21 octobre 2010

La mouche - David Cronenberg - 1986

La mouche ! Quel titre étrange pour un film, ça pourrait-être une comédie (pour les adeptes de l'église de scatologie) (ou aussi pour les gens un peu soupe au lait). Mais non ! Il s'agit de Science-Fiction, d'un remake même (The Fly de Kurt Neumann, 1958) et à l'époque les remake savaient être meilleurs que leur modèle. Le couplet du film que vous devez découvrir me fatigue d'avance et la plupart d'entre nous l'ont déjà vu, en plus. C'est un chef-d'œuvre, un classique du genre, et blablabla.

Pour faire court, THE FLY (c'est plus sympa en V.O (Fly Robin fly, up, up to the sky !)) c'est l'histoire de Seth Brundle, Jeff Goldblum à la vie (qui a une sacrée tête de tib dans le film), un petit génie de la science qui entre deux branlettes (tout ça parce qu'il dit ne pas avoir de vie, c'est peut-être un ermite qui a fait vœu de chasteté pour servir le Dieu Science...) s'est mis en tête de créer un téléporteur. Avec toute l'arrogance d'un jeune premier, il parle trop de ses travaux à une journaliste avec qui il finit par s'acoquiner (rho le con, il avait même pas remarqué qu'il parlait à Geena Davis encore fraîche !!). Un soir de déprime ("la salope est allée voir son ex", dit Seth), après une bonne cuite, le savant fou se dit qu'il va utiliser lui-même sa machine. Comme la mouche, en train de bouffer le pâté de 8 jours qui traine, aime bien Seth, elle décide de l'accompagner en scred dans le téléporteur. Seulement, l'ordi est programmé pour ne téléporter "qu'une personne à la fois" (comme les fonctionnaires, c'est une machine française), et il décide donc de fusionner Seth et la mouche. GRÂCE A LA FORCE DE LEURS POUVOIRS CONJUGUES, VOICI LE CAPITAINE PLANET !... ou plutôt BRUNDLEMOUCHE (so ridiculous comme nom de projet, quoi).

D'ordinaire, les héros sont couplés à des bébêtes plus glamour : Batman (une chauve souris c'est moche, mais Bruce dans son latex... hmmmm! oui surtout quand c'est George clowny Clooney qui le joue), Spider-man (c'est toujours mieux qu'une mouche et ça tricote des toiles), Wolverine (le glouton en Anglais... dans les Comics en VF on l'appelait Serval de mon temps, c'était plus sympa ; moué, je suis pas sûre)... Bon ok en fait les héros en collants ne sont pas toujours inspirés par des animaux qui ont la classe, bien au contraire (et encore, t'as oublié les Tortues Ninja). David Cronenberg s'en est bien rendu compte, lui, et il a assumé à 200% le statut de son Seth "la Mouche" Brundle. Prétexte idéal pour traiter un thème cher à ce cher David : la chair.
De Rage aux Promesses de l'ombre (son prochain film racontera le cas d'une patiente hystérique de Carl Jung, ce dernier s'opposant à la psychanalyse de Freud, son mentor. Histoire moins viscérale de prime abord), Cronenberg n'a pas cessé de nous fasciner à propos de nos entrailles (perso, je les aime bien où elles sont et moins à l'écran). Pourquoi ? Pff ! J'm'en fous moi, j'suis qu'une pauvre tib qui regarde des films avec de l'hémoglobine et des effet spéciaux signés par des maîtres pour briller dans mes dîner entre amis. Plus sérieusement. La vie a ses secrets et ses mystères que la chair recèle au plus profond de l'atome... ZZZZZZzzzzzzzZZZZZ Où en étais-je ? (hé, mais tu me l'a pompé cette phase du lecteur ou du rédacteur qui s'endort !)... Oui ! La mouche, ou "Bzzzzz" en Zaïrois, c'est surement l'un des films de Cronenberg qui traite le plus largement la question de la chair et de son altération par l'homme. Sexe, drogue, force, nutrition, mental, reproduction, tous les sujets y sont traités (t'as oublié le vomi aussi), voilà de quoi attiser notre curiosité. Seulement, la mouche de Cronenberg n'a rien d'héroïque. C'est au contraire un film d'horreur Bio (c'est bon, c'est bio, c'est Cronenbiorg) et comme c'est dans l'air du temps et que le film a quelque peu vieilli (comme tout bon camembert qui se respecte), nous vous encourageons à (re)découvrir La Mouche.

