22 décembre 2011

A dangerous method - David Cronenberg - 2011


Après La Mouche, A History of violence et les Promesses de l'ombre (pour ne citer que les plus connus), on pensait avoir une idée claire de l'univers de Cronenberg et de la qualité de ses films. Sauf que comme tout humain qui se respecte, personne n'est jamais tout blanc, ou tout noir, ou toujours le même, et un beau jour, on se réveille en se disant, tiens, si je changeais de registre pour voir ! C'est ce même sentiment qui vous a un jour poussé(e) à acheter une paire de Doc Marteens alors que vous avez toujours porté des AirMax (ou l'inverse) et à vous en mordre les doigts une fois dans la cour de récré.

Si on retrouve certains ingrédients récurrents des recettes à la Cronenberg (photo léchée, mise en scène maîtrisée, efficace et casting au poil, sans oublier la présence de Viggo Mortensen, petit chouchou du réalisateur, et pour cause !) le scénario est pour une fois un peu plus linéaire, classique, j'irai même jusqu'à dire plan-plan, voilà, c'est lâché.
A Dangerous Method traite des relations houleuses entre Sigmund Freud et son "disciple" Karl Jung, à l'époque où la psychanalyse européenne n'en est encore qu'à ses balbutiements. Chacun conçoit le monde et les névroses humaines selon des filtres différents et la confrontation de leurs personnalités fait des étincelles. L'opposition Freud-Jung est abordée en filigrane ou en parallèle à la relation amoureuse et adultérine qu'entretient le probe Jung avec sa patiente Sabina Spielrein, violentée par son papa et jouée par Keira Knightley. Une fois les crises passées et la thérapie entamée, Keira se décrispe, arrête de singer le Gollum du Seigneur des Anneaux et finit par faire chavirer le cœur protestant de son thérapeute. Du coup sa femme est vénère et lui fait ses yeux de Chat Potté.

Tout ça pour dire que malgré un thème vraiment intéressant, des personnages plutôt grandioses, des robes romantiques et faciles à porter qui donnent envie de retourner 100 ans en arrière, quitte à mourir de la tuberculose et des acteurs renversants (à nouveau Michael Fassbender, méconnaissable, qui a décidément le vent en poupe et Cassel qui apparaît sous les traits peu flatteurs d'Otto Gross), bein j'ai franchement pas été emballée. Ça arrive. C'est dommage.

19 décembre 2011

Carnage - Roman Polanski - 2011

Comme vous l'avez sans doute déjà entendu à la télé (celle qui nous sert sa bouillie de chat), le dernier film de Roman Polanski adapte sur grand-écran la pièce de Yasmina Reza Le dieu du carnage. Tourné dans un appartement très new-yorkais, Carnage est en réalité un enfant de Bry-sur-Marne et ses studios. On pourra donc déjà saluer la prouesse du chef décorateur Dean Tavoularis (Apocalypse Now, Le Parrain, Bonnie & Clyde) pour son fond vert aux fenêtres (tenu par des stagiaires de 3e du collège Ricky Martin) et pour cette ambiance si arty/bobo/newyorkais qu'est l'appartement de Michael et Pénélope Longstreet.

Entre la cuisine, le bureau, la salle de bain et le palier, mais surtout dans le salon des Longstreet, Carnage est un huis-clos pas étouffant pour un sous entre quatre adultes propres sur eux. Pas étouffant et même balayé par une brise très fraîche pour tout vous dire, puisque très rythmé grâce à une mise en scène vive et proche du théâtre, où il faut bien occuper la scène pour pas endormir ses spectateurs.

Non seulement le film aborde une situation que l'on a tous, de près ou de loin, déjà vécue, mais en plus elle est interprétée par quatre EXCELLENTS comédiens, portés par un scénario aux petits oignons. Ou comment envoyer valser les convenances, la bienséance et la retenue que nous impose la vie en société, dès que l'humain est piqué au vif par des attaques personnelles ou réagit de manière épidermique face à la mauvaise foi, la cruauté, l'injustice, la certitude d'être dans son bon droit et j'en passe...

Jodie Foster joue donc la pimbêche frigide, tragédienne et faussement humaniste, qui intellectualise et amplifie tout, première avocate de la résolution des problèmes par le dialogue. Son mari un brin castré et pendu au téléphone avec sa mère est incarné par John C. Reilly (avec sa tête d'Ecossais et ses cheveux de mouton).
Dans l'autre coin du ring, Nancy et Alan Cowen interprétés par la délicieuse Kate Winslet, type bourgeoise guindée et vite piquée au vif et son tendre époux Christopher Waltz qui n'en a rien à battre de cette rencontre au sommet. Pendu à son portable pour régler un problème d'ordre professionnel, ses coups de fil créent des pauses et ajoutent ainsi au rythme du film puisque les adultes polis attendent la fin de sa conversation pour reprendre la leur et l'y impliquer.

A mesure qu'avance le film, la déchéance physique des personnages et la disparition progressive des convenances permet d'autant plus l’identification du spectateur et sa participation au pugilat. Les alliances se font et se défont et reforment de nouveaux couples tout le long du film, au fil de règlement de comptes personnels divers et variés.

Un vrai régal quoi.



15 décembre 2011

Shame - Steve McQueen - 2011

L'acteur américain Steve McQueen est mort en 1980. Il s'est réincarné en réalisateur noir et dodu. Bon. Steve McQueen 2.0 fait un film et prend pour acteur principal Michael Fassbender, la réincarnation de Rainer Werner Fassbinder, le réalisateur allemand mort en 1982. Si les deux étaient morts plus tôt, on aurait presque pu y croire...
 
Trêve de plaisanterie, alors il est comment ce Shame ?
Bah il part d'une bonne idée mais il m'a laissée comme un petit goût d'inachevé et comme des fourmis au cul. Si à ça on ajoute la dame malade qui se raclait 3 kg de mucus toutes les 3 minutes deux rangs devant, ça fait long la séance...

Brandon Sullivan vit à New York, il mate des vidéos pornos au petit-déjeuner comme au travail, invite des putes chez lui, multiplie les conquêtes et les regards lubriques dans le métro. Sa queue, c'est son GPS, quoi.
Brandon Sullivan a des petits airs de Patrick Bateman (le héros d'American Pshycho) la boucherie en moins : beau gosse irrésistible, un peu maniaque, imberbe et sportif, il bosse en costard cintré dans une grosse boite et sort boire des verres et rencontrer ses coups d'un soir. Bon. Mais encore ?
Brandon Sullivan est accro au sexe comme on peut l'être au jeu ou à l'alcool. Si l'addiction semble peu perturber sa vie, cette dernière a tout de même comme un petit goût merdique. Il vit seul, bouffe des restes de chinois (la cuisine, pas la personne), subit sa sœur (Carey Mulligan) pot de colle et paumée avec qui il a une relation un peu tendancieuse, se fait mettre à l'amende par son boss et perd sa trique devant une femme dont il pourrait tomber amoureux (la jolie fille de la photo, là).
Ce beau film à l'image léchée est plutôt agréable à regarder, il est centré sur l'humain et la difficulté d'assumer ses pulsions, mais bon... ça reste malheureusement un peu chiant quoi.

7 décembre 2011

Les Adoptés - Mélanie Laurent - 2011

La veille du jour où j'ai vu ce film j'étais en soirée mondaine dans la capitale et une poignée de personnes me soutenaient, à coup de yeux rouleurs, que Mélanie Laurent, dans la vie, elle a tendance à se prendre pour une princesse. Bah j'ai presque failli les croire en voyant le premier tiers des Adoptés. Dès le début, j'ai senti comme une vieille odeur de "La guerre est déclarée", dans le genre film bien pensant où la vie de bobo c'est trop cool et où on profite de l'exposition pour balancer toutes ses références culturelles et montrer combien on est cool et cultivé dans des ambiances intimistes.

