabâche le même pathos et la même naïveté déjà présentes dans l'Esquive afin d'émouvoir la bourgeoisie sur le sort de ce(ux) qu'elle ignore. Il préfère s'embourber dans un discours aussi primaire qu'abrutissant: "Tous Racistes ! Même toi le spectateur."

9 novembre 2010

The Social Network - David Fincher - 2010

Pourquoi The Social Network n'est-il pas un College movie comme les autres ? Sur le papier, ce film retrace la naissance du désormais inévitable Facebook et de son créateur, Mark Zuckerberg. La naissance du colosse s'étant passée dans la douleur, avec plusieurs demandes de paternité au compteur, il y avait certes de quoi nourrir un scénario de long. Bon.
Le college movie est souvent un prétexte (cours, campus, ambiance estudiantine et sentiments adolescents) pour porter à l'écran des jeunes, sans parents dans les pattes, des fêtes sans fin (chouette, des nibards...), des histoires salaces, un joli cadre verdoyant (parce que le college movie à la fac de Nanterre, ça passerait vachement moins bien)... enfin tout ce qui faut pour faire un film agréable à regarder pour les mangeurs de pop corn. On y retrouve les pom-pom girls, les capitaines d'équipe de foot, les membres de l'administration coincés du cul et conservateurs, les geeks, les intellos, les cools et des scénarios tous identiques.
Oui, mais donc ? Pourquoi The Social Network n'est-il pas un College movie comme les autres ?
Parce que le personnage principal (très justement interprété par Jesse Eisenbergest) est à la limite du sociopathe, geek jusqu'au bout des lignes de code et profondément brillant, même si toute l'histoire nait finalement d'une simple déception amoureuse. Penchant plus du côté mon ordi c'est tellement ma vie que je porte que des claquettes de piscine, que du côté, j'ai des lunettes, t'as pas le droit de m'taper l'antihéros nous fait osciller entre la pitié pour une petite bête informatique et le rejet d'un être dépourvu de sentiments. Le capitaine de l'équipe de foot c'est un cyborg sous la forme de jumeaux tellement wasp que c'en est pas possible, les pom-pom girls, des asiates hystéros. Bref, des clichés pris à contrepied dans un film parfaitement rythmé, sans grand parti pris esthétique (Quoi mais t'es aveugle, c'est une photo dans la pure lignée de Se7en et Fight Club), mais on lui pardonne. Un portrait tellement juste d'une société en pleine mutation.

De l'avis de certains, David Fincher se serait assagi. Moins d'effets spéciaux dit-on, moins de caméras qui font la pirouette (cf. Fight Club et Panic Room) et un propos moins outrancier dans ses 3 derniers films. Depuis Zodiac, il serait donc devenu beaucoup plus classique et moins démonstratif. Je ne suis pas de cet avis pour une raison simple, c'est que, dans ses films, les effets spéciaux servent une histoire et non l'inverse. Imaginez Benjamin Button avec des ralentis et des caméras qui traversent les objets, pour nous parler d'une histoire d'amour d'un homme qui traverse le temps en sens inverse... où est l'intérêt. Chaque film à son sujet et le traitement qui lui convient et Fincher le sais très bien. En revanche les effets spéciaux sont omniprésents dans Zodiac (le San Francisco des années 70 refait par CGI -computer-generated image-), Benjamin Button (Brad Pitt vieilli et lifté à souhait) et The Social Network n'échappe pas non plus aux Special FX (l'acteur Armie Hammer est numériquement dédoublé en jumeaux Winklevoss). D'autre part les personnages des films de Fincher sont toujours des prisonniers de leurs obsessions et Fincher leur réserve toujours un traitement peu optimiste (David Mills dans Se7en, Jack dans Fight Club, Robert Graysmith dans Zodiac ou encore le fatalisme de Benjamin Button). Ici on le sait avant d'entrer en salle, Mark Zuckerberg n'a pas que des amis grâce à Facebook, mais le petit génie de Harvard suscite l'intérêt de Fincher pour son potentiel tragique et le bouleversement sociétal qu'a provoqué le plus jeune milliardaire au monde (mais Justin Bieber bosse dur pour le dépasser, il a déjà commander 4 caisses de gloss). Après Fight Club et ses hommes émasculés des 90's, Fincher scanne la geek generation des années 2000. Articulé par des dialogues rapides et incisifs, la structure de The Social Network rappelle un chat (miaou ?). Les échanges ne se font qu'en champ/contre-champ, chacun son cadre/chacun sa fenêtre. Zuckerberg ne sait discuter qu'à la porte (de sa chambre, comme de sa maison), il ne voit le monde qu'au travers de sa fenêtre, toujours derrière un filtre et Fincher poursuit ce parti pris dans sa réalisation. La narration est parfaitement maitrisée, croisant le récit à la fac avec les 2 procès contre Zuckerberg sans aucune répétition. Le rythme frénétique, où toutes les scènes se répondent les unes aux autres comme dans un dialogue (ça dépend avec qui le dialogue, moi j'connais des gens qui mettent des putain de disquettes) (traditionnellement les scènes s'enchainent), nous ramènent donc à l'idée de bouleversement dans les rapports "sociaux" d'un point de vue cinématographique. C'est donc Zuckerberg vs Winklevoss, geek vs  wasp, auteurs (classiques) Vs réalisateurs (modernes, façon Fincher donc, ou Danny Boyle, Quentin Tarantino, un faux amis des auteurs, Jan Kounen et consorts) (heu, j'aimerais bien savoir pourquoi tu mets pas Max Pécas ?).

