30 novembre 2010

The Inside Job - Charles Ferguson - 2010

Si vous avez loupé les cours de finance de votre cursus universitaire CIPAV+5 et que vous souhaitez vous informer d'une nouvelle manière dont les gros poissons nous bouffent, nous les petites crottes de l'océan, The Inside Job est un résumé très concis de la vie de requin en milieu financier. Mis à part de sombres tableaux tentant de m'expliquer le fonctionnement des CDO et autres créances toxiques basées sur du vide, j'ai personnellement pas mal apprécié de savoir qu'Obama a repris exactement les mêmes mecs (présents depuis 30 ans) que les gouvernements précédents, oui, ceux qui ont œuvré pour que le marché ne soit surtout pas régulé et qui sont pour certains les anciens dirigeants des boites incriminées... Sick sad world, yes we can ! (ça peut être pratique pour ceux qui ne lisent pas la bonne presse... tout le monde... ah merde... tu m'étonnes qu'on en soit arrivé là)

Inutile de vous dire que y avait du costard à tous les étages et de la cravate rayée à foison parmi les intervenants, comme cette parfaite tête de tib que vous pouvez voir ci-contre. La bafouille, le cafouillage, le déni, la suée du front, la langue de bois, le mensonge pur et simple ou le détour grotesque vers un autre sujet étaient de rigueur face aux questions directes du réalisateur, ce qui facilitait grandement l'aversion envers les méchants.

Ensuite, pour changer de sujet, tout en restant dans la même bassine d'eau croupie, j 'ai entendu ce matin aux infos que le déficit de l'Etat français est noté AAA (indice de sécurité le plus élevé sur les marchés financiers, indiquant qu'on peut investir sans craindre de perdre ses billes en or), mais il se trouve que, hasard des coïncidences, The inside Job nous montrait justement combien les organismes de certification étaient verreux comme des vieilles pommes flapies et totalement en bizbiz avec les boites qui se faisaient du fric sur des créances pourries (comprendre alors un déficit français pourri?).

A part ça, DSK et Christine Lagarde font vraiment honneur à la langue de Shakespeare, ça change du nabot gesticulant si franco-français-doyouwantmetogobacktomyplane-casse-toi-pauv'con. Passées ces quelques éloges, The Inside Job se présente, formellement, comme un vulgaire powerpoint de congressiste en nœuds serrés pour neuneu wannabe smart butiwillvotesarkozyagain. La musique omniprésente est encore plus saoulante qu'un concert d'ascenseur de Richard Kledermann et la pauvreté en images d'archive se voit compensée par des plans en hélico sur les tours de verre de la finance américaine (sur deux heures, ça finit par gonfler). Le seul point fort du film est que le réal est si bien documenté qu'il ne se fait avoir par aucun de ses interlocuteurs ; autrement les informations powerpoint sont si lourdes en sigles et le parcours fléchés sinueux qu'à la sortie on ne retient rien... Ah si, "ils sont tous pourris". Car finalement c'est la seule motivation du réalisateur : nous dresser un portrait racoleur de ces financial dumbs, façon Zone interdite. "EN EXCLUSIVITE": une maquerelle de wall street se confie..." pour nous dire quoi ? Les banquiers et les traders dépensent des fortunes en putes, coke et gogo gadgets... Quel scandale... C'est pour cela qu'ils ont fait joujou avec l'argent. Encore une fois, Ferguson était si bien préparé qu'il pouvait se passer de ce détail. Il nous explique à nous les Européens (entre autres) que nous avons su appliquer les mesures adéquates face à la crise, contrairement à Obama. Ferguson a rêvé, mais il y croit. Puis enfin il tente de nous ramener sur le campus des grandes facs américaines pour dénoncer la corruption des profs, qui touchent des "à côté" astronomiques et mettent de la merde dans la tête des étudiants les plus favorisés. Contrairement aux pauvres (que l'on entend peu dans le film) qui ne peuvent plus aller à l'école.

Alors pour nous consoler avec un plan tournoyant (à la Michael Bay) sur la Statue de la liberté au levé du jour, Charles Ferguson nous rappelle, assisté de la voix pleine d'espoir de Matt Damon, qu'en s'accrochant on va y arriver et que c'est un combat qui vaut la peine d'être mené... Oui... mais lequel ? Et comment ?...

22 novembre 2010

Biutiful - Alejandro Gonzales Inaritu - 2010

Bon, si j'ai bien compris, Biutiful c'est l'histoire d'une petite souillon avec des dents de cheval qui sait pas écrire correctement B-E-A-U-T-I-F-U-L et de son papa qui sait pas s'habiller par manque de goût. Sinon, on peut aussi se dire que Biutiful est un très beau film sur tout ce que Barcelone peut compter de paumés en quête d'une vie meilleure, ou tout simplement d'une vie. Comme dans une pub Benetton, on y croisera donc des Chinois (à dos de machine à coudre), des Sénégalais (à dos de faux sacs Vuitton cousus par les précédents) et des Espagnols (à dos de Chinois ou de Sénégalais).

Dans ce méli-mélo ibérique à la sauce Klapish dégénérée (c'est mieux que du Klapish), Inaritu filme les difficultés d'une vie en marge de la société : élever seul deux enfants quand leur mère est bipolaire et complètement irresponsable, gérer/exploiter ? une armée de petits Chinois casés dans un vilain entrepôt, courir après les vendeurs à la sauvette, eux-même coursés par les flics qui disent ne pas avoir reçu des pots-de-vins suffisants pour fermer les yeux... C'est l'éternel recommencement, l'argent circule chez les intouchables, comme il circule dans les plus hautes sphères, mais dans des proportions bien moins remarquables. Tout le monde veut sa part du rêve occidental, une vie normale, une famille heureuse.