Et puis peu à peu, on se laisse finalement glisser dans une histoire d'amour, toute fraiche et simple et intelligente et heureuse, du genre de celles dont on aimerait être les héros (mais tout le monde sait que dans la vraie vie c'est pas possible, parce que y a toujours une vieille histoire de vaisselle ou de couche moisie qui ressurgit). Denis Ménochet (Monsieur LaPadite, le papa de Mélanie dans Inglorious Basterds) est charmant et Marie Denarnaud, à croquer.
Au même moment, on commence aussi à se dire qu'une réelle prise de position artistique s'installe : des clairs obscurs élaborent une ambiance de peinture flamande, les plans sont pensés et esthétiques, l'univers est globalement beau et travaillé. Putain, ça change ! Enfin une réalisatrice qui n'oublie pas qu'elle fait du cinéma.

Du coup les deux autres tiers du films passent comme des lettres à la poste, l'amour tourne au drame total et on surprendra quelques spectateurs à s'essuyer les joues en se relevant. Le morceau du générique est hypnotique et signé Syd Matters. Si on mélange tout ça, on reste un peu collé à son siège une fois le film terminé, la boule à la gorge, en se disant que c'est plutôt une réussite, bah oui.

Big up au petit garçon, qui joue comme un pied, heu non comme un... enfant (regards éperdus à maman à côté de la caméra), mais quand même des fois il s'en sort pas si mal.

Et comme disait justement ma copine de séance : "Quand même entre traiter l'adoption et le coma, faudrait choisir..."

Cordialement

5 décembre 2011

Les Lyonnais - Olivier Marchal - 2011

Voici un film sur des bandits qui braquent soit des Crédit Lyonnais, soit des Bouchons lyonnais. Nan, c'est pas vrai.
C'est plutôt l'histoire d'une véritable équipe de bandits, Le gang des Lyonnais, ayant vidé quelques coffres de banques dans les années 70 et qui foutait grave les boules à la police, qui arrivait jamais à les pincer.

Le héros de l'histoire c'est Edmond Vidal (magistralement interprété par Gérard Lanvin), un beau gitan sexagénaire poivre et sel (nan, disons poivre et neige, la coiffeuse ayant un poil abusé sur la mèche blanche) avec un bouc taillé au cordeau, tout plein d'intégrité, de valeurs familiales, de respect de la parole donnée, un mec sévèrement burné, quoi.

Le film fait des allers-retours entre sa vie actuelle de retraité du crime vivant dans une villa de nabab et sa jeunesse, où il rencontre Serge Suttel (Tchéky Karyo) et avec lequel il va "tomber", pour une blagouse avec un cageot de cerises. On y voit les deux compères et leur clan gravir peu à peu les échelons du crime local et kiffer la vie de rêve dans leur roulotte. Le problème, c'est que Suttel part en cavale au moment où les autres tombent et qu'il refait surface 20 ans après. Mais il se fait choper (rho le con) et son clan va devoir arrêter de danser le flamenco de la talonnette pour le faire sortir de taule et bon, grosso modo, ça fout un peu le bordel.

Ceux qui aiment les films de gangsters seront donc servis, et ceux qui n'aiment pas trop ça, aussi. Pour ma part, j'ai détesté la fille qui arrêtait pas de fouiller dans son sac derrière moi avec ses boucles d'oreilles musicales, mais sinon j'ai plutôt apprécié le film (j'ai pas regardé la montre).

Le récit est centré sur les deux hommes et l'évolution de leur relation, y a pas ou peu de courses poursuites et des affrontements qui ne prennent pas trois plombes. Le film m'a paru bien rythmé, bien équilibré, insistant sur le côté humain, relationnel des personnages (trahison, force des liens familiaux ou d'amitié et difficulté à les garder en tête quand on évolue dans le grand banditisme ou qu'on tente de raccrocher).

En plus Marchal brosse un portrait qui sonne (putain, un portrait qui sonne, la double métaphore, n'importe quoi !!) plutôt juste de "La belle époque du banditisme", tendance c'était mieux avant parce qu'on avait des valeurs, une seule parole, les flics payaient des entrecôtes aux bandits, c'était la bonne époque quoi ! Les gitans y portaient des pattes d'eph et des moustaches de papa portugais (cf photo).

26 novembre 2011

In time (Time out) - Andrew Niccol - 2011

Commençons par le commencement : c'est pas trop absurde d'adapter le titre original In time en Time out ? Si on considère que les Français manient moyennement l'anglais et n'aiment pas spécialement la VO, dans tous les cas ils ne voient pas la différence. D'un point de vue linguistique, c'est vrai que Time out colle mieux à l'idée du scénario, mais de quel droit on change les titres ? Dans ce cas là renommons Les petits mouchoirs en Les bobos à la plage et 127 heures en Éboulis mortels.

Sinon pour ce qui est du film, bah, on a eu ce qu'on attendait.
Sur le papier, Andrew Niccol est le scénariste du Truman show et réalisateur de Bienvenue à Gattaca, autant dire que c'est plutôt la classe quoi. Bien que la bande-annonce ne sente d'emblée pas le chef-d’œuvre, le postulat de base d'une nouvelle uchronie était alléchant :
Dans un monde ultra-libéral ou l'argent est en fait du temps de vie, les riches vivent retranchés de peur qu'on ne les braque (il suffit de se serrer la pince pour voir ses secondes transférées au mec d'en face). On arrête de vieillir à l'âge de 25 ans, majorité à partir de laquelle on peut commencer à échanger, gagner, dépenser son temps et après laquelle il ne reste théoriquement plus qu'une année en stock (enfin surtout pour les pauvres). Chacun porte un compteur phosphorescent sur le bras, ça brille dans la nuit, un peu comme ce portable si utile quand tu as besoin de faire pipi dans la forêt, tiens d'ailleurs le portable n'existe pas dans ce monde.

Comme souvent dans les films du genre, l'époque est difficilement identifiable, ici légèrement rétro (voitures, téléphones et méchantes brutes entre T-Birds de Grease et Sharks de West Side Story), mais moderne dans les vêtements, la conception et la gestion planétaire de la nouvelle richesse, le temps (évolution et transferts à l'échelle mondiale), pas du tout futuriste, mi-figue mi-raisin quoi, Niccol n'a pas voulu se mouiller. Ou peut-être qu'il n'a pas eu le budget, toute les subventions étant passées dans la luxueuse villa des Weis et du coup y avait plus que 12 dollars pour le reste des décors...
Dans le 'ghetto', la population vit au jour le jour, soumise à un travail aliénant, grosses usines et uniformes rappelant très vaguement d'autres grands frères plus ambitieux (Soleil vert ou l'indétrônable Brazil).

L'avantage de mettre au scénario qu'on arrête de vieillir à 25 ans (mais pourquoi ??), c'est aussi de pouvoir se goinfrer avec toutes les nouvelles têtes à la mode. Justin Timberlake porte un rôle qui lui va bien et qu'il joue correctement, on aurait alors pu s'attendre à voir son complice de Disney Ryan Gosling qui a tellement le vent en poupe en ce moment, mais non, on y verra plutôt Vincent Kartheiser et son insupportable petite bouche rubiconde et humide, à l'identique de son rôle de Prout Campbell dans Mad Men, ou le Robert Fischer d'Inception, alias Cillian Murphy. Y a aussi une fille avec des yeux globuleux, Amanda Seyfried (blop, blop, bulle).

Et sinon dans le fond ? Dans le fond, ce film américain hautement socialiste (oui, c'est possible !) fait l'apologie de la redistribution des richesses et de la mixité sociale, les capitalistes manquent d'humanité et rien de mieux que de sortir avec une racaille pour comprendre c'est quoi la vie en vrai : tout est question de choix, ne pas profiter de son temps de peur de risquer sa vie ou courir follement après pour voir un nouveau jour, même pourri, se lever sur son ghetto.