Comme son nom l'indique, The Social Network n'est ni un biopic' sur Facebook, ni sur son co-créateur ;  c'est avant tout un film sur les rapports humains et les réseaux professionnels qui se font dès l'université (faudrait imaginer le même film sur la Fémis) (oh ! ça dénonce ! CNC, en***és !). Aujourd'hui tout le monde veut être "famous", veut être vu, joignable, en gros connecté avec le monde (merci Bill Gates). Ce qui n'est absolument pas le cas de Mark Zuckerberg, sociopathe (attention, tu reprends mes mots là...) confirmé (dans le film en tous cas), qui dès la scène d'ouverture fait preuve d'un malaise certain et d'un manque de confiance en lui dans un lieu de rencontre comme un pub. Il finira par se faire larguer et fuira dans sa chambre, traversant le campus tête baissée et au pas de course, sans saluer qui que ce soit. Arrivé dans sa chambre, son premier geste est d'allumer son ordinateur, puis accompagné d'une bière fraiche il retrouve ses aises devant son blog où il lâche tout son venin sur sa nouvelle ex'. C'est pas le genre de N*E*R*D* que l'on apprécie donc. Lorsque les autres étudiants font la fête, Zuckerberg, lui, fait de la programmation. Envieux des membres des Final Clubs qui se font livrer des nanas par bus (confirmé par Nathalie Portman, ex d'Harvard et consultante sur le scénario du film), Zuckerberg prend sa revanche en créant Facemash (site de vote de la plus bonne des plus bonnes filles d'Harvard). Avec 22 000 connections en 2h, il suscite l'intérêt de toute l'université et c'est là que les choses changent pour Mark. Fini le temps où l'on admirait les beaux blonds aryens champions olympiques et héritiers de très grosses fortunes. Aujourd'hui le geek fait des ravages et les wasp s'en prennent plein la tête à l'image des frères Winklevoss qui ne gagneront plus rien sur le plan sportif, comme sur le plan "réseau". Symbole absolu de la vielle garde conservatrice américaine, les jumeaux vont se retrouver face aux barrières qu'ils voulaient établir pour leur site HarvardConnect ("transformé" en Facebook par Zuckerberg, je mets des guillemets pour éviter le procès). Les clubs privés, les passe-droits de fils de..., le réseaux de papa tout ça c'est fini, mais les jumeaux ne l'ont toujours pas compris (la page facebook de Tyler Winklevoss, le vrai, n'est pas ouverte à "l'ajout" d'amis, c'est select) (ah ouais, carrément comme celle d'Elyzabeth II !).

Le paradoxe, qui fait toute la force du film, c'est que ce réseaux ouvert nait de la volonté du type le plus introverti de Facebook. Convaincu de son potentiel et du futur succès de son site, Zuckerberg avance tel un rouleau compresseur que rien n'arrête. "Marche ou crève" devient son adage et son meilleur ami, 'Wardo Saverin en paye les pots cassés. Trop naïf, 'Wardo est justement trop attiré par cette vie de privilèges, celle des Winklevoss, il rentre dans une confrérie et en accepte le bizutage, se case avec la première groupie et vend son site à l'ancienne en allant chercher des annonceurs pour les bannières du site. Zuckerberg trouve un écho chez Sean Parker (il est à Mark ce que Tyler Durden est à Jack), co-créateur de Napster, devenu une rock star du web fauché et parano. Mais les dérapages de son nouvel acolyte vont encore isoler Mark. Trônant seul, au sommet de sa tour de verre, avec une cravate qui lui va si mal, son meilleur ami c'est son site.

Portrait d'un cas (à part), comme Jack dans Fight Club, à qui Fincher ne cesse de donner des échos (Zuckerberg va en RDV en pyjama peignoir claquettes), The Social Network nous renvoie une certaine image de nous-même. Nous, membres du premier réseau social en ligne au monde, sommes les semblables des membres du projet chaos d'un certain Tyler Durden.

En tout cas ce que j'ai le plus apprécié, c'est que Tati Bambou s'est concentré sur le film pendant TOUTE sa durée ! Dans les sales obscures, son intérêt tactile et vocal pour moi grandit généralement à mesure de son ennui (Venus Noire m'a mis K.O d'ennui je me suis juste agité quand tu m'as demandé de quitter la salle en plein film).

