28 décembre 2010

A Bout Portant - Fred Cavayé - 2010

Jadis, en France, (snif, snif, ça sent Amélie Poulain) nous étions fiers des polars, un genre bien de chez nous, (comme la saucisse) à ne pas confondre avec le film (ou le boudin) noir. Où à l'appel de noms comme Melville, Clouzot, Sautet ou encore feu monseigneur Corneau, nos pères trépignaient devant la porte (ou leur canapé), enfilaient leur gabardine, leur Borsalino et fumaient une clope le temps du trajet pour le cinéma au volant de leur Peugeot 309 (oouuhh, je sens qu'il y avait du mafieux dans la famille...). Puis 20 ans de silence (shuuut). Aujourd'hui des canards boiteux comme Olivier Marchal (et ses scénarii bons pour les Feux de l'amour) ou autres Lucas Belvaux et ses intentions auteurisantes ronflantes à souhait tentent de raviver le genre. Mais voilà qu'après la leçon d'Un Prophète, un autre talent revient à la charge pour enfoncer (boum) au bélier (bêêê) la cellule (klang) du polar français (babebibobu).

Fred Cavayé (parent de Roger Cavaillès ?) prolonge l'aventure Pour Elle, avec cette fois-ci le marathon A bout portant. Samuel (Gilles Lellouche), futur papa et jeune infirmier, voit sa femme se faire enlever sous son regard impuissant (oui, dans les vaps après un coup sur la cafetière, on est effectivement impuissant). Il doit faire sortir de son lit de convalescence, Hugo (Roschdy Zem), un bandit de grand chemin (de grand chemin ? Ah ouais ? avec un balluchon et des godillots troués ?), s'il veut revoir sa femme. La problématique est très simple, très forte, comme dans Pour Elle (dont Paul Haggis, Collision et Casino Royale, sort le remake, Les 3 prochains jours, au même moment) et Cavayé nous tient en haleine pendant 1h30. Pourquoi il réussit là où d'autres pataugent ? Parce qu'il digère très bien ses références françaises et américaines (Die Hard, Ennemi d'État...). Il parvient à faire ce lien entre le polar franchouillard avec ses tronches (Lanvin est nickel) et l'action "hard boiled"  (je préfère l'action à la coque, s'il-vous plaît) des films US et Hong-Kongais des années 80-90. Fred Cavayé fait donc preuve d'ouverture et d'amour du travail bien fait (à commencer par le scénario), dans un cinéma d'action français ou règnent les bessonades (alors c'est l'histoire d'un chinois, qui protège une pute et qui roule en Audi) et les polars nombrilistes (Un nombril a 24 heures pour retrouver le cordon qu'il a perdu à sa naissance). Cet Apocalypto urbain (ha, carrément ?) évite tous les clichés et autres passages obligés des films de cavale et se conclut dans un final tendu (doing) mais étonnant par sa sobriété.

A bout portant étonne par son efficacité, son rythme et la qualité de sa réalisation. Ce qui pouvait sembler irréel pour une production hexagonale, est démontré avec brio par Fred Cavayé, comme le fit jadis Florent Siri avec son Nid de guêpes. Espérons que les producteurs auront retenu la leçon et cesseront d'accorder du crédit à des cloches qui ne jurent que par le "refus du spectaculaire" (Truands) dans des genres populaires, avec des histoires inspirées de faits d'autant plus spectaculaires.

Pour clore ce billet, j'aimerais remercier Tati Bamboo d'avoir effacé mon billet initial lors d'une manipulation quelconque. 

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