C'est donc l'amour et l'humain qui gagnent dans ce film plein de bons sentiments. Houuu aux chiottes les méchants capitalistes. On s'est pas fait chier parce que le concept est intéressant, mais c'était tout juste (parce que les prises de position sont un poil molles) !

P.S. : merci au réalisateur de ne pas avoir fait tomber la fille lors des courses poursuites, ça change. Quelles cruches ces filles.

21 novembre 2011

L'ordre et la morale - Mathieu Kassovitz - 2011

Attention, boule puante !

Dans "Ce soir ou jamais", Mathieu Kassovitz était venu il y a quelques semaines défendre bec et ongles son film, face aux protagonistes (cette fois en chair et en os) de L'ordre et la morale et aux côtés de Philippe Legorjus, commandant du GIGN, qu'il incarne à l'écran.

La mauvaise foi des puissants papis d'une autre ère y était déjà flagrante (au final, Chirac qui feint la démence pour échapper à son procès le prouve tout aussi bien) et le peu de temps dont disposaient Kassovitz et Legorjus pour se défendre engendre un peu de frustration. Bref, toujours est-il qu'on n'est jamais si bien renseigné que par soi-même et que voir le film, ça aide à se faire une idée (hein, monsieur Pons ?).

Les faits : en 1988, un groupe d'indépendantistes Kanaks décide d'investir pacifiquement une gendarmerie. Après la mort de quatre gendarmes, les indépendantistes sont contraints de conduire les otages dans une grotte. De son côté, la France vit l'entre deux tours de l'élection présidentielle opposant le président Mitterrand à son premier ministre de cohabitation Jaques Chirac.


Plus de 20 ans après la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, Mathieu Kassovitz aborde ce sujet à contrepied de la version officielle. Que l'on prenne cette version pour parole d'évangile, tout simplement parce qu'elle est très crédible, ou que l'on craigne un parti-pris aveuglé par l'antigouvernementalisme notoire du réalisateur, finalement peu importe.
Dans tous les cas, le film est déjà une réussite visuelle grâce à une mise en scène forte et intelligente. Les scènes de l'introduction et du récit de la prise d'otages sont d'une efficacité et d'une puissance redoutables. Kassovitz n'y met pas de chichi, juste des bonnes idées, au service de la narration et de l'émotion.
L'ordre et la morale constitue en soi une preuve flagrante que le cinéma français (l'autre, celui dont on nous abreuve le reste de l'année) manque de souffle, d'inspiration et d'ambition. J'ai longtemps rechigné à chier sur le cinéma hexagonal, mais là je dois avouer que la différence est flagrante. C'est un peu comme bouffer du Mcdo pendant des années et finir par se faire un burger maison : c'est une révélation.

Vient ensuite la partie "ces gens qui nous gouvernent, quelle belle bande d'enculés" à laquelle j'adhère totalement. Et c'est cette prise de position qui donne tout son souffle au film, qui le rend tellement humain.
Du début à la fin, Kassovitz-Legorjus n'aura de cesse d’œuvrer pour une solution pacifique. Chargé de négocier la libération des otages et d'éviter le bain de sang, Legorjus se heurte à l'aveuglement des politiques qui veulent sauver leur peau dans l'élection présidentielle et à l'entêtement des militaires qui ne se sont pas engagés pour fraterniser... La volonté naturelle de préserver la vie est broyée par la grosse machine politique. Ça foutrait presque la gerbe si ce n'était pas déjà notre quotidien.
Au XXe siècle, l'humanisme n'est plus aux commandes. Seul compte le pouvoir. Au détriment du reste, de l'Homme, de la paix et grâce à l'appui de la violence.

Le seul petit bémol, ce sont des rôles parfois un peu mal joués à mon goût et des scène d'engueulades souvent poussives...

Bref, courrez vite au cinéma.

1 avril 2011

The Fighter - David O. Russell - 2011

Bienvenue dans l'Amérique dite profonde, celle des rednecks qui ne jurent que par le lien familial, la bière et les concours de pets. La famille Eklund/Ward est composée de la mère, Alice, une Carmela Soprano dégénérée avec les thunes en moins, sept sœurs 'très distinguées' (savant mélange de Roseline Groseille et de la femme à barbe) et de deux frères : Micky et Dicky. Oui, c'est un peu la famille de Cleytus dans les Simpson.
Dicky (Christian Bale, qui doit pas peser plus lourd que Kate Moss mouillée sortant d'un brunch à la saucisse, toujours parfait) s'est assis sur son passé de boxeur pro et entraine son frérot à marcher dans ses pas. Maman tient les comptes et organise les combats, papa coache, les sœurs font les groupies et Micky (Mark Wahlberg) fait ce qu'il peut pour rendre tout ce petit monde aussi fier de lui qu'ils le sont de Dicky, seule réussite de la famille.
En clair, le véritable auteur du film n'est pas son réalisateur mais son producteur, Mark Wahlberg. Il fut l'idole des pucelles dans les 90's en ayant suivi son grand frère Donnie dans l'aventure NKOTB, un des premiers boys bands de l'époque. Comme Miky Ward avec sa famille, Marky Mark a longtemps cherché à contenter une bande d'amateurs qui s'improvisaient imprésarios (nous aussi on en connait beaucoup) et finissait parfois par faire n'importe quoi (comme cette photo). Mark Wahlberg, le producteur, nous a déjà conté dans la très bonne série Entourage les déboires d'un jeune comédien qui veut réussir à Hollywood malgré un "entourage" de clampins.
Peut être trop occupé à canaliser sa famille, Walberg galère pour faire The Fighter et bien qu'il ait trouvé le Dicky idéal avec Bale, il parie sur le mauvais canasson en choisissant Russel derrière la caméra. Peut-être là par pur opportunisme (ne soyez pas naïfs, quand les frères Weinstein, producteurs et distributeurs du film, vous offrent un film comme ça, on parle Oscar avant la signature du contrat), Russel semble dépassé à tous les niveaux. Le premier tiers du film semble présenter Dicky (Bale) comme le personnage principal puis se recentre vers Micky pour encore une fois se faire voler la vedette par Dicky jusqu'à ce qu'il reprenne son titre de lead character jusqu'au gong final. Autant dire que le scénario s'éparpille. Un peu à l'image de ce boxeur qui a besoin de son frère pour être un champion, Russel se planterait sans ses acteurs, surtout les seconds rôles. L'histoire est poignante, Christian Bale et Amy Adams sont excellents, Walberg ni nul ni bon... bien au contraire (sic), et le bon choix de Russel (si c'est le sien) de foutre des pures têtes de cul dans le film n'est certes pas nouveau à Hollywood mais fonctionne plutôt bien.

Pour ce qui est des combats de boxe, on sent que rien n'est travaillé, la technique comme la chorégraphie, des entrainements aux combats filmés à la vidéo, pour faire TV mais pas plus. C'est con d'avoir une idée et de ne pas aller jusqu'au bout. Ces mêmes combats ressemblent plus à des échanges de claques dignes d'une barbichette qu'au monumental Raging Bull de Scorsese.

C'est pourtant sur les traces du duo DeNiro-Scorsese (dans Raging Bull surtout) que Marky veut marcher mais sans inspiration derrière la caméra, il n'y a que les acteurs pour sauver le film. Le principal écueil du film de David O. Russel est que Micky Ward aurait pu être boulanger, cela n'aurait rien changé à l'histoire. Dans Raging Bull, Jack La Motta est clairement fait pour être boxeur et malheureusement peut-être que pour cela. Sa rage naturelle, qui lui vaut son surnom, détruit sa vie. La boxe a donc une influence sur le personnage, et la présence de combats est logique, d'où l'intérêt pour Scorsese d'en faire de grands moments de grâce. Là se situe la beauté de son personnage.  Pour The Fighter, le titre du film ne se justifie que par le statut  professionnel et non le tempérament de Micky Ward. Il est boxeur... ok. Il a des problèmes avec sa famille mais les autres les règlent à sa place : Charlène pour qu'il s'entraine ailleurs, Dicky pour réconcilier Charlène avec Micky. Ce Micky n'agit pas, il subit au lieu d'encaisser (pourtant le  talent de Micky le Boxeur), ce qui est une différence, être boxeur ne lui sert à rien dans le film, pas étonnant que le réal ne propose pas grand chose d'intéressant avec ses combats de boxe.