5 novembre 2010

Mad Max 2 - George Miller - 1981

Bon, si j'ai bien compris, Mad Max 2, c'est l'histoire d'une guerre entre les Sado-masos et les Bobos.
Non ? Bon d'accord, alors grosso modo c'est l'histoire d'un monde désertique où règne la violence, à cause d'une pénurie de carburant. Un monde post-apocalypse plutôt proche de nos préoccupations actuelles, choisissez vite votre camp et préparez vos pantalons en cuir troués aux fesses ! On a d'un côté les méchants vilains vêtus de cuir, de clous, de masques, de chaines pompant ouvertement dans l'imagerie sado-masochiste (pour symboliser la déviance des personnages, m'a-t-on dit dans l'oreillette) (Ah bon qui ça ?) et de l'autre les amis de la terre (...de la terre, t'as vu ça toi ?...), vêtus de blanc et de tentures aux couleurs naturelles, qui défendent l'une des dernières raffineries du coin. Autant dire que les vilains les persécutent et essaient tous les jours d'entrer dans la forteresse en dépit de l'énorme lance-flamme qui leur rôtit la tib à chaque approche. Par-dessus le marché arrive Max, le très frais Mel Gibson dans sa prime jeunesse (quel régal, chères amies, rien que pour ça, le film vaut le coup...), futé, rusé, malin, ce vieux briscard de la chasse au gasoil a plus d'un tour dans son sac. Il se fait en route un ami volant (genre de Looping à la sauce Charle Ingalls, pour le pyjama jaune) qui lui donne le tuyau de la raffinerie du coin. Max finit par s'accoquiner avec les gentils et à défendre leur étendard, au départ, par pur égoïsme et pis quand sa Maxmobile rencontre un ravin et explose, il se retrouve bien obligé de retourner se planquer dans la forteresse. Les gentils parviendront-ils à quitter la forteresse pour regagner leur liberté ? Les méchants sodomites finiront-ils par retrouver le saint chemin de l'église ? Vous ne le saurez qu'en regardant Mad Max 2.

Pourquoi regarder Mad Max 2 ?... Pour vous familiariser à vos nouveaux voisins d'en face, dont le vis à vis sur leurs soirées échangistes SM aux costumes d'Halloween ou Vendredi 13 ne cessent de vous surprendre. Pour vous donner un aperçu de la vie d'après la guerre nucléaire de Ronald Reagan ou la vie que nous promettent Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand d'ici 25 ans. Une vie de western, quoi : chacun pour soi et Dieu pour tous... Ah pardon, ici Dieu est mort apparemment. Comparé à son prédécesseur, le deuxième volet de la trilogie culte de George Miller (qui vient d'annoncer que le tournage de Fury Road, le 4ème Mad Max vient d'être repoussé d'un an car la végétation pullule sur le lieu de tournage) perd sur le plan de la critique sociétale. Mais avec un budget 10 fois supérieur au précédant film, Miller nous offre un joyaux de cinéma, transcendant le genre qu'il a inventé (et influencé d'autres sagas : Matrix, Terminator, Hokuto no Ken, New York 1997, Le Livre d'Eli, K2000 si si  remember) tout en rendant hommage au cinéma de John Ford (Le massacre de Fort Appache, une thématique proche de Dieu est mort ) et plus généralement des westerns. Mel Gibson en est un nouveau Clint Eastwood (un héros solitaire droit et honnête qui ne veut rien devoir à quiconque, ça ne vous dit rien ?...).

Maintenant vous êtes avertis de ce qu'il vous arrivera si vous faites les cons quand les pompes sont bloquées (hhhoooo le fute en cuir troué aux fesses vous guette !!!!).

4 novembre 2010

Bad Guy - Kim Ki-Duk - 2002

Alors Bad Guy, c'est l'histoire d'un Chinois qui a pas trop la cotte avec les meufs alors il leur vole des bisous dans la rue.
Accessoirement, il est aussi maquereau à ses heures perdues (non, il ne fait pas le poisson volant dans la parade du nouvel an, c'est bien le mac, le pimp, le P.I.M.P) et Coréen (mais dire chinois c'était quand même plus drôle) (espèce de Michel Leeb ! Je vais manifester avec tous les Chinois devant chez toi, comme pour Guerlain). Alors qu'une jeune fille l'humilie en public parce qu'il l'a contrainte à une pelle forcée (devant son boyfriend à lunettes plutôt tibenberne), monsieur, proxénète aguerri,  veut la revoir et ne sais pas faire autrement que de lui tendre un piège (un peu grossier et facile, peut-être, mais en tout cas utile au bon déroulement du scénario). En tombant dans ce piège, la jeune fille se voit contrainte à la prostiputition.

