8 décembre 2010

Breves de Décembre

Le Guet-Apens - Sam PECKINPAH - 1972 - Double Tib **

McQueen & Sam Peckinpah, what else ? Mêler une intrigue de film de braquage à un cas de divorce façon Bonnie and Clyde en mode je t'aime moi non plus, semble être un pari réussi pour Sam Peckinpah. Le thème de la famille est au cœur de cette chasse à l'homme, ce qui pourrait dérouter. Loin de l'approche du clan à la Coppola, Peckinpah agrémente sa cavale, du retour au lit conjugal d'un ex-détenu en perte de repères. Un must qui rappelle que le film d'action n'est pas un sous-genre, contrairement à ce que nous laissent croire les tâcherons responsables de
Braquage à l'italienne (Millésime 2003), Jason Bourne ou autres 60 secondes chrono (Millésime 2000, oui encore un mauvais remake)...
OUTRAGE - Takeshi KITANO - 2010 - Juste Tib * (pour elle); Double Tib ** (pour lui)

Des Yakuzas, des hommes d'un autre âge (comme la mise en scène, fait gaffe tu risques la contradiction), des trahisons à en perdre la tête (allez reconnaître un chinois d'un autre chinois... pour les amis de Marine), la fin d'une époque et l'avènement d'une aire nouvelle pas franchement florissante. Sur le papier c'est du Kinji Fukasaku, (branlette, spéciale Cahiers du cinéma... si ils le connaissent...) mais Kitano revient, dans un hommage à ce même Kinji, qui l'a fait passer derrière la caméra il y a plus de 20 ans. Nouvelle équipe technique et nouveaux visages, l'accidenté nippon revient sur ses terres, sur ses thèmes (les soins dentaires en milieu mafieux), avec un nouveau gang donc. Le film laisse une impression de déjà-vu (ou de somnolence), mais ce rafraichissement artistique et thématique ravit le gourmand de tatouages (10 secondes dans le film, mais des beaux, c'est vrai), de phalanges (coupées) et de grossièretés nippones que je suis. Un film de mâle (déviant ?) diront certaines (non, je dirais juste chiant) ou de bon Clint Eastwood à l'ancienne. Pour les fans de crevettes négligées from Paris, c'est juste en dessous.
L'homme qui voulait vivre sa vie - Eric LARTIGAU - 2010 - Juste tib (et demie)*

Tout commence par un film de bobos (again and again). La vie de famille de Paul Exben et de son épouse (Foïs, encore !) fout le camp, elle finit par demander le divorce. Suite à un malentendu gestuel en forme de tesson de bouteille, le voisin-amant meurt... Paul profite de l'occasion pour rebondir à coup de fausse mort en bateau et partir "vivre sa vie" (on the road... ) sans trop de remords sous l'identité  du voisin congelé (premier contrepied du "film français" habituel, qui choisit soit la comédie, soit le drame, soit la copie de nouvelle vague, soit le film de flics). Le premier tiers du film est passé. Changement total d'ambiance et de décor, Paul commence sa carrière de photographe en Europe de l'Est. Il y fait des rencontres (Niels Arestrup, toujours aussi bon). Même si le côté  je change de vie, je suis un homme nouveau dans mon gourbi grâce aux vraies gens que je photographie  est un peu convenu, la tension  présente tout au long du film (peur d'être démasqué, poursuivi pour usurpation d'identité ou meurtre) sans être écrasante a au moins le mérite d'être bien pesée. Puis le succès rattrape Paul, mais c'est embêtant vu qu'il est mort, haha ! Nouveau virage pour le film, Paul doit fuir... comme la fin du film : spectateurs, imaginez la suite comme vous voulez... (ou pas! en évitant cette pellicule française, tellement comme les autres)

La vida loca - Christian POVEDA - 2009 - Double tib **

Portrait d'un gang du Salvador où l'espérance de vie dépasse rarement les 30 ans. La vida Loca se passe de tout commentaire et de tout entretien avec ses protagonistes pour narrer le quotidien des membres de la Mara 18, un gang tentaculaire fondé par d'anciens membres de gangs latinos de L.A, rentrés au pays après avoir été expulsés. La Mara 18 s'étend aujourd'hui sur toute l'Amérique centrale. Femmes et enfants sont également des membres à part entière de cette entité. Des visites chez le juge à la réinsertion dans une ONG (agréée par le gang), en passant par les tatoueurs et les visites chez le chirurgien ; ce seront surtout les nombreuses veillées funéraires qui rythmeront ces 90 minutes d'immersion au cœur d'un monde ou la vengeance est la seule raison d'être. Par ses partis-pris, le film ne tombe ni dans le racolage ni dans la fascination et reste au plus près du sort de ses protagonistes. A sa sortie, le film c'est vu offrir une promo des plus froides, à l'annonce du meurtre de son réalisateur, assassiné par la Salvatrucha, le gang rival. Le film ne profite pas de ce statut posthume mais sa structure rappelle sans cesse cette vengeance aveugle qui anime les gangs.


Sin Nombre - Cary FUKUNAGA - 2009 - Double tib **

Sin Nombre et La vida loca sont cousins germains. Réalité contre fiction. Ici, il est toujours question d'une Mara, cette fois c'est la Salvatrucha, ennemis jurés de la Mara 18. Gueules et corps tatoués, on initie des enfants au maniement des armes et à la fraternité à toute épreuve. D'un côté, la caméra suit un jeune membre du gang, Casper (et son mini bras droit Smiley), en prise avec la dureté de la vie dans la Mara et l'impossibilité d'y vivre une vie normale. De l'autre, Sayra tente le voyage clandestin vers les USA avec sa famille. Tous deux se rencontrent sur le toit d'un train traversant plusieurs pays. Le rythme est là, le scénario est simple mais efficace, côté technique, rien de mirobolant, mais c'est tant mieux (il ne faudrait pas avoir peur de faire un grand film). L'humanisme règne, la volonté de vivre, libre, amoureux, avec les gens qu'on aime, sans violence, traverse l'écran et les personnages. Fuir sans cesse pour éviter la mort (côté Casper), fuir sans cesse pour éviter l'Immigration (côté Sayra), ils finissent par fuir pour être ensemble. Malheureusement pour Casper, on ne quitte la Mara que mort. Un conte humain, quoi... (Merci pour le spoil!)

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