Essayez d'imaginer Micky Ward bûcheron, le film s'appellerait peut être The Lumberjack, mais l'histoire serait exactement la même, c'est bien pour l'universalité, mais ça reste fade au palais.

29 mars 2011

True grit - Ethan & Joel Coen - 2011

Chalut l'ami ! Chi t'aimes les weshterns avec des mecs qu'ont les qui chuinte, bah tu vas kiffer True grit ! Yep (rrriicckk pflu).
Alors si j'ai bien compris, True grit c'est l'histoire d'une adolescente qui part à la recherche de l'assassin de son père. Elle s'adresse au chasseur de prime le plus réputé du comté (et qui a le plus de cran), Rooster Cogburn, alcolo et rustre notoire. Parallèlement, Matt Damon le Texas Ranger (qui chuinte aussi) traque le dit assassin pour des faits pas très reluisants dans la contrée de Chuck "Walker" Norris.
La question qui me trucule, c'est surtout pourquoi les mecs chuintent-ils ? Question de chicots pourris et donc manquants ? Parce que c'était la coutume américaine à l'époque ? Parce que quand les gosses étaient petits, papa Cohen racontait des histoires de chercheurs d'or avec cet accent ? Sinon peut-être qu'à l'Actor Studio, c'est comme ça qu'on dit qu'il faut jouer... (jouer quoi ?) Mystère et boule de branches passant dans le désert... D'ailleurs je comprends pas non plus pourquoi Isabelle Mergaut n'apparaît pas dans les crédits... Elle aurait fait une excellente tenancière de bordel. (Et sinon le film ?...)
 
A part ça, je me suis quand-même moins ennuyée que devant un western spaghetti normal (oui en effet ce n'est pas un western spaghetti du tout), mais je me suis tout de même un petit peu fait chier : les rebondissements sont assez prévisibles (si moi je les ai vus venir, alors vous imaginez bien le degré de prévisibilité !!) et puis c'est quand-même bourré de bons sentiments, la petite fille pugnace et pleine d'idéaux (lesquels ?) qui va faire fondre le cœur du vieux briscard désabusé... Waouh, c'est du jamais vu.

Ma partenaire a visiblement dormit par intermittence tant son discours sent bon le nawak. Oui, True Grit est jonché de bons sentiments mais l'originalité (si on peut dire ça d'une adaptation) c'est que la gamine n'a qu'un "idéal" voir l'assassin de son père 6 pieds sous terre ; que cette même gamine est drôlement couillue pour son âge et qu'elle est super crédible ; enfin son rapport avec Rooster est tout sauf évident tant ils ne font que se tester tout le long du film (d'où le titre aussi). Si les bons sentiments et les histoires prévisibles faisaient de mauvais films, nous devrions jeter aux ordures des films comme Le Parain, Casablanca, Lawrence d'Arabie, La nuit nous appartient etc. Les frères Cohen conjuguent parfaitement leur univers de personnages foireux avec l'Amérique post-sécession du roman. Les codes du western sont complètement revus à commencer par les duels, ici absents. Comme pour The barber et son lien au film noir, True Grit est un western qui ne dit pas son nom.

Moi qui ne suis pas plus fan de western que de comédie romantique avec Jennifer Aniston ou Judd Law, je prends mon pied. True Grit est une histoire honnête, sans prétention, brillamment réalisée, les plans sont magnifiques sans être m'as-tu-vu, les comédiens impec, un film qui glisse tous seul quoi ! Un film qui mérite 3 étoiles ***, quand on voit tous ces films qui ne s'assument pas (Black Swan) et qui ne tiennent jamais leur promesse (The King's Speech), on se rassure et apprécie à leur juste valeur des films comme True Grit. Bon moi je vais me mater The Last Boy Scout, bonne soirée.

27 mars 2011

127 heures - Danny Boyle - 2011

Moi, voir un film sur un mec qui s'auto-mutile ? Alors ça, zamais ! Déjà que j'ai gravement souffert pour les ongles de Nathalie Portman dans Black Swan, que j'ai refusé d'aller voir Burried par peur de la suffocation, là c'était juste pas possible.
Bon bah finalement j'ai accepté, parce que c'était la pénurie de films cette semaine là et parce qu'au final, l'histoire de ce mec, Aron Ralston, m'avait toujours fascinée au plus haut point.
Le postulat de départ est simple : on a un mec, seul, entre deux parois rocheuses, pendant plusieurs jours (127 heures, faites le compte vous-même, j'ai fais un bac L). Comment faire un film là-dessus ? Ou plutôt comment réussir un film là-dessus ?
Ça faisait bien longtemps qu'un film aussi simple, frais et vrai ne m'avait autant enthousiasmée, à tel point que je pourrais presque retourner le voir quelques jours après l'avoir digéré. Ce qui fait de ce film un si bon film tient je pense d'une part à la prouesse technique de tenir le spectateur éveillé sur un scénario si "mince" et d'autre part (mais qui au final nourrit la première) à la performance ou disons plutôt à l'apparente facilité et fraicheur de James Franco.
Pas une goutte de pathos (sauf peut-être l'espèce de vision gnan-gnan blonde de la fin... dans laquelle on se laisse prendre volontiers, vu l'heure et demie que l'on vient de passer), une pointe d'humour, une BO au poil, un rythme parfaitement maîtrisé et des trésors d'idées pour faire passer la pilule d'un mec au fond du gouffre. Le film surprend déjà sur ce postulat, tout le monde s'attend à 1h30 de boucherie et de douleur et au final on ne comptera que 5 minutes d'automutilation. Au lieu de ça on se retrouve face à l'introspection d'un mec qui à "le mental". Chose évidente quand on y pense, toujours est-il qu'il faut savoir le faire et le duo de scénaristes Boyle-Beaufoy réussit dans la simplicité la plus évidente en prenant un parti simple : se dire que quand tu fais une connerie, tu reviens en arrière et penses à tes conneries. Ajoutez à cela des oppositions foule/désert, nature belle/cruelle, individualisme/solidarité... vous obtenez le plus surprenant des feel-good movie (genre généralement prévisible et cul-cul au possible).
Et James Franco, JAMES FRANCO !!! Les oscars ne se sont vraiment pas trompés en le faisant figurer dans la liste des nominés de 2011. Voilà pour 127 heures.

19 février 2011

Black Swan - Daren Aronofsky - 2010

"La sortie du film Black Swan ce mercredi 9 février est incontestablement l'un des événements cinématographiques de cette saison. Après The Wrestler en 2008, salué par la critique, Darren Aronofsky s’attaque cette fois au monde de la danse. Le réalisateur de Requiem for a Dream signe un film fidèle à son style unique et audacieux qui sublime une Nathalie Portman au sommet de son art. Chargé en effets spéciaux plus stupéfiants les uns des autres, Black Swan repose sur un scénario plutôt simple, l’histoire d’une danseuse étoile schizophrène (Nina), sélectionnée pour interpréter le rôle titre du prestigieux Lac des Cygnes." (Le Figaro) 
«Le cinéaste est allé jusqu'au bout de ses fantasmes, de ses hallucinations. Il les agence sur un rythme exaltant et épuisant pour la plus grande joie des amateurs de sensations fortes» (Le Monde)

Ne soyons pas de mauvaise foi, la critique est partagée (c'est le cas au sein de la rédaction de Tib-O-Rama), sauf si vous ne regardez que la télé. Mais il est toujours amusant de noter la jubilation des journalistes lorsque leur critique de comptoir défend un film tellement comme ceux qu'ils descendent habituellement. Une fois le joli papier cadeau arraché, Black Swan est un film aussi percutant et profond qu'un Saw 7, Souviens-toi l'été dernier et consorts (en même temps, parfois le papier cadeau c'est bien aussi, c'est joli).