De fil en aiguille, on se sait pas réellement par quelle magie (celle du cinéma ?) ou par quel ressort psychologique (le syndrome de Stockholm ?) se tisse un lien fort entre Sun-Hwa (elle) et Han-Gi (lui). Lui tombe éperdument amoureux (sans doute depuis le premier jour), l'épie derrière un miroir sans teint protecteur (et déculpabilisant ?) installé dans sa chambre, elle refuse d'abord sa condition puis se résigne, s'adoucit. Même s'ils n'ont que très peu de contacts et qu'elle n'a aucune raison de lui renvoyer cet amour, le silence très significatif de cet homme quasi muet, la mise en scène léchée et les ressorts romantiques du miroir sans teint réussissent à emporter le spectateur dans un doux voyage, en suspension au-dessus d'un milieu peu ragoûtant.

Le film démarre sur un gros plan de la bouche d'Han-Gi mangeant, fumant. Voilà à quoi va servir sa bouche durant les 2 prochaines heures de film. C'est lui qui donne toute sa force au film. Les dialogues n'existent plus là où les autres parlent, inventent des excuses, Han-Gi observe et agit. Kim Ki-Duk parvient parfaitement à extraire toute la puissance poétique de son Mac Muet (le nouveau Burger des McDo' de Séoul... Elle est bonne hein?!). Han-Gi est donc condamné à agir pour se faire comprendre, pour s'exprimer et en bon Bad guy, il n'agit pas comme il faut. Toujours à cran comme l'exige la loi du trottoir. Han-Gi ne connait que celle-ci et c'est elle qui l'a fait. De ce parfait sociopathe, Ki-Duk nous plonge dans ce monde glauque et âpre avec une grande maitrise et toute la justesse que cela demande, la poésie en plus (ne cherchez pas les nains de jardins qui parlent, ce n'est pas du Jeunet ni du Disney). Seule ombre au tableau, les raisons psychologiques de Sun-Hwa sont un peu plus elliptiques et filent une écharde dans le pied du récit de cette improbable idylle.

En conclusion, 15 minutes de plus pour prendre le temps de comprendre Sun-Hwa et une photo un peu plus poussée auraient fait de Bad Guy un parfait Tibolux. En tout cas on reconnaitra l'originalité et l'audace du réalisateur de traiter à fond ce sujet qui aurait fini en Pretty Woman si nous avions été à Hollywood, que dire si c'était dans l'hexagone (Marina Foïs en pute sexy et Guillaume Cagette en macro ?... Cagette à maquereaux HAHAHAHAAHAHA... encore un moment de solitude, hein? ). En tout cas sur ce blog on affirme une vérité (évidente... oui on ne prend pas de risques de peur de se faire cambrioler nos disques durs), la Corée du Sud sait faire de vrais films, avec la force et le traitement qu'il faut ( Old Boy, Friend, The chaser, Président last bang...), là où le Saint-Bois de L.A se pose la question existentielle du "est-ce que ça va être un film tout public ?". Bad Guy pour les 7 à 77 ans... cherchez l'erreur.

1 novembre 2010

Total Recall - Paul Verhoeven - 1990


Un bon matin, on se réveille la tête dans le cul, comme après un bon cauchemar. Le son des marteaux piqueurs du chantier d'à côté  vous ramène à la bonne réalité du quotidien. Celle où l'on aime se rappeler devant son bol,et les infos du matin, la chance que l'on a de vivre en France. Ben oui, la télé est là pour nous rappeler qu'être Français ce n'est pas comme être Chinois, Afghan ou autochtone de RDC (d'où des rebelles sanguinaires viennent défiler pour notre fête de la prise de la Bastille). La France est un pays sécurisé : sécu, retraite, allocation chômage, caméras de surveillance, CRS pour nous débarrasser des casseurs et des clandé' puis la bombe atomique pour dissuader les vils dictateurs de nous envahir. Après un rêve désagréable, il est donc plus rassurant de retrouver celui (ou celle) qui nous est cher, au chaud chez soi, dans son bon pays. Après son bol, on quitte son domicile pour aller travailler et en chemin on ne manque pas de se faire harceler par la pub. On en retient le nouveau morceau de la pub Rekall, agence de voyage imaginaire, directement repris d'un célèbre morceau. Arrivé au boulot, on s'aperçoit que ça fait 6 mois que l'on gaspille son énergie à régler des problèmes pour lesquels on paie des gens pour le faire à sa place mais bon... On est en France, pays tellement sécurisé que les gens s'en foutent de faire leur boulot, ils seront payés pareil. Au final, on se dit qu'il nous faut des vacances. Mais ça coûte trop cher. Puis l'assurance n'a toujours pas remboursé l'avance sur réparation d'il y a deux mois. Heureusement Rekall à la solution qu'il vous faut. Pour quelques billets, achetez-vous des souvenirs de vacances (à défaut de voyager soit-même) et avec l'option Photochiotte Premium +, on vous laissera même un lien vers vos photos pour les ajouter vous-même sur Facebook. Vous pourrez montrer à vos amis virtuels vos super souvenirs fictifs. Vous savez que chez Rekall il y a des risques de finir lobotomisé mais bon à cette heure-ci on est prêt à tout pour se changer les idées. Surtout maintenant que l'on doit avoir peur de mourir d'un attentat. Ben ouais, le chef des terroristes martiens a décider de pointer son nez pour nous faire peur. Vous savez, ces barbus aux mœurs étranges (à ce qu'il parait ils se marient à 4 femmes et font des centaines d'enfants par foyer). "Oh nooooon, je venais de retrouver espoir, ma station essence vient juste de rouvrir..." s'exclame Douglas Quaid, le héros du film traité en filigrane.

