Au rayon polar, le pays du matin calme n'a rien a envier aux français et encore moins aux ricains. Au contraire, la Corée propose et Memories of murder (avec un titre comme ça, y a de quoi se demander si on parle de la Corée du Nord ou du Sud) donne le ton. Second film d'un des nombreux 1er de la classe coréens, M.O.M (pour faire court) est un film de genre singulier ou se mêlent habilement meurtres glauques, poésie paysagère, critique politique et humour de manga.
Si j'ai bien compris, on est en 1986, à l'époque où nous faisions des châteaux de sable pendant que nos papas grillaient des saucisses en moule bite. Un petit village coréen est alors frappé par un tueur en série, vicieux et lubrique. C'est souvent l'image que l'on se fait des serial killers, mais aussi parallèlement des Japonais, eux aussi aficionados de petites culottes et autres sous-vêtements féminins. Mais revenons-en à l'histoire. Les flics du village sont submergés par leur amateurisme (aveux par la torture, perte de preuves et fausses pistes à répétition) et la capitale leur envoie donc du renfort, en la personne d'un flic à peine plus doué, mais au moins plus intègre. Rien de très original, hein ? (T'en vois beaucoup des film avec des flics foireux ?...) (bah oui, ne serait-ce que dans la monumentale série The Wire, l'équipe de bras cassés met beaucoup de temps à briller par ses écoutes !) ( On n'a pas vu la même série; tu confonds une hiérarchie qui fait ralenti le travail avec des bras cassés, les quelques éléments feignants ont vite sauté, passons).
Effectivement, sauf que là où les amerloques nous auraient collé cinq courses poursuites, trois fusillades et un renfort de trente voitures de police et le FBI au cul dans la scène finale, là où les camemberts nous auraient foutu Olivier Marchal en veste kaki qui essaie de faire comme il peut pour convaincre le tueur de lâcher sa dernière proie avant de la tuer, parce qu'il n'a justement que Julie Lescaut comme renfort et qu'elle est tombée pendant la scène de la course poursuite (reprenons donc le tout début de la phrase maintenant) et bien Bong Joon-ho lui, surprend et offre une ultime faiblesse à ses personnages.
Sans être haletant ou rempli de suspense ("la vérité est ailleurs..."), M.O.M sait très bien où taper pour captiver le spectateur, et ce n'est sûrement pas dans le spectaculaire. Oh oui ! Mamie va pouvoir regarder ce film sans risquer l'arrêt cardiaque. La réalisation offre des images léchées mais sans surenchère de mouvements de caméra frénétiques. Chacune des scènes est rythmée comme un Tex Avery, offrant un retournement de situation qui nous plonge tantôt dans l'humour, tantôt dans le tragique. Bong Joon-Ho ne blâme pas ici ses personnages mais plutôt leur condition. Plus tard, on retrouvera l'influence de ce film sur le cinéma américain et notamment avec Zodiac (de David Fincher) qui en est un très bonne exemple.
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