Sortir du contexte de l'adolescence, des bières, des t-shirts mouillés, des spring-breaks et courses d'autos tunées suffit visiblement à en convaincre beaucoup que Daren Aronofsky n'emprunte pas les sentiers battus du thriller contemporain. Ajoutez à cela une bonne abondance de plans à l'épaule et une image granuleuse et le "cinéphile" sera aux anges (non, c'est pas vrai, moi ça m'a donné envie de vomir), persuadé de regarder du bon cinéma. Si Black Swan existe, c'est pour toutes ses intentions de film original (sic), sur un milieu peu traité (c'est vrai) (ah quand-même, tu lui accordes au moins ça, c'est trop beau les tutus, quoi !), avec une actrice qui se découvre  une palette de jeu (dans Closer, pas génial, Nathalie Portman cassait alors son côté prude) (tu avoueras quand-même qu'elle porte plutôt bien le rôle...si on enlève toutes les scènes redondantes où on lit la détresse de sa frigidité dans ses yeux). Concrètement, le film n'attendra pas longtemps pour tenir sa promesse de "film d'auteur" : au bout de 45 min "on regarde la montre" (on ? non, tu ! Et puis en fait, non, tu regardais même pas ta montre, tu t'enfonçais la joue dans le poing, posé sur l'accoudoir). Tourner en rond entre la chambre de Nina (l'héroïne) et ses répétitions  fatigue tellement que l'on finit par être aussi tendu que (la peau du visage de) sa mère. Car on l'a bien vite compris, Nina est une fille à maman, mais "l'audacieux" réalisateur insiste (A base de nombreux ongles arrachés qui m'ont fait me tordre les doigts sur mon siège). Le problème de Nina, immédiatement pointé par Thomas (Vincent "transparent" /touffe de papi Cassel) c'est son puritanisme. Le problème d'Aronofsky c'est qu'il ne donne rien de plus épatant qu'une scène de masturbation (retenez la chute de cette scène) et une descente en boite de nuit pour chercher des mecs... c'est American Pie là. Singer une rivalité alors que l'on a bien assez tôt compris le trouble psychologique de l'héroïne est un autre signe d'entêtement du réalisateur. Ajoutez des gros plans sur le personnage en train de hurler/stresser, des effets sonores grossiers pour stabiloter le suspens et les moments de schizophrénie, ajoutez une musique assourdissante au climax pour stresser le public et vous obtenez... Scream ou Saw, au choix. Pour couronner le tout, le "scénario plutôt simple" (dixit le Figaro) a une écriture tellement scolaire que passée la scène de la boite de nuit, on connait déjà la fin de l'histoire (pour ceux qui ne connaissent pas déjà le lac des Cygnes) : dans ce cas, passez votre chemin, ne passez pas par la case départ et ne touchez pas 20 000Frs. (Perso, moi qui l'ai vu, je me suis dit jusqu'au bout que ça n'allait peut-être pas être si tragique...) Daren Aronofsky ne cherche pas à étonner le cinéphile ou l'amateur d'opéra, ses ficelles sont trop grosses pour surprendre ce type de spectateurs. Les "fins cinéphiles" vous vendront le thème du sacrifice corporel où Aronofsky met en image l'expression "casser 3 pattes à un canard" en brisant celles de Nathalie Portman (rires dans la salle garanti). Entre American Pie et les blagues de Toto, il faut saluer l'humour de ce mec  ! (Mais arrête, c'était aussi affreux que les histoires d'ongles et tout ça ! aaahhhrrrggg affreux !!)

Maintenant c'est clair, il cherche le succès commercial avec la mention "Auteur", mais sans le savoir faire d'un Spielberg ou d'un Scorsese. Le hic c'est qu'il n'est pas nécessaire de travestir une histoire en film élitiste pour n'avoir à offrir rien d'autre que le énième thriller de schizo d'Hollywood, avec les même ressorts vus et revus de Shutter Island à Psychose en passant (plus récemment) par  Fight Club, The Machinist, Identity, There Will be Blood... La seule sensation que me laisse Black Swan en fin de film, c'est que Daren Aronofsky cherche à plaire à un certain public grolandais, comme si on  devait s'excuser de faire ou de voir un divertissement. 

S'il me reste un peu de place pour dire ce que je pense, j'ajouterai juste qu'encore une fois, y en a mare (aux canards) de la rumeur et de la critique qui en fait des caaaaaaaaaaaaisses sur un film. Pour moi c'était un bon film, porté par une excellente actrice, un que je regarderai peut-être à nouveau, mais pas de quoi faire la queue dans le froid pendant 1 heure. Ce qui explique à posteriori qu'on a bien fait de gruger tout le monde ! ahahahah !

14 février 2011

The King's Speech - Tom Hooper - 2010

B'b'b'b'b'b'b'b'bBonjour! J'j'j'j'j'j'j'je parle c'c'c'c'comme une harley c'c'c'c'c'c'coincée dans les bouchons, j''j'j'j'j'j'j'j'j'je suis ?
Alors King's Speech c'est l'histoire de Don King qui monte sur le ring. Mais avant d'enfiler ses gants, il fait un speech. Nan, c'est pas vrai.
En vrai, King's Speech, c'est un nouveau sandwich à la langue de chez Burger King. Nan, c'est pas vrai.
Pour de vraiment vrai, The King's Speech, c'est l'histoire de l'arrière-grand-père par alliance de Kate Middleton, alias l'arrière-papi de William d'Angleterre, le papa de madame la Reine pastel qui fait des coucous à la plèbe depuis son balcon. Et donc le papa de la Momie était bègue, parce que son propre papa n'était pas sympa, sa mère un peu rèche et son frère, l'héritier proclamé du trône, ouvertement allergique aux protocoles royaux.
Propulsé au pouvoir tel un suppositoire intra-muros, Bertie le bègue se voit contraint de "consulter". Heureusement que pendant ce temps, sa petite femme écume les pages jaunes de Londres pour trouver le thérapeute capable de résoudre le défaut d'élocution de sa tendre moitié. Et ce thérapeute, c'est une sorte de David Lynch sans les cheveux blancs. Ses origines australiennes l'autorisent à faire le foufou et à être légèrement décadent, contrastant ainsi avec la rigor mortem de la famille royale et de son entourage. Son bureau est très joli mais mal entretenu.

King's speech est il un film intéressant ? Non, à peine sympathique (quand même, t'y vas un peu fort, je trouve).  On s'ennuie sec malgré les déconnades du roi des bègues et son thérapeute. Pourquoi s'ennuie-t-on ? Parce que le film ne tient pas ses promesses et la première, pourquoi le roi bégaie, n'est pas creusée et n'apporte rien au récit. La réponse n'est pas creusée mais bâclée. On a une vague idée du poids du protocole sur le bégaiement du roi. Les liens familiaux semblent jouer sur son malaise, mais il n'en sort pas grand chose. Le roi George VI reste aux talons de son frère pour guetter le faux pas et prendre le trône (dit comme ça, on pourrait croire qu'il y a du suspens mais non, c'est l'histoire, c'est déjà écrit), comme ça il a un peu de travers. Sinon, il s'est fait un nouvel ami, son thérapeute, un homme du peuple et tout le monde est content.

Excusez-moi de me contredire, dans un billet je précisais que je n'irais pas voir ce film. Le problème c'est que lorsque l'on est siamois, ce que va voir l'un, l'autre le voit aussi. Bref, épargnez-vous le déplacement. Le baratin, les oscars, etc... c'est juste pour remplir les cérémonies.

