1 novembre 2010

Total Recall - Paul Verhoeven - 1990


Un bon matin, on se réveille la tête dans le cul, comme après un bon cauchemar. Le son des marteaux piqueurs du chantier d'à côté  vous ramène à la bonne réalité du quotidien. Celle où l'on aime se rappeler devant son bol,et les infos du matin, la chance que l'on a de vivre en France. Ben oui, la télé est là pour nous rappeler qu'être Français ce n'est pas comme être Chinois, Afghan ou autochtone de RDC (d'où des rebelles sanguinaires viennent défiler pour notre fête de la prise de la Bastille). La France est un pays sécurisé : sécu, retraite, allocation chômage, caméras de surveillance, CRS pour nous débarrasser des casseurs et des clandé' puis la bombe atomique pour dissuader les vils dictateurs de nous envahir. Après un rêve désagréable, il est donc plus rassurant de retrouver celui (ou celle) qui nous est cher, au chaud chez soi, dans son bon pays. Après son bol, on quitte son domicile pour aller travailler et en chemin on ne manque pas de se faire harceler par la pub. On en retient le nouveau morceau de la pub Rekall, agence de voyage imaginaire, directement repris d'un célèbre morceau. Arrivé au boulot, on s'aperçoit que ça fait 6 mois que l'on gaspille son énergie à régler des problèmes pour lesquels on paie des gens pour le faire à sa place mais bon... On est en France, pays tellement sécurisé que les gens s'en foutent de faire leur boulot, ils seront payés pareil. Au final, on se dit qu'il nous faut des vacances. Mais ça coûte trop cher. Puis l'assurance n'a toujours pas remboursé l'avance sur réparation d'il y a deux mois. Heureusement Rekall à la solution qu'il vous faut. Pour quelques billets, achetez-vous des souvenirs de vacances (à défaut de voyager soit-même) et avec l'option Photochiotte Premium +, on vous laissera même un lien vers vos photos pour les ajouter vous-même sur Facebook. Vous pourrez montrer à vos amis virtuels vos super souvenirs fictifs. Vous savez que chez Rekall il y a des risques de finir lobotomisé mais bon à cette heure-ci on est prêt à tout pour se changer les idées. Surtout maintenant que l'on doit avoir peur de mourir d'un attentat. Ben ouais, le chef des terroristes martiens a décider de pointer son nez pour nous faire peur. Vous savez, ces barbus aux mœurs étranges (à ce qu'il parait ils se marient à 4 femmes et font des centaines d'enfants par foyer). "Oh nooooon, je venais de retrouver espoir, ma station essence vient juste de rouvrir..." s'exclame Douglas Quaid, le héros du film traité en filigrane.

Donc ce brave Douggie tente sa chance chez Rekall et veut se la jouer Agent Double en vacances sur Mars pour aller péter la gueule à ces connards de terroristes. Oui, à la différence de beaucoup de Français, Douggie est un patriote va-t-en-guerre, mais il ne le dit qu'au moment du vote. Pour preuve, sa femme est blonde aux yeux bleus, elle ne s'appelle pas Marine,  mais bon... Dans le fond Douggie n'aime pas les blondes il préfère les brunes athlétiques aux trais latins et c'est pour rejoindre l'une d'entre elles qu'il "se casse sur Mars" (cf. VF du film, souvenir d'enfance ; aujourd'hui les gosses ont Franklin la tortue, moi j'avais Terminator, San-Goku et Douglas Quaid, bref). Finalement, il a quelque chose de sympathique celui-là.

20 ans quasiment jour pour jour (le film est sorti en France le 17 octobre 1990), on a parfois l'impression de se réveiller dans un roman de Philip K. Dick. Blade Runner nous parlait de futurs rapports de force entre les USA et la Chine. La tendance à dépister la délinquance à la naissance de Sarko nous rappelle Minority Report (cela-dit Brice Hortefeux nous l'a mise avec EDWIGE 2.0) et aujourd'hui Total Recall enfonce le clou, aujourd'hui l'hyperréalité est omniprésente. Sarko en est le plus pur fruit. Incarnation à la française de Scarface, se voulant être l'ami des stars de cinéma (de Tom Cruise à Christian Clavier... c'est de mieux en mieux), il arrive surtout à nous proposer un premier (espérons dernier) mandat digne des pires cauchemars de science fiction. "Les français" l'ont élu pour qu'il devienne le héros de notre république "en berne". Nous, les spectateurs de ses exploits au 20h comme sur le web. Éjecté de l'Ena (à défaut du gêne de la délinquance, il parvient néanmoins à prouver que l'échec scolaire est héréditaire), arriviste reconnu, diplomate hors pair surtout dans le 93, comme dans un jeu de télé-réalité nous avons voté pour le pire candidat. Notre Michael Vendetta de l'Élysée a ce point commun avec Douglas Quaid, il vit son rêve, lui. Réveillons-le. Avec une bonne lobotomie, lorsqu'il se demandera s'il rêve avant d'embrasser Carla à la fin du film, il aura le dos tourné et ne verra plus qu'une belle image blanche.

1 commentaire:

  1. Non ce n'est pas de la SF.

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/11/02/01016-20101102ARTFIG00686-vers-un-depistage-des-enfants-en-souffrance.php

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