17 octobre 2010

The Host - Bong Joon-Ho - 2006

Oui, d'accord, c'est un film de monstres. Mais pour votre gouverne, c'est aussi un film coréen (souvent gage de qualité, voir The Chaser, ou le défilé de présentation du fils de Kim Jong Il), ainsi qu'un très beau portrait de famille et de société. En effet, il n'y a pas de mauvais concept, il y a de mauvais traitements (on l'a déjà dit au sujet du cancéreux de la Remington pour Le bruit des glaçons). On est très loin du Godzilla de Roland Emmerich et la Corée du Sud nous rappelle que l'on peut faire de très bons kaijū eiga (film de monstres en japonais) comme les King Kong (1933 et 2005).

The Host c'est avant tout l'histoire d'une famille désunie, les Park. Le patriarche et son fils aîné, Gang-Du, tiennent un petit snack au bord de la rivière Han. Gang-Du a une petite fille, Hyun-Seo, qui ne prend pas son père très au sérieux et elle a bien raison. Gang-Du s'avère être une sacrée tib : il mange les pattes des poulpes de ses clients, dort sur son pour-boire et incite sa fille d'environ 11 ans à boire de la bière. Mais chez les Park, il y en a qui gagnent, ou presque. L'archer Nam-Joo, la benjamine, représente la Corée aux J.O alors que le cadet, Nam-il, est un jeune diplômé au chômage qui a passé plus de temps chez les activistes (militant contre le président Kim Young-Sam) qu'aux cours magistraux. Un jour, grâce au génie des militaires américains (toujours actifs en Corée) des tas de produits zarbis sont déversés dans la Han. Quelques temps après, un monstre fait son apparition et attaque les promeneurs des rives du fleuve. Il attaque les gens et en mange quelques uns puis décide de prendre son dessert à emporter, la petite Hyun-Seo, sous les yeux hébétés de son père qui pensait la tenir par la main dans sa fuite mais qui a sauvé une autre jeune fille en uniforme. Damn Tib ! Une fois la situation exposée, il ne reste plus qu'à la famille à faire le deuil de la petite : sauf que celle-ci arrive à passer un coup de fil depuis les égouts où la bête l'a déposée pour la roucher plus tard. Commence une lutte contre le temps et contre les autorités sanitaires ; la famille,
maintenant plus qu'unie, se heurte à l'hystérie collective d'un probable virus diffusé par la bête et à l'armée qui entend gérer le problème à grands renforts d'agents bactériologiques.

Vous l'avez remarqué plus haut, Bong Joon-ho façonne le portrait d'une Corée complètement dépendante et sous le joug de l'armée américaine. Celle-ci se comporte avec les autochtones comme elle le fait en Irak (par exemple) et se croit souveraine. Les Park illustrent les paradoxes de la société Coréenne, les difficultés d'insertion des jeunes diplômés, une puissance mondiale qui peine à se faire remarquer sur la scène internationale. Mais surtout là où le film surprend c'est qu'il a même un fond écolo! Oui Oui ! Là ou les premiers Godzilla dénonçaient les effets secondaires des bombardements de l'été 1945 ; là où le Godzilla made in U.S dénonçait la reprise des essais nucléaires par Jacques Chirac ; The Host rappelle au maire de Seoul ses promesses de campagne : "qu'à la fin de son mandat, il sera le premier à se baigner dans la Han". A première vue, les auteurs de
kaijū eiga ont une dent contre Chirac. Les cinéastes Français devrait se réveiller un peu.

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