11 février 2011

Memories of murder - Bong Joon-ho - 2003

http://koreanfilm.org/memories5.jpgAu rayon polar, le pays du matin calme n'a rien a envier aux français et encore moins aux ricains. Au contraire, la Corée propose et Memories of murder (avec un titre comme ça, y a de quoi se demander si on parle de la Corée du Nord ou du Sud) donne le ton. Second film d'un des nombreux 1er de la classe coréens, M.O.M (pour faire court) est un film de genre singulier ou se mêlent habilement meurtres glauques, poésie paysagère, critique politique et humour de manga.

Si j'ai bien compris, on est en 1986, à l'époque où nous faisions des châteaux de sable pendant que nos papas grillaient des saucisses en moule bite. Un petit village coréen est alors frappé par un tueur en série, vicieux et lubrique. C'est souvent l'image que l'on se fait des serial killers, mais aussi parallèlement des Japonais, eux aussi aficionados de petites culottes et autres sous-vêtements féminins. Mais revenons-en à l'histoire. Les flics du village sont submergés par leur amateurisme (aveux par la torture, perte de preuves et fausses pistes à répétition) et la capitale leur envoie donc du renfort, en la personne d'un flic à peine plus doué, mais au moins plus intègre. Rien de très original, hein ? (T'en vois beaucoup des film avec des flics foireux ?...) (bah oui, ne serait-ce que dans la monumentale série The Wire, l'équipe de bras cassés met beaucoup de temps à briller par ses écoutes !) ( On n'a pas vu la même série; tu confonds une hiérarchie qui fait ralenti le travail avec des bras cassés, les quelques éléments feignants ont vite sauté, passons).

Effectivement, sauf que là où les amerloques nous auraient collé cinq courses poursuites, trois fusillades et un renfort de trente voitures de police et le FBI au cul dans la scène finale, là où les camemberts nous auraient foutu Olivier Marchal en veste kaki qui essaie de faire comme il peut pour convaincre le tueur de lâcher sa dernière proie avant de la tuer, parce qu'il n'a justement que Julie Lescaut comme renfort et qu'elle est tombée pendant la scène de la course poursuite (reprenons donc le tout début de la phrase maintenant) et bien Bong Joon-ho lui, surprend et offre une ultime faiblesse à ses personnages.

Sans être haletant ou rempli de suspense ("la vérité est ailleurs..."), M.O.M sait très bien où taper pour captiver le spectateur, et ce n'est sûrement pas dans le spectaculaire. Oh oui ! Mamie va pouvoir regarder ce film sans risquer l'arrêt cardiaque. La réalisation offre des images léchées mais sans surenchère de mouvements de caméra frénétiques. Chacune des scènes est rythmée comme un Tex Avery, offrant un retournement de situation qui nous plonge tantôt dans l'humour, tantôt dans le tragique. Bong Joon-Ho ne blâme pas ici ses personnages mais plutôt leur condition. Plus tard, on retrouvera l'influence de ce film sur le cinéma américain et notamment avec Zodiac (de David Fincher) qui en est un très bonne exemple.

9 février 2011

L.A Confidential - Curtis Hanson - 1997

http://blogs.amctv.com/movie-blog/la-confidential-pearce560.jpg
AÏE AÏE AÏE, voilà une équipe qui fait très très mal. Le cast : Kevin Spacey, Russel Crowe, Guy Pearce (Memento), Kim "putaintuvieillis" Bassinger, Dany de Vito et blablabla. Le crew : James Elroy (l'adapté), Brian Helgeland (l'adaptateur, also known for Payback, Mystic River, Man on Fire...), Jerry Goldsmith (au clavier, comme pour Rambo, Gremlins, Total Recall, Basic Instinct...), Dante Spinotti (aux lights , comme dans Mindhunter, Le dernier des Mohicans, HEAT, Public Enemies, oui ! C'est le chef op' de Michael Mann) et pour réaliser Curtis Hanson (8 mile), on aurait pu trouver mieux comme réal' mais c'est déjà pas mal. Au final, 9 nominations aux Oscars et seulement 2 récompenses, merde ! Ils sont tombés la même année que Titanic (tudhhudhhhuuuu dhudhudhuuu dhûûûû) (11 Oscars, le record). Bon sinon c'est très bien tout ça, mais le film, que dit-il ?

Il dit que c'est pas possible d'interroger une blonde pulpeuse sans succomber à ses charmes ?
Il dit que les années 50 et L.A. c'est trop classe comme contexte ?
Il dit que derrière trois nègres se cache une conspiration des francs-maçons ?
Pas tout fait, mais en tout cas, le film nous dit très bien qu'on va se faire mener par le bout du nez jusqu'à la scène finale, où tout le monde meurt dans d'atroces souffrances, nan c'est pas vrai.
Il s'agit en effet de l'enquête de trois policiers de choc, le vendu de mèche avec la presse, le cogneur, qui défend plus la veuve que l'orphelin et le petit fils à papa qui vendrait sa chemise pour la loi et l'ordre (et surtout grimper dans la hiérarchie), tous issus de branches différentes de la police. A chaque parcours sa destinée. Mais quand ces trois flics plus ou moins verreux finissent par comprendre que l'enquête qu'ils viennent de conclure sent le pipi, un sursaut d'honneur et l'envie d'être de "GOOD POLICE" les replongent dans l'enquête.

Un film noir dans la plus pure tradition de l'âge d'or hollywoodien (les 50's justement). On retrouve surtout l'esprit d'Ellroy : l'odeur des bas-fonds, les crimes racistes et les faits divers, la corruption et le charme dans tous ce qu'il a de tordu. L.A Confidential est donc la meilleure adaptation d'Ellroy (il le dit lui même, pour une fois). Bref, un sans faute à voire et revoir etc.

3 février 2011

LA FLEMME !

http://www.toutelatele.com/IMG/arton15095.jpgLa température est redescendue en dessous de zéro. On est bien au chaud à se mater des films, mais quand on habite près d'un MK2, on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent en ce début de 2011. On a droit à tous les films "immanquables" qu'on oubliera vite : le "dernier Sofia Coppola" (c'est comme ça que les gens appellent le film), pour les parisiens qui veulent avoir de la contenance pendant leurs diners en ville ("- c'était génial... elle surpasse son père, non ? - OUI ! Elle illumine ma rétine. - Ok , mais en quoi ?... - Ben c'est très profond et j'aime beaucoup les films profonds."). Mais aussi, Le discours d'un roi, concourant pour les oscars et que la critique salue pour la performance de Colin Firth (comme pour A Single Man l'an passé, que tout le monde a déjà oublié), il faut comprendre donc qu'à part l'acteur, le film ne va pas chercher loin, ne demandez pas l'auteur du film c'est indécent. La semaine prochaine arrive Black Swan, de Daren Aronofski (Requiem For A Dream, The Fountain), un réalisateur talentueux (sans ambiguïté) qui depuis The Wrestler arrive à faire croire à la presse que ses principaux acteurs n'étaient rien ou des oubliés avant de passer devant sa caméra. Quant aux amateurs d'humour putassier et aux fans de Gondry, ils peuvent se retrouver dans la même salle pour voir The Green Hornet. La déception risque d'être rude car il faut croire que ni le "best clip director ever", ni Seth Rogen semblent tirer leur ver du jeu (sic!) puisque c'est Neal H. Morritz, le producteur des Fast and Furious et autres films pour kékés, qui mène la danse. La série n'avait déjà pas grand intérêt, sauf pour les fans de Bruce Lee (dont je fait partie), alors bon courage aux téméraires. Enfin pour les franco-français qui défendent l'exception culturelle française, il vous reste "le dernier Danny Boon" (c'est aussi comme ça qu'on dit dans le nord). Dans tous les cas, moi, je n'écrirai rien sur tout ça, d'ailleurs je ne les ai même pas vus et je préfère rester chez moi. Na !