Uxbal (le personnage joué par Javier Bardem) est ce père de famille qui dit aider les populations en détresse en leur fournissant finalement une activité une fois arrivés sur leur nouvelle terre d'accueil. Il navigue à l'aveuglette entre sa femme, ses gosses et ses diverses activités de businessman du marché noir. Sa vie, et ce qui l'entoure, est purement crasseuse, insupportable, malsaine, pourrie jusqu'à l'os... et pourtant ce n'est pas du tout ce qui ressort à l'image. Inaritu transmet une émotion qui n'approche jamais le pathos. On y trouve de l'amour, beaucoup, de l'espoir, de la compassion, de la solidarité, de l'entraide, de la douceur et ce malgré la fin tragique de pas mal de personnages... hhhuuuuuuu (la meuf de Bardem dans ce film, elle est moche... mais d'une force! Tu m'étonnes qu'après il a le cancer de la tib).

Malgré une idée super intéressante (filmer des bas fonds sans tomber dans le film de gangsters ou le docu-fiction façon TF1... ouais Inaritu, il regarde trop pas TF1) très joliment traitée du début à la fin et un scénario qui tient tellement bien la route, le seul point noir du film reste sa LONGUEUR ! Putain que c'était chiant !! Mais c'est trop dommage quoi !! PUTAAIIIINNNN ! Pourquoi Inaritu traverse-t-il la même crise d'égo que Tarantino ou Wong Kar-Wai... Le Soleil de Cannes l'aurait, lui aussi, rendu fou? La surabondance de lumières fluo et de romantisme trajiconsenfou chez le Taïwanais ; les blablas et bavardages lourdingues qui plombent les films du geek du Tennessee, maintenant c'est au tour de notre mexicain préféré de se plomber l'aile avec un trop-plein d'humanisme sur-justifié. Biutiful ou comment abuser d'un très bon chili... ben oui au bout d'un moment ça fait...(je ne cautionne pas la fin graveleuse de cette critique...)

18 novembre 2010

Belle Epine - Rebecca Zlotowski - 2010

Aux USA, on a le "teen movie" (tib movie ?) et son humour graveleux (prouts, nibs et autres tib en liesse). En France, on propose un autre genre bien à nous, le "suicide teen movie". On a eu, Les coprs impatients (j'ai un cancer), Hell (je suis un gosse de riches), Des Filles en Noir (je suis gothique) et vient maintenant s'ajouter Belle Epine (ma mère est morte). Ce que j'appelle "suicide teen movie" (le nom n'est pas encore déposé), ce sont des films qui vont à contre-courant d'Hollywood (et ses jeunes à dents blanches) en nous présentant  des ados en perdition, voire suicidaires car "c'est la réalité, c'est tellement vrai, ça triche pas quoi" (ouais, y a de l'humain) (remarquez la triple répétition). Mais le mot à sortir si vous aimez briller en soirée (chez l'ambassadeur, par exemple ?) c'est "Bouleversant" (cf. le commentaire d'un fan sur la page Youtube du distributeur du film).
Cliché quand tu nous tiens... Il faut le savoir, pour faire du cinéma "d'auteur" (tu as vu le plafond, Anja ?) en France il faut :
- être tendance (en lisant Grazia ?), ici le style est plutôt vintage, normal c'est la fin des 70's ;
- donner l'illusion d'une narration dispersée mais maîtrisée, le film est surtout très linéaire (ce qu'on met au fond des piscines, donc) ;
- rendre hommage à la nouvelle vague (splish), entre l'emploi de la caméra à l'épaule et les jump-cut (follow the lida, lida, lida, follow the lida) inutiles (censés faire office de faux-raccord) le film donne même l'impression d'être d'époque tant la mise en scène est lourdingue (vous vous souvenez de Nathalie, la méchante d'Hélène et les garçons ? bah ça fait pareil). Bien entendu, tout ceci restera formel et n'apportera rien à l'histoire ni au propos. Les 70's ne sont qu'un cadre, rien de vraiment personnel à la réal' puisqu'elle n'était pas née ; le style nouvelle vague n'a rien de très frappant : tout ça semble plus tenir du simple choix artistique.
Donc Belle Epine, c'est l'histoire de Prudence qui vient de perdre sa mère et qui se retrouve seule à la maison. Un jour elle regarde le 13h de Pernault (avec une choucroute sur la tête et des grosses pattes donc (oué, ho, tu pousses un peu, là)) et découvre que pas loin de chez elle, au circuit de Rungis, il y a des jeunes motards intrépides (hhuuuu avec des culottes de cuir ?) qui frôlent la mort dans des courses nocturnes. ATTENTION : gros plan visage sur Prudence et on monte le son en OFF de la voix du présentateur sur le mot MORT. C'est décidé, Prudence ira mourir à Rungis. Pour ce faire, elle se fait une nouvelle amie (tellement moche, rho la la) qui fricote avec les motards, mais pas trop non plus, c'est une sœur qui se respecte. L'inverse de Prudence donc qui va tourner entre 2 bikers (c'est pire qu'un geek ?).
Prudence ment à tout le monde, fait la gueule en continu (Lea Seydoux monomaniaque) mais souffre tellement à l'intérieur. La seule personne à le voir ben c'est la réal', oui m'sieur 'dames c'est un film où "la caméra est acteur, seul témoin qui suggère le malaise intérieur de Prudence", c'est tellement auteurisant. Le film n'offre aucune plongée (toute façon, dans les années 70, y avait pas de palmes). La famille juive de Prudence ne nous est présentée qu'en un vulgaire cliché entre un fils homo (mais à kippa) qui répond à son orthodoxe et donc violent papa. Le milieu des motards, ben c'est des mecs qui portent des blousons en cuir, qui boivent des coups dans des vieux rades, qui font la course la nuit et qui tombent à moto (tu voulais quoi, qu'ils citent Kirkegaard ?). Du cliché ! "Mais non, c'est pour centrer le film sur le personnage" qui n'est qu'une ado qui sèche, qui ment, qui fume, qui se fait dépuceler et qui veut mourir. Du cliché ! Le film n'approfondit pas plus. 
 En somme, on ne demande pas à un premier film d'être parfait, ce que l'on peut attendre c'est de la singularité, dans le point de vue, le style ou autre... qu'importe. Ce que l'on veut c'est de la fraicheur, pas que l'on nous sorte les vieux camemberts pourris d'un cinéma passéiste. On a le droit d'aimer des auteurs et de les citer, mais les singer... Happy Few a au moins le mérite d'essayer (les scènes de la farine ou des BoboIphone), The Town réussit au moins à accrocher le spectateur, Belle Epine.... rien, juste des scènes d'une mollesse (oui, le plafond est très présent, Olav) et d'un manque d'audace tel qu'on en finit par avoir des raideurs dans le dos et comme une envie de se lever. Voilà un film qui fait semblant d'avoir des choses à dire... et des choses personnelles en plus.

