Après La Mouche, A History of violence et les Promesses de l'ombre (pour ne citer que les plus connus), on pensait avoir une idée claire de l'univers de Cronenberg et de la qualité de ses films. Sauf que comme tout humain qui se respecte, personne n'est jamais tout blanc, ou tout noir, ou toujours le même, et un beau jour, on se réveille en se disant, tiens, si je changeais de registre pour voir ! C'est ce même sentiment qui vous a un jour poussé(e) à acheter une paire de Doc Marteens alors que vous avez toujours porté des AirMax (ou l'inverse) et à vous en mordre les doigts une fois dans la cour de récré.
Si on retrouve certains ingrédients récurrents des recettes à la Cronenberg (photo léchée, mise en scène maîtrisée, efficace et casting au poil, sans oublier la présence de Viggo Mortensen, petit chouchou du réalisateur, et pour cause !) le scénario est pour une fois un peu plus linéaire, classique, j'irai même jusqu'à dire plan-plan, voilà, c'est lâché.
A Dangerous Method traite des relations houleuses entre Sigmund Freud et son "disciple" Karl Jung, à l'époque où la psychanalyse européenne n'en est encore qu'à ses balbutiements. Chacun conçoit le monde et les névroses humaines selon des filtres différents et la confrontation de leurs personnalités fait des étincelles. L'opposition Freud-Jung est abordée en filigrane ou en parallèle à la relation amoureuse et adultérine qu'entretient le probe Jung avec sa patiente Sabina Spielrein, violentée par son papa et jouée par Keira Knightley. Une fois les crises passées et la thérapie entamée, Keira se décrispe, arrête de singer le Gollum du Seigneur des Anneaux et finit par faire chavirer le cœur protestant de son thérapeute. Du coup sa femme est vénère et lui fait ses yeux de Chat Potté.
Tout ça pour dire que malgré un thème vraiment intéressant, des personnages plutôt grandioses, des robes romantiques et faciles à porter qui donnent envie de retourner 100 ans en arrière, quitte à mourir de la tuberculose et des acteurs renversants (à nouveau Michael Fassbender, méconnaissable, qui a décidément le vent en poupe et Cassel qui apparaît sous les traits peu flatteurs d'Otto Gross), bein j'ai franchement pas été emballée. Ça arrive. C'est dommage.