24 janvier 2011

Harry Brown - Daniel Barber - 2011

Papi fait-il de la résistance ? Papi peut-il faire la loi comme il l'entend parce qu'il considère que la police est à la bourre ? Papi peut-il vraiment courir après des malfrats alors qu'il a visiblement des problèmes respiratoires ? Papi peut-il entrer dans un squatt de toxicos aux chicos pourris et y passer 10 minutes sans se pisser dessus ? Et bien si votre papi s'appelle Harry Brown, alors OUI. Sauf que dans le film en question, Papi tente de courir après les voyous mais s'effondre, il a beau jouer au costaud, il finit à terre avec des coups de latte en bonus.
Vous l'aurez donc compris, bien que l'on sillonne les terres du GRAND Dirty Harry et de Charles Bronson (Night watch et cie.), notre héros british n'a pas la grande forme, bien que retraité de l'armée. Finalement on peut se dire que ça évite de payer 8 euros  (pour ceux qui allaient au ciné en 1980, après conversion) pour voir Vin Diesel ou Musclor. C'est comme les pubs Dove avec des "filles fortes" ou un JT avec un "beau noir," on se dit "ah bah ça change au moins !"

Au delà du caractère "vigilante movie" apparent, Harry Brown s'avère être un portrait accablant de la montée de la violence dans les cités londoniennes. Le manque d'approfondissement des jeunes cailleras parait presque cliché, le but ici n'est pas de chercher les sources de leurs problèmes mais plutôt de parler de ceux que ça emmerde. Donc Harry Brown est un retraité de l'armée qui n'ose plus prendre le petit tunnel qui raccourcit son chemin pour aller voir sa femme mourante à l'hôpital. Un jour il apprend que son ami, joueur d'échecs, Leo a été battu à mort par les petits zulus du coin. C'est décidé, Harry (clin d'oeil à l'inspecteur Calahan donc)  va s'organiser et botter le fion à ces petits morveux.
L'un des points positifs de ce film, c'est qu'il apporte une bouffée d'air frais face aux grosses machines hollywoodiennes, dans le sens où un mec qui s'enfuit n'ouvre pas une scène de poursuite de 20 minutes et une seule balle tirée suffit pour faire tomber un homme. Pas besoin d'en faire des caisses, quoi. Ça sent davantage la réalité, trait qui convient si bien au cinéma britannique dans son ensemble et que l'on finira peut-être  par reprocher à l'industrie cinématographique d'Outre-Manche (qui as plus de sous et donc propose des productions plus variées avec là aussi des films qui sentent bon le vrai).
Malgré, un démarrage un peu mou, à l'image du héros septuagénaire, le film prend son envol après une scène d'ivresse où Harry retrouve ses réflexes de soldat en croisant un junkie. Comme on vous l'a dit, il était peut-être soldat mais Harry Brown n'a pas la forme d'Usain Bolt mais peut être la détermination de Porter (héros de Payback) et la statégie d'un Batman. Le film nous aspire donc dans une plongée en pleine crasse des "hood" cockneys, dont certaines séquences nous rappellent Se7en. La mise en scène de l'action se répète et l'épilogue sent bon la facilité, mais à part cela Harry Brown parvient à vous emmener à destination et devient un portrait à charge contre le carriérisme des politiciens anglais. Pour nous petits spectateurs français, le parallèle avec les émeutes de 2005 est immédiat et au delà du film politique, il reste un objet intéressant à découvrir.

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