17 novembre 2010

Les petits mouchoirs - Guillaume Canette - 2010

Bienvenue dans le grand quizz des Petits mouchoirs ! Allez, on fait tourner les serviettes !!
Première question : pourquoi aller voir ce film ?
Parce que les autres séances sont complètes.
Deuxième question : pourquoi rester pendant les 2H30 ?
Merde, là j'avoue je sais pas... parce qu'il pleut dehors ? Mais non, mais non, c'est juste pour pouvoir chier à nouveau sur le cinéma françaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiisss !!
Troisième question : dites la vérité ! Pourquoi être allé voir ce film ?
Bon, ben... parce que....
Dès le début Jean Dujardin ferme sa gueule, définitivement et ça fait un mauvais acteur en moins. Parce que François Cluzet joue un connard de première et que c'est trop rare dans le cinéma français, surtout un personnage de cet âge là (Bacri, Lanvin et consorts...).
'Puis quand on ne sait pas écrire un film, on case tout n'importe comment, les personnages disent et font n'importe quoi dans les 5 premières minutes pour qu'on sache qui c'est quoi. C'est un film produit par Luc Besson donc c'est l'histoire d'un mec qui veut retrouver une pute, en faisant des allez-retours Paris-Bordeaux en Audi. C'est génial car cette fois le héros pleure sur la route alors il prend ses petits mouchoirs dans sa boite à gants.

Plus sérieusement c'est un super film (4 millions d'entrées à l'heure où j'écris, quand-même, comme Terminator 3 ou Pearl Harbour... on pleure aussi donc), parce que le plan en hélico sur la dune du Pyla est trop beau. Le bateau de Max (Cluzet) qui s'appelle Max (car c'est un beauf  de droite) est trop beau. Comme l'écran plat Philips dans la maison, la maquette du bateau dans le salon et la maison elle-même. Elle est chouette, elle est en bois avec une très belle vue sur la mer. Mais Les Petits Mouchoirs, c'est aussi un film trop subtil sur les sentiments. Quand tu vis des moments tristes et que dans ta tête tu commences à entendre un morceau de soul US des années 50 que même toi tu connais pas, c'est trop beau. Tu sais quand ton copain te dit j'ai mal et que tu lui réponds j'm'en fous, j'vais à la plage après il meurt par surprise et toi tu pleures, ben c'est que t'es trop méchant, t'es un con égoïste. Et puis il y a un pêcheur de moules qui te fait la leçon, alors toi tu te dis qu'au lieu d'aller vivre sur Paris et te la péter t'aurais mieux fait de vivre d'huitres et d'eau fraiche.

Guillaume Cannet réussit ce que personne n'avait jamais fait auparavant, faire un film sur ce doute existentiel que l'on a tous à l'adolescence : "...s'il m'arrive un truc, qui sera là, auprès de moi ?..." Le problème est que le père Cannet a 37 ans et que son film ne va pas plus loin. En d'autres mots, voilà encore un film révoltant par sa platitude, la banalité de son propos, le grotesque convenu de sa mise en scène, son pathos tire-larmes et sa fausse morale pour spectateur lobotomisé par des années de Louis la Brocante.

MERDE !!