PS : Bon anniversaire à Jeff Goldblum qui soufflera ses 58 bougies le 22 octobre. Il ne nous connait pas, mais nous oui. (ouais, salut Jeff !) T'inquiète chouchou, je suis sûre qu'il lit notre blog de toute façon...

19 octobre 2010

Brazil (Final Cut) - Terry Gilliam - 1985

Alors Brazil, c'est l'histoire d'une tête de tib, qui est burolier chez Big Brother. Chaque nuit, il rêve d'être le preux chevalier ailé d'une nymphe blonde emprisonnée. Entre la réalité aliénante de son travail pour l'état policier, sa mère accro à la chirurgie esthétique et ses nuits torrides déguisé en ange, il a tout juste le temps de rentrer au Palacio (pas la boite, la cité de Noisy-le-Grand, véridique, vous pouvez checker Wikipédia) où se trouve son home sweet home, bientôt pris d'assaut par des réparateurs fous et un saboteur cocasse. Bref, Brazil, c'est surtout l'occasion d'imaginer ce que pouvait être en 1985 un monde très proche de 1984 (quelle drôle d'idée). Le film a d'ailleurs vraiment bien vieilli, entre autres grâce à un visuel barré qui le rend proprement intemporel. Gilliam marque donc de son empreinte le film, tout en empruntant à de célèbres visionnaires comme Jules Verne, Jacques Tati, Fritz Lang, l'architecte honteux du Palacio de Noisy le grand et j'en passe. L'ex-monty python nous conte là un cauchemar poétique qui se voulait être LE film inspiré (à défaut d'adapté) d'Orwell et réussit là où Michael Radfort se viande littéralement malgré sa mention adaptation officielle.

Brazil est en quelque sorte l'équivalent au cinéma d'un Alice au pays des merveilles. L'univers est tellement étrange que la question "est-ce logique ?" nous importe peu. Seules les émotions comptent. Du pur cinéma. Nous n'avons aucune info sur le lieu, ni l'époque exacte, on ne nous laisse qu'un simple : "à un moment du XXème siècle" chacun se laissera donc porter par son imagination ou son dictateur local pour situer cette histoire, malheureusement d'actualité. Comme tout classique, Brazil a influencé de nombreux films, Matrix, Dark City (on me dit dans l'oreillette que je me répète), Cypher, Loft Story et la moitié du programme électoral de Nicolas "Piccolo" Sarkozy. Une œuvre qui a fait date en somme.

17 octobre 2010

The Host - Bong Joon-Ho - 2006

Oui, d'accord, c'est un film de monstres. Mais pour votre gouverne, c'est aussi un film coréen (souvent gage de qualité, voir The Chaser, ou le défilé de présentation du fils de Kim Jong Il), ainsi qu'un très beau portrait de famille et de société. En effet, il n'y a pas de mauvais concept, il y a de mauvais traitements (on l'a déjà dit au sujet du cancéreux de la Remington pour Le bruit des glaçons). On est très loin du Godzilla de Roland Emmerich et la Corée du Sud nous rappelle que l'on peut faire de très bons kaijū eiga (film de monstres en japonais) comme les King Kong (1933 et 2005).