Donc ce brave Douggie tente sa chance chez Rekall et veut se la jouer Agent Double en vacances sur Mars pour aller péter la gueule à ces connards de terroristes. Oui, à la différence de beaucoup de Français, Douggie est un patriote va-t-en-guerre, mais il ne le dit qu'au moment du vote. Pour preuve, sa femme est blonde aux yeux bleus, elle ne s'appelle pas Marine,  mais bon... Dans le fond Douggie n'aime pas les blondes il préfère les brunes athlétiques aux trais latins et c'est pour rejoindre l'une d'entre elles qu'il "se casse sur Mars" (cf. VF du film, souvenir d'enfance ; aujourd'hui les gosses ont Franklin la tortue, moi j'avais Terminator, San-Goku et Douglas Quaid, bref). Finalement, il a quelque chose de sympathique celui-là.

20 ans quasiment jour pour jour (le film est sorti en France le 17 octobre 1990), on a parfois l'impression de se réveiller dans un roman de Philip K. Dick. Blade Runner nous parlait de futurs rapports de force entre les USA et la Chine. La tendance à dépister la délinquance à la naissance de Sarko nous rappelle Minority Report (cela-dit Brice Hortefeux nous l'a mise avec EDWIGE 2.0) et aujourd'hui Total Recall enfonce le clou, aujourd'hui l'hyperréalité est omniprésente. Sarko en est le plus pur fruit. Incarnation à la française de Scarface, se voulant être l'ami des stars de cinéma (de Tom Cruise à Christian Clavier... c'est de mieux en mieux), il arrive surtout à nous proposer un premier (espérons dernier) mandat digne des pires cauchemars de science fiction. "Les français" l'ont élu pour qu'il devienne le héros de notre république "en berne". Nous, les spectateurs de ses exploits au 20h comme sur le web. Éjecté de l'Ena (à défaut du gêne de la délinquance, il parvient néanmoins à prouver que l'échec scolaire est héréditaire), arriviste reconnu, diplomate hors pair surtout dans le 93, comme dans un jeu de télé-réalité nous avons voté pour le pire candidat. Notre Michael Vendetta de l'Élysée a ce point commun avec Douglas Quaid, il vit son rêve, lui. Réveillons-le. Avec une bonne lobotomie, lorsqu'il se demandera s'il rêve avant d'embrasser Carla à la fin du film, il aura le dos tourné et ne verra plus qu'une belle image blanche.

21 octobre 2010

La mouche - David Cronenberg - 1986

La mouche ! Quel titre étrange pour un film, ça pourrait-être une comédie (pour les adeptes de l'église de scatologie) (ou aussi pour les gens un peu soupe au lait). Mais non ! Il s'agit de Science-Fiction, d'un remake même (The Fly de Kurt Neumann, 1958) et à l'époque les remake savaient être meilleurs que leur modèle. Le couplet du film que vous devez découvrir me fatigue d'avance et la plupart d'entre nous l'ont déjà vu, en plus. C'est un chef-d'œuvre, un classique du genre, et blablabla.

Pour faire court, THE FLY (c'est plus sympa en V.O (Fly Robin fly, up, up to the sky !)) c'est l'histoire de Seth Brundle, Jeff Goldblum à la vie (qui a une sacrée tête de tib dans le film), un petit génie de la science qui entre deux branlettes (tout ça parce qu'il dit ne pas avoir de vie, c'est peut-être un ermite qui a fait vœu de chasteté pour servir le Dieu Science...) s'est mis en tête de créer un téléporteur. Avec toute l'arrogance d'un jeune premier, il parle trop de ses travaux à une journaliste avec qui il finit par s'acoquiner (rho le con, il avait même pas remarqué qu'il parlait à Geena Davis encore fraîche !!). Un soir de déprime ("la salope est allée voir son ex", dit Seth), après une bonne cuite, le savant fou se dit qu'il va utiliser lui-même sa machine. Comme la mouche, en train de bouffer le pâté de 8 jours qui traine, aime bien Seth, elle décide de l'accompagner en scred dans le téléporteur. Seulement, l'ordi est programmé pour ne téléporter "qu'une personne à la fois" (comme les fonctionnaires, c'est une machine française), et il décide donc de fusionner Seth et la mouche. GRÂCE A LA FORCE DE LEURS POUVOIRS CONJUGUES, VOICI LE CAPITAINE PLANET !... ou plutôt BRUNDLEMOUCHE (so ridiculous comme nom de projet, quoi).