10 novembre 2010

Venus Noire - Abdellatif Kechiche - 2010

Bon... comment dire... (plan sur la montre) 1 heure de film... heu... si tu veux qu'on parte, pas de problème.
Vénus Noire, ou comment oublier ce qui était brillant dans la Graine et le Mulet et mal fagoter une histoire (vraie) tellement intéressante. A savoir celle d'une sud africaine, Saartjie Baartman, trainée en Europe pour exhiber sa gwosse cwoupe et faire saliver les dandys londoniens qui n'ont que du cul plat sauce cranberry à se mettre sous la dent.
Sur fond de début du XIXe siècle, il n'y avait pas meilleure époque pour étudier les mœurs d'une société sur le point de faire sa révolution industrielle et scientifique (qui va créer l'occident tel que nous le connaissons), et en même temps d'un obscurantisme humain assez crasse (des vieux restes de la renaissance et du colonialisme en marche). C'est l'époque de toutes les contradictions, de toutes les découvertes, de tous les courants de pensées, l'époque où tout s'est côtoyé pour créer notre société moderne.
Mais non, Abd el Hâtif n'en a cure. Mieux vaut s'acharner à faire des plans de 10 minutes sur le visage de Saartjie pour montrer combien elle subit sa condition, combien elle se saoule pour oublier, combien le monde est horrible... L'héroïne descend aussi lentement aux enfers qu'un hamish vers un bordel ! Toute subtilité est ici vaine. Mieux vaut passer 2h45 à retourner le couteau dans la plaie pour vraiment bien attendre la fin tragique.
Pour la mise en abîme, le spectacle de la Venus Hottentote se joue d'abord à Londres, genre la foire de la femme à barbe, puis à Paris dans les salons cossus de la bourgeoisie, qui dégénèrent en partouses de cougars à gogo (franchement toutes ces septuagénaires les seins à l'air, c'est vraiment compliqué à gérer au niveau émotionnel). Bref, c'est de pire en pire pour la pauvre Saartjie, et c'est pareil pour le spectateur. Heureusement qu'Olivier Gourmet joue les dompteurs avec son gros bidon, son gilet en cuir et sa tête de pédophile, voilà une image réjouissante ! "Sale Belge!" Peut on crier. Quitte a être considéré comme coupable par le réalisateur, autant jouer son rôle à fond.

Pour la jouer technique, Kechiche confond récit en spirale avec tourner en rond. Des foires londoniennes aux labos scientifiques français, le césarisé nous montre toujours la même chose (il pense philosopher à coups de marteau, là il nous casse surtout les c$£*µ%es). Une femme censée souffrir du regard et des gestes de ceux qui l'entourent, y compris le spectateur (vous aussi vous êtes venus la voir). Malheureusement, ce n'est pas le jeu de Yahima Torres qui va favoriser l'empathie, au contraire. (Pas)chiche lui conseillant d'être aussi monolithique qu'une pierre tombale. Bref en plus d'être jugé coupable par l'auteur, tout est fait pour nuire au spectateur. L'image numérique semble être un parti pris intéressant, pour une fois que l'on ose avoir une belle photo dans le cinéma français... c'est raté. Après quelques scènes réussies, on s'aperçoit que le Chef Op' a pris congé. Kechiche s'est rappelé qu'en France on refuse l'esthétisme, quel qu'il soit, car on s'interdit de déformer ou d'embellir le réel. Comme si la fiction était omnisciente, objective, quel que soit le point de vue du réal... Bref.  Images cramées, lumières extérieures complètement gâtées (aucun raccord, réflecteurs trop forts...), à croire qu'en France on filme tellement peu de noirs que l'on ne sait pas les éclairer. C'est facile, certes, mais quand on ajoute à cela le refus total d'une B.O, on a plus rien a se mettre sous la dent. On n'a plus qu'à se jeter par terre en attendant la fin et le mini sujet de JT qui accompagne le générique, histoire de remplacer les habituels cartons qui racontent la fin du personnage réel.

En définitive, Kechiche trahit ses intentions premières. Le film n'offre aucune plongée dans l'ombre de notre histoire pour ainsi faire le point sur l'époque actuelle et les relents de racisme encore présents dans notre société (cf. affaire Guerlain, le faux pas en avant de Chirac pour l'abolition de l'esclavage etc.). Les horreurs passées encore présentes dans nos institutions ne l'intéressent pas tant que cela, il préfère être un portraitiste macabre, chiant comme un croque-mort. La pauvre scène du tribunal britannique est la seule occasion d'avoir un discours nuancé sur les soi-disant humanistes (qui refusent de croire qu'une "négresse" sache jouer, ce qui est pourtant le cas). Kechiche rabâche le même pathos et la même naïveté déjà présentes dans l'Esquive afin d'émouvoir la bourgeoisie sur le sort de ce(ux) qu'elle ignore. Il préfère s'embourber dans un discours aussi primaire qu'abrutissant: "Tous Racistes ! Même toi le spectateur."