The Host c'est avant tout l'histoire d'une famille désunie, les Park. Le patriarche et son fils aîné, Gang-Du, tiennent un petit snack au bord de la rivière Han. Gang-Du a une petite fille, Hyun-Seo, qui ne prend pas son père très au sérieux et elle a bien raison. Gang-Du s'avère être une sacrée tib : il mange les pattes des poulpes de ses clients, dort sur son pour-boire et incite sa fille d'environ 11 ans à boire de la bière. Mais chez les Park, il y en a qui gagnent, ou presque. L'archer Nam-Joo, la benjamine, représente la Corée aux J.O alors que le cadet, Nam-il, est un jeune diplômé au chômage qui a passé plus de temps chez les activistes (militant contre le président Kim Young-Sam) qu'aux cours magistraux. Un jour, grâce au génie des militaires américains (toujours actifs en Corée) des tas de produits zarbis sont déversés dans la Han. Quelques temps après, un monstre fait son apparition et attaque les promeneurs des rives du fleuve. Il attaque les gens et en mange quelques uns puis décide de prendre son dessert à emporter, la petite Hyun-Seo, sous les yeux hébétés de son père qui pensait la tenir par la main dans sa fuite mais qui a sauvé une autre jeune fille en uniforme. Damn Tib ! Une fois la situation exposée, il ne reste plus qu'à la famille à faire le deuil de la petite : sauf que celle-ci arrive à passer un coup de fil depuis les égouts où la bête l'a déposée pour la roucher plus tard. Commence une lutte contre le temps et contre les autorités sanitaires ; la famille,
maintenant plus qu'unie, se heurte à l'hystérie collective d'un probable virus diffusé par la bête et à l'armée qui entend gérer le problème à grands renforts d'agents bactériologiques.

Vous l'avez remarqué plus haut, Bong Joon-ho façonne le portrait d'une Corée complètement dépendante et sous le joug de l'armée américaine. Celle-ci se comporte avec les autochtones comme elle le fait en Irak (par exemple) et se croit souveraine. Les Park illustrent les paradoxes de la société Coréenne, les difficultés d'insertion des jeunes diplômés, une puissance mondiale qui peine à se faire remarquer sur la scène internationale. Mais surtout là où le film surprend c'est qu'il a même un fond écolo! Oui Oui ! Là ou les premiers Godzilla dénonçaient les effets secondaires des bombardements de l'été 1945 ; là où le Godzilla made in U.S dénonçait la reprise des essais nucléaires par Jacques Chirac ; The Host rappelle au maire de Seoul ses promesses de campagne : "qu'à la fin de son mandat, il sera le premier à se baigner dans la Han". A première vue, les auteurs de
kaijū eiga ont une dent contre Chirac. Les cinéastes Français devrait se réveiller un peu.

11 octobre 2010

Apocalypto - Mel Gibson - 2006

Alors, Alopaclypo c'est l'histoire de petits pygmées dans la jungle. Ils vivent de chasse et de cueillette et passent leur temps à se charrier ou à se percer les oreilles. Ils construisent des pièges à tapirs et se frottent le kiki avec des plantes épicées (encore une mauvaise blague entre hommes).

Jusqu'au jour où Mel Gibson, le réalisateur, leur envoie des méchants. Les mêmes pygmées qu'eux, mais en plus féroces, en plus avides, en plus tatoués, en plus percés, en mieux armés. Ces vils gredins viennent raser notre village de gentils chasseurs pour faire des prisonniers et les emmener à la grande mégalopole maya. C'est une raffle pour faire court. Parmi ces prisonniers, Patte Jaguar, jeune chasseur accompli qui va apprendre à... courrir. Oui c'est 2h20, de course à pied et c'est plus jouissif qu'un 100m d'Husein Bolt.

Et pourquoi est-ce jouissif ? Parce que la vie à l'état naturel, son innocence, la proximité des hommes et la force des valeurs qu'ils transmettent sont touchants et mettent en évidence le décalage existant avec notre vie "moderne". Parce que l'on découvre la reconstitution d'une civilisation perdue, à son apogée, juste avant l'arrivée des colons européens marquant sa décadence. Parce que la mégalopole maya, noyée sous la jade et les fastes des cérémonies sacrificielles au dieu solaire, entre coulées de sang et peinture turquoise des sacrifiés est d'une beauté saisissante. Et parceque la dernière partie est un petit joyau de cinéma. Notre héros, Patte Jaguar transcende le mythe de l'homme Jaguar et dans sa fuite effrénée, il va faire courir ses assaillants à leur plus grande perte... La fin de leur civilisation.

Mythe local, drame historique (qui en rappelle tant d'autres), rite initiatique, passion, haine, rivalité, lutte pour la survie... tous les ingrédients sont réunis et font de ce film un classique, rien de moins. Ce film reste méconnu, depuis sa sortie, car l'aura sulfureuse de son réalisateur l'a précédé et que les choix jusqu'auboutistes, que nous saluons au passage, d'imposer une V.O en Maya n'ont pas attiré un plus large public (encore trop mou et habitué à la bouillie de chat du doublage).