Donc pour vous faire une idée des sorties actuelles, je vous conseille d'aller voir le FILM SCHOOL THESIS STATEMENT GENERATOR ça vous évitera d'attraper froid en allant chercher le dernier numéro des Inrocks ou de Télérama. La critique est d'aussi bonne qualité, ce sont les trous du cul qui se parfument du cercle qui vous le garantissent. Vous pourrez ainsi sentir l'intelligence et le bon goût, loin de cette fierté d'être ignare que prônent les beaufs (mais qui sont-ils, dans le fond ?).

25 janvier 2011

Menace 2 society - Albert et Allen Hughes - 1993

Pour ceux qui ne seraient pas nés au début des années 80, oui, vous, les vieux, les frippés, les gaufrés, Menace II Society est un film, disons... de genre. Quartier chaud de L.A., violence urbaine, BO west coast et des tas de noirs aux pantalons qui tombent. Quand on regarde ça ado, on se dit "waouh, la grosse claque dans ma gueule ! On élargit son vocabulaire d'argot English grâce au nombre incalculable de "Bitch" et "Nigga". Après un Scarface et ses "fuck" à tire larigot, à 15 berges on se prend pour un caïd. Un film avec du rap, des mecs qui se canardent, ça parle de drogue, c'est un truc de ouf !" et quand on a 30 piges, on se dit "Mais tiens au fait, ça parlait de quoi dans le fond ce film ?" Même si ce n'est pas une référence en soi, le Festival de Cannes, où il avait été repéré, avait à l'époque salué la prouesse de ses deux réalisateurs de 21 ans.

Pour resituer l'action, Caine, jeune lycéen, vient d'avoir son bac et se demande ce qu'il va en faire. Parents morts des travers de la rue, seuls les grands-parents et deux amis (un futur Malcolm X et un joueur de foot, les seules voies possibles ?) le poussent à poursuivre les études. Le temps d'un été, Caine va devoir faire un choix : trainer dehors et vivre la vie presque obligée de son quartier (deal, règlements de compte et violence gratuite) ou faire le réel effort de se couper d'un milieu mortifère et prendre son destin à deux mains. Et puis il y a une petite minette, Ronnie, mi inaccessible, mi salvatrice (Jada Pinket à l'époque où sa pince à épiler ne s'approchait pas de ses sourcils), nana du mentor de Caine, en tôle. Celle-ci lui propose de la suivre et vivre ailleurs. Caine a donc l'embarras du choix. Telle un chant de sirène, la violence et la drogue sont les tentations les plus fortes, celles qui vont le charmer les premières. "On n'échappe pas à son environnement" pourrait être le pitch (la petite phrase d'accroche des affiches de film) du 1er long des "Hughes Brothers". Caine n'a effectivement "qu'à se baisser" en sortant de chez lui. Seringue, "gros fer" (voitures de luxe), junkie, armes à feu et filles faciles, Caine s'essaye à la vie de dealer, beeper en poche (90's oblige, nous avions bien nos Alphapage, Tatoo, Tam-Tam et autres Kobby...).

Tremplin vers une carrière d'acteur pour bon nombre de rappeur U.S (The murder was the case: the movie avec Snoop Doggy Dogg, alors qu'est-ce qu'on attend?), les G-movies ont, comme beaucoup de genres, laissé apparaitre un tas de nanars, pour la plupart disponibles chez nous en "direct to vidéo" pour combler la fascination des fans hardcore de G-funk. C'était l'occasion pour les boutonneux (parle pour toi) que nous étions de découvrir la "street life" comptée par nos rappeurs préférés. Il y avait Original Gangsta (Pam Grier), Above the Rim (Gangball, avec 2pac, dans votre VidéoFutur de l'époque), Sunset Park (connu pour sa B.O immense), Poetic justice (pour les fleurs bleues), The Substitute (avec Tom Berenger, repenti depuis) et son clone féminin Dangerous Mind (Esprits rebelles, sur lequel Coolio nous faisait hocher la tête avec son Gangsta's Paradise, et dont Michel Pfeiffer ne s'est jamais remise) ou encore New Jack City de Mario Van Peebles avec Westley Snipes et Ice-T. Film phare des G-movies qui ont pullulé pendant les années 90, à l'instar de Boyz in The Hood qui révéla John Singleton (Il fait quoi maintenant ?...), Menace 2 Society frappe pour son portrait encore vrai aujourd'hui (voir pire) de la "Ghettoyouth attitude" comme le disent les casquettes vertes des tours HLM. Par exemple, O-dog reste un personnage culte (voir la scène du burger) malgré le surjeu de Larenz Tate. Les femmes, le machisme et la fierté masculine, l'amitié "virile", la mentale, tous les détails de la vie de voyous, de gangster même, sont présents. Le film frappe au visage comme un coup droit "d'Iron Mike" Tyson car dans les gangs de L.A, contrairement aux Affranchis et autres mafias comme on les connait, pour la moindre broutille tout prend une dimension paroxysmique. Le moindre mot de trop, le moindre pas hors des clous se paie cher et sur la place publique. Pour grandir, on doit écraser les autres, si possible en toute impunité et de manière désinvolte, au risque de ce faire écraser soi-même.

C'est peut-être aussi le sort réservé aux Frères Hughes une fois arrivés à Hollywood sur le piédestal cannois. Avec leur jeune âge, les frangins n'ont pas tant brillé par la suite, malgré des projets alléchants (From Hell , adapté du roman graphique d'Allan Moore, rien que ça). Il faudra attendre 2010 et Le livre d'Eli pour les retrouver en forme. Maintenant que le tour de chauffe est fait on a hâte de voir la suite.

24 janvier 2011

Harry Brown - Daniel Barber - 2011

Papi fait-il de la résistance ? Papi peut-il faire la loi comme il l'entend parce qu'il considère que la police est à la bourre ? Papi peut-il vraiment courir après des malfrats alors qu'il a visiblement des problèmes respiratoires ? Papi peut-il entrer dans un squatt de toxicos aux chicos pourris et y passer 10 minutes sans se pisser dessus ? Et bien si votre papi s'appelle Harry Brown, alors OUI. Sauf que dans le film en question, Papi tente de courir après les voyous mais s'effondre, il a beau jouer au costaud, il finit à terre avec des coups de latte en bonus.
Vous l'aurez donc compris, bien que l'on sillonne les terres du GRAND Dirty Harry et de Charles Bronson (Night watch et cie.), notre héros british n'a pas la grande forme, bien que retraité de l'armée. Finalement on peut se dire que ça évite de payer 8 euros  (pour ceux qui allaient au ciné en 1980, après conversion) pour voir Vin Diesel ou Musclor. C'est comme les pubs Dove avec des "filles fortes" ou un JT avec un "beau noir," on se dit "ah bah ça change au moins !"