9 novembre 2010

The Social Network - David Fincher - 2010

Pourquoi The Social Network n'est-il pas un College movie comme les autres ? Sur le papier, ce film retrace la naissance du désormais inévitable Facebook et de son créateur, Mark Zuckerberg. La naissance du colosse s'étant passée dans la douleur, avec plusieurs demandes de paternité au compteur, il y avait certes de quoi nourrir un scénario de long. Bon.
Le college movie est souvent un prétexte (cours, campus, ambiance estudiantine et sentiments adolescents) pour porter à l'écran des jeunes, sans parents dans les pattes, des fêtes sans fin (chouette, des nibards...), des histoires salaces, un joli cadre verdoyant (parce que le college movie à la fac de Nanterre, ça passerait vachement moins bien)... enfin tout ce qui faut pour faire un film agréable à regarder pour les mangeurs de pop corn. On y retrouve les pom-pom girls, les capitaines d'équipe de foot, les membres de l'administration coincés du cul et conservateurs, les geeks, les intellos, les cools et des scénarios tous identiques.
Oui, mais donc ? Pourquoi The Social Network n'est-il pas un College movie comme les autres ?
Parce que le personnage principal (très justement interprété par Jesse Eisenbergest) est à la limite du sociopathe, geek jusqu'au bout des lignes de code et profondément brillant, même si toute l'histoire nait finalement d'une simple déception amoureuse. Penchant plus du côté mon ordi c'est tellement ma vie que je porte que des claquettes de piscine, que du côté, j'ai des lunettes, t'as pas le droit de m'taper l'antihéros nous fait osciller entre la pitié pour une petite bête informatique et le rejet d'un être dépourvu de sentiments. Le capitaine de l'équipe de foot c'est un cyborg sous la forme de jumeaux tellement wasp que c'en est pas possible, les pom-pom girls, des asiates hystéros. Bref, des clichés pris à contrepied dans un film parfaitement rythmé, sans grand parti pris esthétique (Quoi mais t'es aveugle, c'est une photo dans la pure lignée de Se7en et Fight Club), mais on lui pardonne. Un portrait tellement juste d'une société en pleine mutation.

De l'avis de certains, David Fincher se serait assagi. Moins d'effets spéciaux dit-on, moins de caméras qui font la pirouette (cf. Fight Club et Panic Room) et un propos moins outrancier dans ses 3 derniers films. Depuis Zodiac, il serait donc devenu beaucoup plus classique et moins démonstratif. Je ne suis pas de cet avis pour une raison simple, c'est que, dans ses films, les effets spéciaux servent une histoire et non l'inverse. Imaginez Benjamin Button avec des ralentis et des caméras qui traversent les objets, pour nous parler d'une histoire d'amour d'un homme qui traverse le temps en sens inverse... où est l'intérêt. Chaque film à son sujet et le traitement qui lui convient et Fincher le sais très bien. En revanche les effets spéciaux sont omniprésents dans Zodiac (le San Francisco des années 70 refait par CGI -computer-generated image-), Benjamin Button (Brad Pitt vieilli et lifté à souhait) et The Social Network n'échappe pas non plus aux Special FX (l'acteur Armie Hammer est numériquement dédoublé en jumeaux Winklevoss). D'autre part les personnages des films de Fincher sont toujours des prisonniers de leurs obsessions et Fincher leur réserve toujours un traitement peu optimiste (David Mills dans Se7en, Jack dans Fight Club, Robert Graysmith dans Zodiac ou encore le fatalisme de Benjamin Button). Ici on le sait avant d'entrer en salle, Mark Zuckerberg n'a pas que des amis grâce à Facebook, mais le petit génie de Harvard suscite l'intérêt de Fincher pour son potentiel tragique et le bouleversement sociétal qu'a provoqué le plus jeune milliardaire au monde (mais Justin Bieber bosse dur pour le dépasser, il a déjà commander 4 caisses de gloss). Après Fight Club et ses hommes émasculés des 90's, Fincher scanne la geek generation des années 2000. Articulé par des dialogues rapides et incisifs, la structure de The Social Network rappelle un chat (miaou ?). Les échanges ne se font qu'en champ/contre-champ, chacun son cadre/chacun sa fenêtre. Zuckerberg ne sait discuter qu'à la porte (de sa chambre, comme de sa maison), il ne voit le monde qu'au travers de sa fenêtre, toujours derrière un filtre et Fincher poursuit ce parti pris dans sa réalisation. La narration est parfaitement maitrisée, croisant le récit à la fac avec les 2 procès contre Zuckerberg sans aucune répétition. Le rythme frénétique, où toutes les scènes se répondent les unes aux autres comme dans un dialogue (ça dépend avec qui le dialogue, moi j'connais des gens qui mettent des putain de disquettes) (traditionnellement les scènes s'enchainent), nous ramènent donc à l'idée de bouleversement dans les rapports "sociaux" d'un point de vue cinématographique. C'est donc Zuckerberg vs Winklevoss, geek vs  wasp, auteurs (classiques) Vs réalisateurs (modernes, façon Fincher donc, ou Danny Boyle, Quentin Tarantino, un faux amis des auteurs, Jan Kounen et consorts) (heu, j'aimerais bien savoir pourquoi tu mets pas Max Pécas ?).