D'ordinaire, les héros sont couplés à des bébêtes plus glamour : Batman (une chauve souris c'est moche, mais Bruce dans son latex... hmmmm! oui surtout quand c'est George clowny Clooney qui le joue), Spider-man (c'est toujours mieux qu'une mouche et ça tricote des toiles), Wolverine (le glouton en Anglais... dans les Comics en VF on l'appelait Serval de mon temps, c'était plus sympa ; moué, je suis pas sûre)... Bon ok en fait les héros en collants ne sont pas toujours inspirés par des animaux qui ont la classe, bien au contraire (et encore, t'as oublié les Tortues Ninja). David Cronenberg s'en est bien rendu compte, lui, et il a assumé à 200% le statut de son Seth "la Mouche" Brundle. Prétexte idéal pour traiter un thème cher à ce cher David : la chair.
De Rage aux Promesses de l'ombre (son prochain film racontera le cas d'une patiente hystérique de Carl Jung, ce dernier s'opposant à la psychanalyse de Freud, son mentor. Histoire moins viscérale de prime abord), Cronenberg n'a pas cessé de nous fasciner à propos de nos entrailles (perso, je les aime bien où elles sont et moins à l'écran). Pourquoi ? Pff ! J'm'en fous moi, j'suis qu'une pauvre tib qui regarde des films avec de l'hémoglobine et des effet spéciaux signés par des maîtres pour briller dans mes dîner entre amis. Plus sérieusement. La vie a ses secrets et ses mystères que la chair recèle au plus profond de l'atome... ZZZZZZzzzzzzzZZZZZ Où en étais-je ? (hé, mais tu me l'a pompé cette phase du lecteur ou du rédacteur qui s'endort !)... Oui ! La mouche, ou "Bzzzzz" en Zaïrois, c'est surement l'un des films de Cronenberg qui traite le plus largement la question de la chair et de son altération par l'homme. Sexe, drogue, force, nutrition, mental, reproduction, tous les sujets y sont traités (t'as oublié le vomi aussi), voilà de quoi attiser notre curiosité. Seulement, la mouche de Cronenberg n'a rien d'héroïque. C'est au contraire un film d'horreur Bio (c'est bon, c'est bio, c'est Cronenbiorg) et comme c'est dans l'air du temps et que le film a quelque peu vieilli (comme tout bon camembert qui se respecte), nous vous encourageons à (re)découvrir La Mouche.

PS : Bon anniversaire à Jeff Goldblum qui soufflera ses 58 bougies le 22 octobre. Il ne nous connait pas, mais nous oui. (ouais, salut Jeff !) T'inquiète chouchou, je suis sûre qu'il lit notre blog de toute façon...

19 octobre 2010

Brazil (Final Cut) - Terry Gilliam - 1985

Alors Brazil, c'est l'histoire d'une tête de tib, qui est burolier chez Big Brother. Chaque nuit, il rêve d'être le preux chevalier ailé d'une nymphe blonde emprisonnée. Entre la réalité aliénante de son travail pour l'état policier, sa mère accro à la chirurgie esthétique et ses nuits torrides déguisé en ange, il a tout juste le temps de rentrer au Palacio (pas la boite, la cité de Noisy-le-Grand, véridique, vous pouvez checker Wikipédia) où se trouve son home sweet home, bientôt pris d'assaut par des réparateurs fous et un saboteur cocasse. Bref, Brazil, c'est surtout l'occasion d'imaginer ce que pouvait être en 1985 un monde très proche de 1984 (quelle drôle d'idée). Le film a d'ailleurs vraiment bien vieilli, entre autres grâce à un visuel barré qui le rend proprement intemporel. Gilliam marque donc de son empreinte le film, tout en empruntant à de célèbres visionnaires comme Jules Verne, Jacques Tati, Fritz Lang, l'architecte honteux du Palacio de Noisy le grand et j'en passe. L'ex-monty python nous conte là un cauchemar poétique qui se voulait être LE film inspiré (à défaut d'adapté) d'Orwell et réussit là où Michael Radfort se viande littéralement malgré sa mention adaptation officielle.

Brazil est en quelque sorte l'équivalent au cinéma d'un Alice au pays des merveilles. L'univers est tellement étrange que la question "est-ce logique ?" nous importe peu. Seules les émotions comptent. Du pur cinéma. Nous n'avons aucune info sur le lieu, ni l'époque exacte, on ne nous laisse qu'un simple : "à un moment du XXème siècle" chacun se laissera donc porter par son imagination ou son dictateur local pour situer cette histoire, malheureusement d'actualité. Comme tout classique, Brazil a influencé de nombreux films, Matrix, Dark City (on me dit dans l'oreillette que je me répète), Cypher, Loft Story et la moitié du programme électoral de Nicolas "Piccolo" Sarkozy. Une œuvre qui a fait date en somme.

