19 décembre 2011

Carnage - Roman Polanski - 2011

Comme vous l'avez sans doute déjà entendu à la télé (celle qui nous sert sa bouillie de chat), le dernier film de Roman Polanski adapte sur grand-écran la pièce de Yasmina Reza Le dieu du carnage. Tourné dans un appartement très new-yorkais, Carnage est en réalité un enfant de Bry-sur-Marne et ses studios. On pourra donc déjà saluer la prouesse du chef décorateur Dean Tavoularis (Apocalypse Now, Le Parrain, Bonnie & Clyde) pour son fond vert aux fenêtres (tenu par des stagiaires de 3e du collège Ricky Martin) et pour cette ambiance si arty/bobo/newyorkais qu'est l'appartement de Michael et Pénélope Longstreet.

Entre la cuisine, le bureau, la salle de bain et le palier, mais surtout dans le salon des Longstreet, Carnage est un huis-clos pas étouffant pour un sous entre quatre adultes propres sur eux. Pas étouffant et même balayé par une brise très fraîche pour tout vous dire, puisque très rythmé grâce à une mise en scène vive et proche du théâtre, où il faut bien occuper la scène pour pas endormir ses spectateurs.

Non seulement le film aborde une situation que l'on a tous, de près ou de loin, déjà vécue, mais en plus elle est interprétée par quatre EXCELLENTS comédiens, portés par un scénario aux petits oignons. Ou comment envoyer valser les convenances, la bienséance et la retenue que nous impose la vie en société, dès que l'humain est piqué au vif par des attaques personnelles ou réagit de manière épidermique face à la mauvaise foi, la cruauté, l'injustice, la certitude d'être dans son bon droit et j'en passe...

Jodie Foster joue donc la pimbêche frigide, tragédienne et faussement humaniste, qui intellectualise et amplifie tout, première avocate de la résolution des problèmes par le dialogue. Son mari un brin castré et pendu au téléphone avec sa mère est incarné par John C. Reilly (avec sa tête d'Ecossais et ses cheveux de mouton).
Dans l'autre coin du ring, Nancy et Alan Cowen interprétés par la délicieuse Kate Winslet, type bourgeoise guindée et vite piquée au vif et son tendre époux Christopher Waltz qui n'en a rien à battre de cette rencontre au sommet. Pendu à son portable pour régler un problème d'ordre professionnel, ses coups de fil créent des pauses et ajoutent ainsi au rythme du film puisque les adultes polis attendent la fin de sa conversation pour reprendre la leur et l'y impliquer.

A mesure qu'avance le film, la déchéance physique des personnages et la disparition progressive des convenances permet d'autant plus l’identification du spectateur et sa participation au pugilat. Les alliances se font et se défont et reforment de nouveaux couples tout le long du film, au fil de règlement de comptes personnels divers et variés.

Un vrai régal quoi.



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