Comme son nom l'indique, The Social Network n'est ni un biopic' sur Facebook, ni sur son co-créateur ;  c'est avant tout un film sur les rapports humains et les réseaux professionnels qui se font dès l'université (faudrait imaginer le même film sur la Fémis) (oh ! ça dénonce ! CNC, en***és !). Aujourd'hui tout le monde veut être "famous", veut être vu, joignable, en gros connecté avec le monde (merci Bill Gates). Ce qui n'est absolument pas le cas de Mark Zuckerberg, sociopathe (attention, tu reprends mes mots là...) confirmé (dans le film en tous cas), qui dès la scène d'ouverture fait preuve d'un malaise certain et d'un manque de confiance en lui dans un lieu de rencontre comme un pub. Il finira par se faire larguer et fuira dans sa chambre, traversant le campus tête baissée et au pas de course, sans saluer qui que ce soit. Arrivé dans sa chambre, son premier geste est d'allumer son ordinateur, puis accompagné d'une bière fraiche il retrouve ses aises devant son blog où il lâche tout son venin sur sa nouvelle ex'. C'est pas le genre de N*E*R*D* que l'on apprécie donc. Lorsque les autres étudiants font la fête, Zuckerberg, lui, fait de la programmation. Envieux des membres des Final Clubs qui se font livrer des nanas par bus (confirmé par Nathalie Portman, ex d'Harvard et consultante sur le scénario du film), Zuckerberg prend sa revanche en créant Facemash (site de vote de la plus bonne des plus bonnes filles d'Harvard). Avec 22 000 connections en 2h, il suscite l'intérêt de toute l'université et c'est là que les choses changent pour Mark. Fini le temps où l'on admirait les beaux blonds aryens champions olympiques et héritiers de très grosses fortunes. Aujourd'hui le geek fait des ravages et les wasp s'en prennent plein la tête à l'image des frères Winklevoss qui ne gagneront plus rien sur le plan sportif, comme sur le plan "réseau". Symbole absolu de la vielle garde conservatrice américaine, les jumeaux vont se retrouver face aux barrières qu'ils voulaient établir pour leur site HarvardConnect ("transformé" en Facebook par Zuckerberg, je mets des guillemets pour éviter le procès). Les clubs privés, les passe-droits de fils de..., le réseaux de papa tout ça c'est fini, mais les jumeaux ne l'ont toujours pas compris (la page facebook de Tyler Winklevoss, le vrai, n'est pas ouverte à "l'ajout" d'amis, c'est select) (ah ouais, carrément comme celle d'Elyzabeth II !).

Le paradoxe, qui fait toute la force du film, c'est que ce réseaux ouvert nait de la volonté du type le plus introverti de Facebook. Convaincu de son potentiel et du futur succès de son site, Zuckerberg avance tel un rouleau compresseur que rien n'arrête. "Marche ou crève" devient son adage et son meilleur ami, 'Wardo Saverin en paye les pots cassés. Trop naïf, 'Wardo est justement trop attiré par cette vie de privilèges, celle des Winklevoss, il rentre dans une confrérie et en accepte le bizutage, se case avec la première groupie et vend son site à l'ancienne en allant chercher des annonceurs pour les bannières du site. Zuckerberg trouve un écho chez Sean Parker (il est à Mark ce que Tyler Durden est à Jack), co-créateur de Napster, devenu une rock star du web fauché et parano. Mais les dérapages de son nouvel acolyte vont encore isoler Mark. Trônant seul, au sommet de sa tour de verre, avec une cravate qui lui va si mal, son meilleur ami c'est son site.

Portrait d'un cas (à part), comme Jack dans Fight Club, à qui Fincher ne cesse de donner des échos (Zuckerberg va en RDV en pyjama peignoir claquettes), The Social Network nous renvoie une certaine image de nous-même. Nous, membres du premier réseau social en ligne au monde, sommes les semblables des membres du projet chaos d'un certain Tyler Durden.

En tout cas ce que j'ai le plus apprécié, c'est que Tati Bambou s'est concentré sur le film pendant TOUTE sa durée ! Dans les sales obscures, son intérêt tactile et vocal pour moi grandit généralement à mesure de son ennui (Venus Noire m'a mis K.O d'ennui je me suis juste agité quand tu m'as demandé de quitter la salle en plein film).

5 novembre 2010

Mad Max 2 - George Miller - 1981

Bon, si j'ai bien compris, Mad Max 2, c'est l'histoire d'une guerre entre les Sado-masos et les Bobos.
Non ? Bon d'accord, alors grosso modo c'est l'histoire d'un monde désertique où règne la violence, à cause d'une pénurie de carburant. Un monde post-apocalypse plutôt proche de nos préoccupations actuelles, choisissez vite votre camp et préparez vos pantalons en cuir troués aux fesses ! On a d'un côté les méchants vilains vêtus de cuir, de clous, de masques, de chaines pompant ouvertement dans l'imagerie sado-masochiste (pour symboliser la déviance des personnages, m'a-t-on dit dans l'oreillette) (Ah bon qui ça ?) et de l'autre les amis de la terre (...de la terre, t'as vu ça toi ?...), vêtus de blanc et de tentures aux couleurs naturelles, qui défendent l'une des dernières raffineries du coin. Autant dire que les vilains les persécutent et essaient tous les jours d'entrer dans la forteresse en dépit de l'énorme lance-flamme qui leur rôtit la tib à chaque approche. Par-dessus le marché arrive Max, le très frais Mel Gibson dans sa prime jeunesse (quel régal, chères amies, rien que pour ça, le film vaut le coup...), futé, rusé, malin, ce vieux briscard de la chasse au gasoil a plus d'un tour dans son sac. Il se fait en route un ami volant (genre de Looping à la sauce Charle Ingalls, pour le pyjama jaune) qui lui donne le tuyau de la raffinerie du coin. Max finit par s'accoquiner avec les gentils et à défendre leur étendard, au départ, par pur égoïsme et pis quand sa Maxmobile rencontre un ravin et explose, il se retrouve bien obligé de retourner se planquer dans la forteresse. Les gentils parviendront-ils à quitter la forteresse pour regagner leur liberté ? Les méchants sodomites finiront-ils par retrouver le saint chemin de l'église ? Vous ne le saurez qu'en regardant Mad Max 2.

