Du haut de mes 10 ans et de ma petite vie bien rangée par ma grosse maman femme au foyer, mon oncle est un bel hurluberlu. Il n'a pas de voiture comme nous et tous les autres nouveaux heureux consommateurs des années 50, mais un vélo (un solex) avec lequel il se faufile dans le trafic. Il ne vit pas dans une maison froide et cubique et tellement design avec tout un tas de gadgets tellement complexes qu'ils en sont inutilisables, mais dans une vieille bicoque tordue dans un recoin de la ville qui sent bon la vieille France. Et puis il n'a pas de travail, c'est pas comme papa, n°1 d'une boite qui chie du tube en plastique à n'en plus savoir qu'en faire.
Chez Tati, il est souvent question de railler les petits travers d'une société qui s'ouvre à la modernité, à la consommation, qui aime se montrer, que tout soit parfait, que les apparences soient sauves (voir la scène récurrente de la fontaine que l'on met en route uniquement lorsque des étrangers passent le portail !).
Le film suit donc les aller-retour de l'oncle (Tati lui-même) de chez lui à chez sa sœur (la dondon de la maison Le Corbusier), en passant par l'école du petit Georges, l'usine de papa et le quartier franchouillard où les enfants font des crasses aux passants. Toujours est-il que sous la comparaison sympatoche, le portrait sociétal, bah on se fait un peu chier. On baille aux corneilles, même. Tati a beau être cité et récité à tort et à travers (chez Jeunet, Ozon, dans les Triplettes de Belleville ou plus récemment l'Illusionniste) son œuvre sent la poussière de grenier. Il n'en reste qu'une poésie naïve, centrée sur M. Hulot, qui fait sourire souvent, rire parfois. Mais le discourt franchouillard et manichéen du Frigidaire VS la cave à vin laisse de marbre. L'absence de péripéties (c'est du 100% cinéma français, j'vous le garantis ma p'tite dame) laisse le récit creux et le spectateur loin des préoccupations des personnages (mais en ont-ils d'ailleurs ?).
Mon oncle et l'œuvre de Tati dans l'ensemble restent à découvrir (les dimanche de pluie en faisant du tricot), au moins pour son audace visuelle, ce qui le démarque de beaucoup de ces semblables.
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