4 octobre 2010

Hors la Loi - Rachid Bouchareb - 2010

Hors la loi c'est une saga familiale, un peu comme Le château des Oliviers ou Tramontane. Sauf qu'en fait, rien à voir.

Ça commence en Algérie où le french colon refuse l'indépendance demandée par le peuple. Les manifestations sont réprimées dans le sang et le papa de l'histoire meurt. Restent trois fils. Comme les trois petits cochons, chacun s'est construit sa maison : Abdelkader (Sami miam Bouajila) l'intellectuel au regard de braise derrière ses lunettes a la plus robuste, celle construite avec les idées et l'intégrité (en plus il fait de la prison, tu parles d'une maison robuste !). Le second, Messaoud (Roschdy miam Zem) s'est engagé dans l'armée pour combattre en Indochine des ennemis qui ne sont pas les siens (Contrairement à Mohamed Ali). Sa maison de bois, il l'a construite avec ses muscles et des idéaux de fraternité, d'ordre et de soumission (?) envers la France. Le dernier, Saïd (joué par Jamel Theuriau) s'est vite-fait monté une cabane en paille, entre deux matches de boxe qu'il a organisé. C'est d'ailleurs lui, le petit débrouillard un peu borderline, qui rejouera à peu de chose près une scène du Parrain.

Chacun des frères représente donc un degré d'engagement politique, d'intégrité, de respect des lois ou d'opportunisme qui changera pas du début à la fin du film. Qui s'affirmera même une fois arrivés en France, dans les cahutes du bidonville de Nanterre. Chacun campera sur ses positions, au risque d'y perdre la vie ou de trahir ses frères.

Pour en revenir à l'actualité, ce film n'a absolument rien d'anti-français : venant d'un réalisateur français et de comédiens français, c'est quand même une insinuation absolument débile (un peu de critique assainit l'esprit d'une nation, c'est évident). Il raconte seulement un épisode de l'histoire, sanglant et violent dans chacun des deux camps. D'ailleurs Bouchareb rappelle qu'entre le terrorisme et la résistance, il n'y a très souvent qu'une question de point de vue. Les nazis rappelaient aux peuples occupés que les résistants étaient des terroristes... ça laisse à réfléchir sur le martelage d'aujourd'hui : les jeunes de banlieue ("ben oui dans le Droit de savoir, ils l'ont bien dit") ; les musulmans ("Mon dieu un Quick'n'Toast Hallal !"; "Quoi? Une mosquée près de ground zéro? Je vais bruler des Cor'an le jour de l'aïd el fitr !") ; les libanais ("Rasons des maisons, ils ont deux de nos soldats !"), les Palestiniens ("Contre un jet de pierre, je réplique au missile !"), Al Quaida (heu... mauvais exemple).

Malgré sa longueur évidente et une réalisation manquant parfois de relief, on ne peut pas nier la qualité du scénario et des comédiens. A en juger par la très belle scène au parloir entre Sami Bouajila et Chafia Boudraa (énorme dans son rôle de mère des 3 petits cochons), qui est surement ma préférée du film. Malgré tout, Bouchareb perd parfois ses personnages en route. La conviction d'Abdelkader (Bouajila) conduit le film ; "la vie de rêve" de Tony Montana (Debbouze) n'appartient qu'à l'exposition, il ne sera là que lorsque l'on aura besoin de lui ; alors que la nouvelle vie de Messaoud (ZemZem comme la fontaine) entre père de famille et bras armé du FLN reste floue et se contente de deux croisements dans les rues du bidonville de Nanterre du type :
"Salut chérie, je viens de tuer 2/3 français et toi, tu fais quoi ?... Ah, tu accouche de mon fils ?... bon ben je ne vais pas trop te déranger alors, je repasse."
et
"Salut chérie, t'as fait à bouffer? J'ai la dalle, je viens de butter un inspecteur dans un commissariat, j'suis plus fort que Terminator, hein?... Ah bon, mon fils sais marcher... j'suis content de l'apprendre. A bientôt."

Oui "Hors la loi" n'est pas un chef d'œuvre mais ils parvient très bien à nous faire oublier le téléfilm larmoyant pour le samedi 20h30 de France 3 que fut... je ne connait plus le titre du film... désolé.