Pourquoi regarder Mad Max 2 ?... Pour vous familiariser à vos nouveaux voisins d'en face, dont le vis à vis sur leurs soirées échangistes SM aux costumes d'Halloween ou Vendredi 13 ne cessent de vous surprendre. Pour vous donner un aperçu de la vie d'après la guerre nucléaire de Ronald Reagan ou la vie que nous promettent Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand d'ici 25 ans. Une vie de western, quoi : chacun pour soi et Dieu pour tous... Ah pardon, ici Dieu est mort apparemment. Comparé à son prédécesseur, le deuxième volet de la trilogie culte de George Miller (qui vient d'annoncer que le tournage de Fury Road, le 4ème Mad Max vient d'être repoussé d'un an car la végétation pullule sur le lieu de tournage) perd sur le plan de la critique sociétale. Mais avec un budget 10 fois supérieur au précédant film, Miller nous offre un joyaux de cinéma, transcendant le genre qu'il a inventé (et influencé d'autres sagas : Matrix, Terminator, Hokuto no Ken, New York 1997, Le Livre d'Eli, K2000 si si  remember) tout en rendant hommage au cinéma de John Ford (Le massacre de Fort Appache, une thématique proche de Dieu est mort ) et plus généralement des westerns. Mel Gibson en est un nouveau Clint Eastwood (un héros solitaire droit et honnête qui ne veut rien devoir à quiconque, ça ne vous dit rien ?...).

Maintenant vous êtes avertis de ce qu'il vous arrivera si vous faites les cons quand les pompes sont bloquées (hhhoooo le fute en cuir troué aux fesses vous guette !!!!).

4 novembre 2010

Bad Guy - Kim Ki-Duk - 2002

Alors Bad Guy, c'est l'histoire d'un Chinois qui a pas trop la cotte avec les meufs alors il leur vole des bisous dans la rue.
Accessoirement, il est aussi maquereau à ses heures perdues (non, il ne fait pas le poisson volant dans la parade du nouvel an, c'est bien le mac, le pimp, le P.I.M.P) et Coréen (mais dire chinois c'était quand même plus drôle) (espèce de Michel Leeb ! Je vais manifester avec tous les Chinois devant chez toi, comme pour Guerlain). Alors qu'une jeune fille l'humilie en public parce qu'il l'a contrainte à une pelle forcée (devant son boyfriend à lunettes plutôt tibenberne), monsieur, proxénète aguerri,  veut la revoir et ne sais pas faire autrement que de lui tendre un piège (un peu grossier et facile, peut-être, mais en tout cas utile au bon déroulement du scénario). En tombant dans ce piège, la jeune fille se voit contrainte à la prostiputition.

De fil en aiguille, on se sait pas réellement par quelle magie (celle du cinéma ?) ou par quel ressort psychologique (le syndrome de Stockholm ?) se tisse un lien fort entre Sun-Hwa (elle) et Han-Gi (lui). Lui tombe éperdument amoureux (sans doute depuis le premier jour), l'épie derrière un miroir sans teint protecteur (et déculpabilisant ?) installé dans sa chambre, elle refuse d'abord sa condition puis se résigne, s'adoucit. Même s'ils n'ont que très peu de contacts et qu'elle n'a aucune raison de lui renvoyer cet amour, le silence très significatif de cet homme quasi muet, la mise en scène léchée et les ressorts romantiques du miroir sans teint réussissent à emporter le spectateur dans un doux voyage, en suspension au-dessus d'un milieu peu ragoûtant.

Le film démarre sur un gros plan de la bouche d'Han-Gi mangeant, fumant. Voilà à quoi va servir sa bouche durant les 2 prochaines heures de film. C'est lui qui donne toute sa force au film. Les dialogues n'existent plus là où les autres parlent, inventent des excuses, Han-Gi observe et agit. Kim Ki-Duk parvient parfaitement à extraire toute la puissance poétique de son Mac Muet (le nouveau Burger des McDo' de Séoul... Elle est bonne hein?!). Han-Gi est donc condamné à agir pour se faire comprendre, pour s'exprimer et en bon Bad guy, il n'agit pas comme il faut. Toujours à cran comme l'exige la loi du trottoir. Han-Gi ne connait que celle-ci et c'est elle qui l'a fait. De ce parfait sociopathe, Ki-Duk nous plonge dans ce monde glauque et âpre avec une grande maitrise et toute la justesse que cela demande, la poésie en plus (ne cherchez pas les nains de jardins qui parlent, ce n'est pas du Jeunet ni du Disney). Seule ombre au tableau, les raisons psychologiques de Sun-Hwa sont un peu plus elliptiques et filent une écharde dans le pied du récit de cette improbable idylle.

En conclusion, 15 minutes de plus pour prendre le temps de comprendre Sun-Hwa et une photo un peu plus poussée auraient fait de Bad Guy un parfait Tibolux. En tout cas on reconnaitra l'originalité et l'audace du réalisateur de traiter à fond ce sujet qui aurait fini en Pretty Woman si nous avions été à Hollywood, que dire si c'était dans l'hexagone (Marina Foïs en pute sexy et Guillaume Cagette en macro ?... Cagette à maquereaux HAHAHAHAAHAHA... encore un moment de solitude, hein? ). En tout cas sur ce blog on affirme une vérité (évidente... oui on ne prend pas de risques de peur de se faire cambrioler nos disques durs), la Corée du Sud sait faire de vrais films, avec la force et le traitement qu'il faut ( Old Boy, Friend, The chaser, Président last bang...), là où le Saint-Bois de L.A se pose la question existentielle du "est-ce que ça va être un film tout public ?". Bad Guy pour les 7 à 77 ans... cherchez l'erreur.