17 octobre 2010

The Host - Bong Joon-Ho - 2006

Oui, d'accord, c'est un film de monstres. Mais pour votre gouverne, c'est aussi un film coréen (souvent gage de qualité, voir The Chaser, ou le défilé de présentation du fils de Kim Jong Il), ainsi qu'un très beau portrait de famille et de société. En effet, il n'y a pas de mauvais concept, il y a de mauvais traitements (on l'a déjà dit au sujet du cancéreux de la Remington pour Le bruit des glaçons). On est très loin du Godzilla de Roland Emmerich et la Corée du Sud nous rappelle que l'on peut faire de très bons kaijū eiga (film de monstres en japonais) comme les King Kong (1933 et 2005).

The Host c'est avant tout l'histoire d'une famille désunie, les Park. Le patriarche et son fils aîné, Gang-Du, tiennent un petit snack au bord de la rivière Han. Gang-Du a une petite fille, Hyun-Seo, qui ne prend pas son père très au sérieux et elle a bien raison. Gang-Du s'avère être une sacrée tib : il mange les pattes des poulpes de ses clients, dort sur son pour-boire et incite sa fille d'environ 11 ans à boire de la bière. Mais chez les Park, il y en a qui gagnent, ou presque. L'archer Nam-Joo, la benjamine, représente la Corée aux J.O alors que le cadet, Nam-il, est un jeune diplômé au chômage qui a passé plus de temps chez les activistes (militant contre le président Kim Young-Sam) qu'aux cours magistraux. Un jour, grâce au génie des militaires américains (toujours actifs en Corée) des tas de produits zarbis sont déversés dans la Han. Quelques temps après, un monstre fait son apparition et attaque les promeneurs des rives du fleuve. Il attaque les gens et en mange quelques uns puis décide de prendre son dessert à emporter, la petite Hyun-Seo, sous les yeux hébétés de son père qui pensait la tenir par la main dans sa fuite mais qui a sauvé une autre jeune fille en uniforme. Damn Tib ! Une fois la situation exposée, il ne reste plus qu'à la famille à faire le deuil de la petite : sauf que celle-ci arrive à passer un coup de fil depuis les égouts où la bête l'a déposée pour la roucher plus tard. Commence une lutte contre le temps et contre les autorités sanitaires ; la famille,
maintenant plus qu'unie, se heurte à l'hystérie collective d'un probable virus diffusé par la bête et à l'armée qui entend gérer le problème à grands renforts d'agents bactériologiques.

Vous l'avez remarqué plus haut, Bong Joon-ho façonne le portrait d'une Corée complètement dépendante et sous le joug de l'armée américaine. Celle-ci se comporte avec les autochtones comme elle le fait en Irak (par exemple) et se croit souveraine. Les Park illustrent les paradoxes de la société Coréenne, les difficultés d'insertion des jeunes diplômés, une puissance mondiale qui peine à se faire remarquer sur la scène internationale. Mais surtout là où le film surprend c'est qu'il a même un fond écolo! Oui Oui ! Là ou les premiers Godzilla dénonçaient les effets secondaires des bombardements de l'été 1945 ; là où le Godzilla made in U.S dénonçait la reprise des essais nucléaires par Jacques Chirac ; The Host rappelle au maire de Seoul ses promesses de campagne : "qu'à la fin de son mandat, il sera le premier à se baigner dans la Han". A première vue, les auteurs de
kaijū eiga ont une dent contre Chirac. Les cinéastes Français devrait se réveiller un peu.

11 octobre 2010

Apocalypto - Mel Gibson - 2006

Alors, Alopaclypo c'est l'histoire de petits pygmées dans la jungle. Ils vivent de chasse et de cueillette et passent leur temps à se charrier ou à se percer les oreilles. Ils construisent des pièges à tapirs et se frottent le kiki avec des plantes épicées (encore une mauvaise blague entre hommes).

Jusqu'au jour où Mel Gibson, le réalisateur, leur envoie des méchants. Les mêmes pygmées qu'eux, mais en plus féroces, en plus avides, en plus tatoués, en plus percés, en mieux armés. Ces vils gredins viennent raser notre village de gentils chasseurs pour faire des prisonniers et les emmener à la grande mégalopole maya. C'est une raffle pour faire court. Parmi ces prisonniers, Patte Jaguar, jeune chasseur accompli qui va apprendre à... courrir. Oui c'est 2h20, de course à pied et c'est plus jouissif qu'un 100m d'Husein Bolt.

Et pourquoi est-ce jouissif ? Parce que la vie à l'état naturel, son innocence, la proximité des hommes et la force des valeurs qu'ils transmettent sont touchants et mettent en évidence le décalage existant avec notre vie "moderne". Parce que l'on découvre la reconstitution d'une civilisation perdue, à son apogée, juste avant l'arrivée des colons européens marquant sa décadence. Parce que la mégalopole maya, noyée sous la jade et les fastes des cérémonies sacrificielles au dieu solaire, entre coulées de sang et peinture turquoise des sacrifiés est d'une beauté saisissante. Et parceque la dernière partie est un petit joyau de cinéma. Notre héros, Patte Jaguar transcende le mythe de l'homme Jaguar et dans sa fuite effrénée, il va faire courir ses assaillants à leur plus grande perte... La fin de leur civilisation.