Au delà du caractère "vigilante movie" apparent, Harry Brown s'avère être un portrait accablant de la montée de la violence dans les cités londoniennes. Le manque d'approfondissement des jeunes cailleras parait presque cliché, le but ici n'est pas de chercher les sources de leurs problèmes mais plutôt de parler de ceux que ça emmerde. Donc Harry Brown est un retraité de l'armée qui n'ose plus prendre le petit tunnel qui raccourcit son chemin pour aller voir sa femme mourante à l'hôpital. Un jour il apprend que son ami, joueur d'échecs, Leo a été battu à mort par les petits zulus du coin. C'est décidé, Harry (clin d'oeil à l'inspecteur Calahan donc)  va s'organiser et botter le fion à ces petits morveux.
L'un des points positifs de ce film, c'est qu'il apporte une bouffée d'air frais face aux grosses machines hollywoodiennes, dans le sens où un mec qui s'enfuit n'ouvre pas une scène de poursuite de 20 minutes et une seule balle tirée suffit pour faire tomber un homme. Pas besoin d'en faire des caisses, quoi. Ça sent davantage la réalité, trait qui convient si bien au cinéma britannique dans son ensemble et que l'on finira peut-être  par reprocher à l'industrie cinématographique d'Outre-Manche (qui as plus de sous et donc propose des productions plus variées avec là aussi des films qui sentent bon le vrai).
Malgré, un démarrage un peu mou, à l'image du héros septuagénaire, le film prend son envol après une scène d'ivresse où Harry retrouve ses réflexes de soldat en croisant un junkie. Comme on vous l'a dit, il était peut-être soldat mais Harry Brown n'a pas la forme d'Usain Bolt mais peut être la détermination de Porter (héros de Payback) et la statégie d'un Batman. Le film nous aspire donc dans une plongée en pleine crasse des "hood" cockneys, dont certaines séquences nous rappellent Se7en. La mise en scène de l'action se répète et l'épilogue sent bon la facilité, mais à part cela Harry Brown parvient à vous emmener à destination et devient un portrait à charge contre le carriérisme des politiciens anglais. Pour nous petits spectateurs français, le parallèle avec les émeutes de 2005 est immédiat et au delà du film politique, il reste un objet intéressant à découvrir.

18 janvier 2011

Mon Oncle - Jacques Tati - 1958

Du haut de mes 10 ans et de ma petite vie bien rangée par ma grosse maman femme au foyer, mon oncle est un bel hurluberlu. Il n'a pas de voiture comme nous et tous les autres nouveaux heureux consommateurs des années 50, mais un vélo (un solex) avec lequel il se faufile dans le trafic. Il ne vit pas dans une maison froide et cubique et tellement design avec tout un tas de gadgets tellement complexes qu'ils en sont inutilisables, mais dans une vieille bicoque tordue dans un recoin de la ville qui sent bon la vieille France. Et puis il n'a pas de travail, c'est pas comme papa, n°1 d'une boite qui chie du tube en plastique à n'en plus savoir qu'en faire.
Chez Tati, il est souvent question de railler les petits travers d'une société qui s'ouvre à la modernité, à la consommation, qui aime se montrer, que tout soit parfait, que les apparences soient sauves (voir la scène récurrente de la fontaine que l'on met en route uniquement lorsque des étrangers passent le portail !).
Le film suit donc les aller-retour de l'oncle (Tati lui-même) de chez lui à chez sa sœur (la dondon de la maison Le Corbusier), en passant par l'école du petit Georges, l'usine de papa et le quartier franchouillard où les enfants font des crasses aux passants. Toujours est-il que sous la comparaison sympatoche, le portrait sociétal, bah on se fait un peu chier. On baille aux corneilles, même. Tati a beau être cité et récité à tort et à travers (chez Jeunet, Ozon, dans les Triplettes de Belleville ou plus récemment l'Illusionniste) son œuvre sent la poussière de grenier. Il n'en reste qu'une poésie naïve, centrée sur M. Hulot, qui fait sourire souvent, rire parfois. Mais le discourt franchouillard et manichéen du Frigidaire VS la cave à vin laisse de marbre. L'absence de péripéties (c'est du 100% cinéma français, j'vous le garantis ma p'tite dame) laisse le récit creux et le spectateur loin des préoccupations des personnages (mais en ont-ils d'ailleurs ?).

Mon oncle et l'œuvre de Tati dans l'ensemble restent à découvrir (les dimanche de pluie en faisant du tricot), au moins pour son audace visuelle, ce qui le démarque de beaucoup de ces semblables.

5 janvier 2011

Faites le mur - Banksy - 2010

A la base,  Exit through the gift shop (titre ô combien plus évocateur du contenu que sa version française : Faites le mur) est un documentaire sur le Street Art. Inutile de vous rappeler (phrase purement rhétorique pour introduire le fait qu'on va quand-même le faire) que le Street Art rassemble aussi bien le graff à la bombe ou au pochoir, que le collage ou l'installation et tout ça sous la bannière de la gratuité et de l'illégalité (malgré la beauté ou l'intérêt culturel et agitateur évident de nombre de ces œuvres).
Dans tout ce bazar, il y a un grand nom, Banksy, auteur de pochoirs inspirés sur le mur de Gaza, artiste ayant remplacé des albums de paris Hilton par des copies presque conformes, et ici, réalisateur du documentaire. Réalisateur, instigateur, manipulateur ? Le terme reste à préciser, puisque son film soulève mille et une questions.
Tout commence par un plan sur Bansky, visage dans l'ombre, nous expliquant qu'il nous emmène à la rencontre de Thierry Guetta, un hurluberlu (dont l'accent français est à trancher au couteau) qui passe sa vie à filmer les autres. Le Street Art et quelques uns de ses grands acteurs en toile de fond, le film suit l'itinéraire de ce Guetta, du moment où il commence à côtoyer le milieu jusqu'à son expo pharaonique à L.A. C'est un portrait qu'aucun Street Artist ne voudra cautionner, puisque Guetta fait l'impasse sur tout : sur la création, le travail, l'implication personnelle, la recherche, la lente construction d'une identité artistique. En sortant du film, on se dit, mais merde, il est sympatoche, mais il est quand-même abusé ce Thierry Guetta ! Pour couronner le tout, les œuvres du Street Artist autoproclamé se vendent plusieurs milliers de dollars, la critique s'enflamme, le public se rue.

Brûler toutes les étapes nécessaires à l'éclosion d'un artiste (voire d'une identité, d'une patte...) pour atteindre directement gloire et reconnaissance, jeter l'art de rue en pâture aux spéculateurs et collectionneurs, c'est bien là le mal de notre société, et sans doute celui que Banksy et ses acolytes ont voulu mettre en avant. Reste à savoir maintenant quel est le vrai du faux, face à ce docu qui mène le spectateur par le bout du nez : tous les personnages, Banksy le premier, sont-ils complices de Guetta ? Son expo, le docu sont-ils en eux-mêmes une œuvre de Street Art, qui dénonce, qui malmène, qui interroge ? On aimerait bien croire que oui !

Mais qui est ce Thierry Guetta? Un Français, aux favoris qui font pâlir de jalousie un Wolverine métrosexuel, installé à L.A qui a fait son beurre en revendant des fringues nases (de son propre aveu) aux bobos locaux (Hipsters). Comme expliqué plus haut, il est devenu vidéaste amateur, véritable témoin du Street Art avec ses milliers d'heures de rushs dont il ne fait rien. D'après ses dires, Banksy le pousse à en faire un film et Thierry finit par prouver qu'il est un excellent monteur de bande annonce d'1h30, mais pas pour autant réalisateur. Toujours d'après le film, étant frustré du film de Thierry, Banksy le poussa gentiment à devenir Street Artist. Pendant ce temps, Banksy récupère tout les rushs de Thierry pour en faire le film qui nous est projeté. Pourquoi répéter "d'après le film" ? Simplement car Thierry "Mr Brainwash" Guetta a tout d'un "fake", d'un personnage fictif, mais le mystère reste entier. Son expo à bien eu lieu, il a bel et bien fait la pochette d'un best-of de Madonna, il donne des interviews où il la fait à l'envers aux journalistes, etc. En gros, Mr Brainwash semble tellement se moquer de l'establishment (qui le met sur un piédestal), il est tellement "bigger than life" qu'on soupçonne Banksy de nous faire un happening, une œuvre éphémère, ou tout ce que voudront bien inventer les "spécialistes" de l'art, qui se trouvent être les premier bernés.

Exit through the gift shop ose finalement poser la question de "est-ce que des Thierry Guetta-like sont des artistes ?" à une époque où la pensée unique tenterait d'élargir cette définition à tous les wannabe nouvelle star, acteurs et autres Shirley et Dino... Comme si on pouvait comparer Mozart à Nolwenn Leroy ou Picasso au coup de crayon d'un gosse de 4 ans...