1 novembre 2010

Total Recall - Paul Verhoeven - 1990


Un bon matin, on se réveille la tête dans le cul, comme après un bon cauchemar. Le son des marteaux piqueurs du chantier d'à côté  vous ramène à la bonne réalité du quotidien. Celle où l'on aime se rappeler devant son bol,et les infos du matin, la chance que l'on a de vivre en France. Ben oui, la télé est là pour nous rappeler qu'être Français ce n'est pas comme être Chinois, Afghan ou autochtone de RDC (d'où des rebelles sanguinaires viennent défiler pour notre fête de la prise de la Bastille). La France est un pays sécurisé : sécu, retraite, allocation chômage, caméras de surveillance, CRS pour nous débarrasser des casseurs et des clandé' puis la bombe atomique pour dissuader les vils dictateurs de nous envahir. Après un rêve désagréable, il est donc plus rassurant de retrouver celui (ou celle) qui nous est cher, au chaud chez soi, dans son bon pays. Après son bol, on quitte son domicile pour aller travailler et en chemin on ne manque pas de se faire harceler par la pub. On en retient le nouveau morceau de la pub Rekall, agence de voyage imaginaire, directement repris d'un célèbre morceau. Arrivé au boulot, on s'aperçoit que ça fait 6 mois que l'on gaspille son énergie à régler des problèmes pour lesquels on paie des gens pour le faire à sa place mais bon... On est en France, pays tellement sécurisé que les gens s'en foutent de faire leur boulot, ils seront payés pareil. Au final, on se dit qu'il nous faut des vacances. Mais ça coûte trop cher. Puis l'assurance n'a toujours pas remboursé l'avance sur réparation d'il y a deux mois. Heureusement Rekall à la solution qu'il vous faut. Pour quelques billets, achetez-vous des souvenirs de vacances (à défaut de voyager soit-même) et avec l'option Photochiotte Premium +, on vous laissera même un lien vers vos photos pour les ajouter vous-même sur Facebook. Vous pourrez montrer à vos amis virtuels vos super souvenirs fictifs. Vous savez que chez Rekall il y a des risques de finir lobotomisé mais bon à cette heure-ci on est prêt à tout pour se changer les idées. Surtout maintenant que l'on doit avoir peur de mourir d'un attentat. Ben ouais, le chef des terroristes martiens a décider de pointer son nez pour nous faire peur. Vous savez, ces barbus aux mœurs étranges (à ce qu'il parait ils se marient à 4 femmes et font des centaines d'enfants par foyer). "Oh nooooon, je venais de retrouver espoir, ma station essence vient juste de rouvrir..." s'exclame Douglas Quaid, le héros du film traité en filigrane.

Donc ce brave Douggie tente sa chance chez Rekall et veut se la jouer Agent Double en vacances sur Mars pour aller péter la gueule à ces connards de terroristes. Oui, à la différence de beaucoup de Français, Douggie est un patriote va-t-en-guerre, mais il ne le dit qu'au moment du vote. Pour preuve, sa femme est blonde aux yeux bleus, elle ne s'appelle pas Marine,  mais bon... Dans le fond Douggie n'aime pas les blondes il préfère les brunes athlétiques aux trais latins et c'est pour rejoindre l'une d'entre elles qu'il "se casse sur Mars" (cf. VF du film, souvenir d'enfance ; aujourd'hui les gosses ont Franklin la tortue, moi j'avais Terminator, San-Goku et Douglas Quaid, bref). Finalement, il a quelque chose de sympathique celui-là.

20 ans quasiment jour pour jour (le film est sorti en France le 17 octobre 1990), on a parfois l'impression de se réveiller dans un roman de Philip K. Dick. Blade Runner nous parlait de futurs rapports de force entre les USA et la Chine. La tendance à dépister la délinquance à la naissance de Sarko nous rappelle Minority Report (cela-dit Brice Hortefeux nous l'a mise avec EDWIGE 2.0) et aujourd'hui Total Recall enfonce le clou, aujourd'hui l'hyperréalité est omniprésente. Sarko en est le plus pur fruit. Incarnation à la française de Scarface, se voulant être l'ami des stars de cinéma (de Tom Cruise à Christian Clavier... c'est de mieux en mieux), il arrive surtout à nous proposer un premier (espérons dernier) mandat digne des pires cauchemars de science fiction. "Les français" l'ont élu pour qu'il devienne le héros de notre république "en berne". Nous, les spectateurs de ses exploits au 20h comme sur le web. Éjecté de l'Ena (à défaut du gêne de la délinquance, il parvient néanmoins à prouver que l'échec scolaire est héréditaire), arriviste reconnu, diplomate hors pair surtout dans le 93, comme dans un jeu de télé-réalité nous avons voté pour le pire candidat. Notre Michael Vendetta de l'Élysée a ce point commun avec Douglas Quaid, il vit son rêve, lui. Réveillons-le. Avec une bonne lobotomie, lorsqu'il se demandera s'il rêve avant d'embrasser Carla à la fin du film, il aura le dos tourné et ne verra plus qu'une belle image blanche.