4 novembre 2010

Bad Guy - Kim Ki-Duk - 2002

Alors Bad Guy, c'est l'histoire d'un Chinois qui a pas trop la cotte avec les meufs alors il leur vole des bisous dans la rue.
Accessoirement, il est aussi maquereau à ses heures perdues (non, il ne fait pas le poisson volant dans la parade du nouvel an, c'est bien le mac, le pimp, le P.I.M.P) et Coréen (mais dire chinois c'était quand même plus drôle) (espèce de Michel Leeb ! Je vais manifester avec tous les Chinois devant chez toi, comme pour Guerlain). Alors qu'une jeune fille l'humilie en public parce qu'il l'a contrainte à une pelle forcée (devant son boyfriend à lunettes plutôt tibenberne), monsieur, proxénète aguerri,  veut la revoir et ne sais pas faire autrement que de lui tendre un piège (un peu grossier et facile, peut-être, mais en tout cas utile au bon déroulement du scénario). En tombant dans ce piège, la jeune fille se voit contrainte à la prostiputition.

De fil en aiguille, on se sait pas réellement par quelle magie (celle du cinéma ?) ou par quel ressort psychologique (le syndrome de Stockholm ?) se tisse un lien fort entre Sun-Hwa (elle) et Han-Gi (lui). Lui tombe éperdument amoureux (sans doute depuis le premier jour), l'épie derrière un miroir sans teint protecteur (et déculpabilisant ?) installé dans sa chambre, elle refuse d'abord sa condition puis se résigne, s'adoucit. Même s'ils n'ont que très peu de contacts et qu'elle n'a aucune raison de lui renvoyer cet amour, le silence très significatif de cet homme quasi muet, la mise en scène léchée et les ressorts romantiques du miroir sans teint réussissent à emporter le spectateur dans un doux voyage, en suspension au-dessus d'un milieu peu ragoûtant.

Le film démarre sur un gros plan de la bouche d'Han-Gi mangeant, fumant. Voilà à quoi va servir sa bouche durant les 2 prochaines heures de film. C'est lui qui donne toute sa force au film. Les dialogues n'existent plus là où les autres parlent, inventent des excuses, Han-Gi observe et agit. Kim Ki-Duk parvient parfaitement à extraire toute la puissance poétique de son Mac Muet (le nouveau Burger des McDo' de Séoul... Elle est bonne hein?!). Han-Gi est donc condamné à agir pour se faire comprendre, pour s'exprimer et en bon Bad guy, il n'agit pas comme il faut. Toujours à cran comme l'exige la loi du trottoir. Han-Gi ne connait que celle-ci et c'est elle qui l'a fait. De ce parfait sociopathe, Ki-Duk nous plonge dans ce monde glauque et âpre avec une grande maitrise et toute la justesse que cela demande, la poésie en plus (ne cherchez pas les nains de jardins qui parlent, ce n'est pas du Jeunet ni du Disney). Seule ombre au tableau, les raisons psychologiques de Sun-Hwa sont un peu plus elliptiques et filent une écharde dans le pied du récit de cette improbable idylle.

En conclusion, 15 minutes de plus pour prendre le temps de comprendre Sun-Hwa et une photo un peu plus poussée auraient fait de Bad Guy un parfait Tibolux. En tout cas on reconnaitra l'originalité et l'audace du réalisateur de traiter à fond ce sujet qui aurait fini en Pretty Woman si nous avions été à Hollywood, que dire si c'était dans l'hexagone (Marina Foïs en pute sexy et Guillaume Cagette en macro ?... Cagette à maquereaux HAHAHAHAAHAHA... encore un moment de solitude, hein? ). En tout cas sur ce blog on affirme une vérité (évidente... oui on ne prend pas de risques de peur de se faire cambrioler nos disques durs), la Corée du Sud sait faire de vrais films, avec la force et le traitement qu'il faut ( Old Boy, Friend, The chaser, Président last bang...), là où le Saint-Bois de L.A se pose la question existentielle du "est-ce que ça va être un film tout public ?". Bad Guy pour les 7 à 77 ans... cherchez l'erreur.

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