A la base, Exit through the gift shop (titre ô combien plus évocateur du contenu que sa version française : Faites le mur) est un documentaire sur le Street Art. Inutile de vous rappeler (phrase purement rhétorique pour introduire le fait qu'on va quand-même le faire) que le Street Art rassemble aussi bien le graff à la bombe ou au pochoir, que le collage ou l'installation et tout ça sous la bannière de la gratuité et de l'illégalité (malgré la beauté ou l'intérêt culturel et agitateur évident de nombre de ces œuvres).
Dans tout ce bazar, il y a un grand nom, Banksy, auteur de pochoirs inspirés sur le mur de Gaza, artiste ayant remplacé des albums de paris Hilton par des copies presque conformes, et ici, réalisateur du documentaire. Réalisateur, instigateur, manipulateur ? Le terme reste à préciser, puisque son film soulève mille et une questions.
Tout commence par un plan sur Bansky, visage dans l'ombre, nous expliquant qu'il nous emmène à la rencontre de Thierry Guetta, un hurluberlu (dont l'accent français est à trancher au couteau) qui passe sa vie à filmer les autres. Le Street Art et quelques uns de ses grands acteurs en toile de fond, le film suit l'itinéraire de ce Guetta, du moment où il commence à côtoyer le milieu jusqu'à son expo pharaonique à L.A. C'est un portrait qu'aucun Street Artist ne voudra cautionner, puisque Guetta fait l'impasse sur tout : sur la création, le travail, l'implication personnelle, la recherche, la lente construction d'une identité artistique. En sortant du film, on se dit, mais merde, il est sympatoche, mais il est quand-même abusé ce Thierry Guetta ! Pour couronner le tout, les œuvres du Street Artist autoproclamé se vendent plusieurs milliers de dollars, la critique s'enflamme, le public se rue.
Brûler toutes les étapes nécessaires à l'éclosion d'un artiste (voire d'une identité, d'une patte...) pour atteindre directement gloire et reconnaissance, jeter l'art de rue en pâture aux spéculateurs et collectionneurs, c'est bien là le mal de notre société, et sans doute celui que Banksy et ses acolytes ont voulu mettre en avant. Reste à savoir maintenant quel est le vrai du faux, face à ce docu qui mène le spectateur par le bout du nez : tous les personnages, Banksy le premier, sont-ils complices de Guetta ? Son expo, le docu sont-ils en eux-mêmes une œuvre de Street Art, qui dénonce, qui malmène, qui interroge ? On aimerait bien croire que oui !
Mais qui est ce Thierry Guetta? Un Français, aux favoris qui font pâlir de jalousie un Wolverine métrosexuel, installé à L.A qui a fait son beurre en revendant des fringues nases (de son propre aveu) aux bobos locaux (Hipsters). Comme expliqué plus haut, il est devenu vidéaste amateur, véritable témoin du Street Art avec ses milliers d'heures de rushs dont il ne fait rien. D'après ses dires, Banksy le pousse à en faire un film et Thierry finit par prouver qu'il est un excellent monteur de bande annonce d'1h30, mais pas pour autant réalisateur. Toujours d'après le film, étant frustré du film de Thierry, Banksy le poussa gentiment à devenir Street Artist. Pendant ce temps, Banksy récupère tout les rushs de Thierry pour en faire le film qui nous est projeté. Pourquoi répéter "d'après le film" ? Simplement car Thierry "Mr Brainwash" Guetta a tout d'un "fake", d'un personnage fictif, mais le mystère reste entier. Son expo à bien eu lieu, il a bel et bien fait la pochette d'un best-of de Madonna, il donne des interviews où il la fait à l'envers aux journalistes, etc. En gros, Mr Brainwash semble tellement se moquer de l'establishment (qui le met sur un piédestal), il est tellement "bigger than life" qu'on soupçonne Banksy de nous faire un happening, une œuvre éphémère, ou tout ce que voudront bien inventer les "spécialistes" de l'art, qui se trouvent être les premier bernés.
Exit through the gift shop ose finalement poser la question de "est-ce que des Thierry Guetta-like sont des artistes ?" à une époque où la pensée unique tenterait d'élargir cette définition à tous les wannabe nouvelle star, acteurs et autres Shirley et Dino... Comme si on pouvait comparer Mozart à Nolwenn Leroy ou Picasso au coup de crayon d'un gosse de 4 ans...
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