Mythe local, drame historique (qui en rappelle tant d'autres), rite initiatique, passion, haine, rivalité, lutte pour la survie... tous les ingrédients sont réunis et font de ce film un classique, rien de moins. Ce film reste méconnu, depuis sa sortie, car l'aura sulfureuse de son réalisateur l'a précédé et que les choix jusqu'auboutistes, que nous saluons au passage, d'imposer une V.O en Maya n'ont pas attiré un plus large public (encore trop mou et habitué à la bouillie de chat du doublage).

4 octobre 2010

Hors la Loi - Rachid Bouchareb - 2010

Hors la loi c'est une saga familiale, un peu comme Le château des Oliviers ou Tramontane. Sauf qu'en fait, rien à voir.

Ça commence en Algérie où le french colon refuse l'indépendance demandée par le peuple. Les manifestations sont réprimées dans le sang et le papa de l'histoire meurt. Restent trois fils. Comme les trois petits cochons, chacun s'est construit sa maison : Abdelkader (Sami miam Bouajila) l'intellectuel au regard de braise derrière ses lunettes a la plus robuste, celle construite avec les idées et l'intégrité (en plus il fait de la prison, tu parles d'une maison robuste !). Le second, Messaoud (Roschdy miam Zem) s'est engagé dans l'armée pour combattre en Indochine des ennemis qui ne sont pas les siens (Contrairement à Mohamed Ali). Sa maison de bois, il l'a construite avec ses muscles et des idéaux de fraternité, d'ordre et de soumission (?) envers la France. Le dernier, Saïd (joué par Jamel Theuriau) s'est vite-fait monté une cabane en paille, entre deux matches de boxe qu'il a organisé. C'est d'ailleurs lui, le petit débrouillard un peu borderline, qui rejouera à peu de chose près une scène du Parrain.

Chacun des frères représente donc un degré d'engagement politique, d'intégrité, de respect des lois ou d'opportunisme qui changera pas du début à la fin du film. Qui s'affirmera même une fois arrivés en France, dans les cahutes du bidonville de Nanterre. Chacun campera sur ses positions, au risque d'y perdre la vie ou de trahir ses frères.

Pour en revenir à l'actualité, ce film n'a absolument rien d'anti-français : venant d'un réalisateur français et de comédiens français, c'est quand même une insinuation absolument débile (un peu de critique assainit l'esprit d'une nation, c'est évident). Il raconte seulement un épisode de l'histoire, sanglant et violent dans chacun des deux camps. D'ailleurs Bouchareb rappelle qu'entre le terrorisme et la résistance, il n'y a très souvent qu'une question de point de vue. Les nazis rappelaient aux peuples occupés que les résistants étaient des terroristes... ça laisse à réfléchir sur le martelage d'aujourd'hui : les jeunes de banlieue ("ben oui dans le Droit de savoir, ils l'ont bien dit") ; les musulmans ("Mon dieu un Quick'n'Toast Hallal !"; "Quoi? Une mosquée près de ground zéro? Je vais bruler des Cor'an le jour de l'aïd el fitr !") ; les libanais ("Rasons des maisons, ils ont deux de nos soldats !"), les Palestiniens ("Contre un jet de pierre, je réplique au missile !"), Al Quaida (heu... mauvais exemple).

Malgré sa longueur évidente et une réalisation manquant parfois de relief, on ne peut pas nier la qualité du scénario et des comédiens. A en juger par la très belle scène au parloir entre Sami Bouajila et Chafia Boudraa (énorme dans son rôle de mère des 3 petits cochons), qui est surement ma préférée du film. Malgré tout, Bouchareb perd parfois ses personnages en route. La conviction d'Abdelkader (Bouajila) conduit le film ; "la vie de rêve" de Tony Montana (Debbouze) n'appartient qu'à l'exposition, il ne sera là que lorsque l'on aura besoin de lui ; alors que la nouvelle vie de Messaoud (ZemZem comme la fontaine) entre père de famille et bras armé du FLN reste floue et se contente de deux croisements dans les rues du bidonville de Nanterre du type :
"Salut chérie, je viens de tuer 2/3 français et toi, tu fais quoi ?... Ah, tu accouche de mon fils ?... bon ben je ne vais pas trop te déranger alors, je repasse."
et
"Salut chérie, t'as fait à bouffer? J'ai la dalle, je viens de butter un inspecteur dans un commissariat, j'suis plus fort que Terminator, hein?... Ah bon, mon fils sais marcher... j'suis content de l'apprendre. A bientôt."

Oui "Hors la loi" n'est pas un chef d'œuvre mais ils parvient très bien à nous faire oublier le téléfilm larmoyant pour le samedi 20h30 de France 3 que fut... je ne connait plus le titre du film... désolé.