29 décembre 2010

Bilan de l'année 2010

Par ce temps glacial, les tibes que nous sommes vont entrer en hibernation. Nous vous laissons ici un petit top 3 des films qui nous ont plu en 2010, que l'on vous recommande pour 2011 si vous les avez loupés.

Tati Bamboo
On nous as promis du grand cinéma en 3D, mais en dehors d'Avatar on n'a rien trouvé de potable. Quoi qu'il en soit, le retour d'auteurs comme David Fincher (qui avait un peu déçu avec Benjamin Button) ou Gaspard Noé (qui, depuis Irréversible, s'est fait attendre comme ma mère pour sortir en famille) confirme qu'il y a encore des enfants terribles sévissant sur pellicule et moi j'aime ça !

1. The Social Network de David Fincher
En voilà un film qu'il est sophistiqué, tellement que le scénario il est bien écrit, tellement que les acteurs sont doués, tellement que le réalisateur maitrise sont sujet. Sans envier l'Avatar de James Cameron et son statut de Classique du 21ème siècle, The Social Network est résolument LE film sur la "génération facebook", le geek-power, en somme les rois des 50 prochaines années. Rien que ça!


2. Inception de Christopher Nolan
Digne héritier de Georges Méliès et ses adaptations de Jules Verne, Christopher Nolan visite nos rêves, les met en images, nous ébahit et use de son cinéma pour détourner notre attention et nous mettre ses propres doutes dans la tête. Du grand art.

3.Enter the Void de Gaspard Noé
Délire hallucinogène pour certains, merde sans nom pour les plus radicaux, avec Enter the Void, Gaspard Noé prouve encore qu'il sait faire parler de ses films. Sa mise en scène, franche, parfois crue, ne laisse aucune échappatoire à son spectateur (ce qui semble déranger certains). Papa Noé nous parle de choses simples, la vie dans toute sa beauté et sa cruauté. Il est certainement, aujourd'hui, le plus poétique et onirique des cinéastes français (contrairement aux 80% de feignants, de bobos et autres fils de... qui occupent la profession dans l'hexagone) sorte de Terrence Malik punk! Moi j'aime ça!


Tati Bamberne
Aimerait décerner la Palme (du nageur cul-de-jatte) à Inception. Véritable bijou cinématographique, casse-tête intellectuel comme visuel, le spectateur passif n'a pas sa place dans la salle.  En prendre plein les yeux, c'est bien là l'intérêt de ce medium ! L'année a clairement été marquée par ce succès au box-office dont la complexité à créé la polémique. Si vous n'avez rien compris, prenez la peine de revoir ce film au calme, avec du pop corn maison.



Pour 2010, Tati Bamberne aimerait remettre également deux prix de la poésie cinématographique à Bad Guy (Kim Ki-Duk) et Biutiful (Alejandro Gonzales Inaritu) qui bien qu'imparfaits restent tout de même construits sur de belles idées, dont le cinéma mondial n'accouche que trop peu à mon goût. Quand les sentiments humains les plus simples (l'amour, le désir de vivre) sont bien mis en image on peut éviter la facilité du pathos, même pour montrer des choses atroces ou dérangeantes.
Et big up à la Corée du Sud qui sait accoucher de tant de bon films.

28 décembre 2010

A Bout Portant - Fred Cavayé - 2010

Jadis, en France, (snif, snif, ça sent Amélie Poulain) nous étions fiers des polars, un genre bien de chez nous, (comme la saucisse) à ne pas confondre avec le film (ou le boudin) noir. Où à l'appel de noms comme Melville, Clouzot, Sautet ou encore feu monseigneur Corneau, nos pères trépignaient devant la porte (ou leur canapé), enfilaient leur gabardine, leur Borsalino et fumaient une clope le temps du trajet pour le cinéma au volant de leur Peugeot 309 (oouuhh, je sens qu'il y avait du mafieux dans la famille...). Puis 20 ans de silence (shuuut). Aujourd'hui des canards boiteux comme Olivier Marchal (et ses scénarii bons pour les Feux de l'amour) ou autres Lucas Belvaux et ses intentions auteurisantes ronflantes à souhait tentent de raviver le genre. Mais voilà qu'après la leçon d'Un Prophète, un autre talent revient à la charge pour enfoncer (boum) au bélier (bêêê) la cellule (klang) du polar français (babebibobu).

Fred Cavayé (parent de Roger Cavaillès ?) prolonge l'aventure Pour Elle, avec cette fois-ci le marathon A bout portant. Samuel (Gilles Lellouche), futur papa et jeune infirmier, voit sa femme se faire enlever sous son regard impuissant (oui, dans les vaps après un coup sur la cafetière, on est effectivement impuissant). Il doit faire sortir de son lit de convalescence, Hugo (Roschdy Zem), un bandit de grand chemin (de grand chemin ? Ah ouais ? avec un balluchon et des godillots troués ?), s'il veut revoir sa femme. La problématique est très simple, très forte, comme dans Pour Elle (dont Paul Haggis, Collision et Casino Royale, sort le remake, Les 3 prochains jours, au même moment) et Cavayé nous tient en haleine pendant 1h30. Pourquoi il réussit là où d'autres pataugent ? Parce qu'il digère très bien ses références françaises et américaines (Die Hard, Ennemi d'État...). Il parvient à faire ce lien entre le polar franchouillard avec ses tronches (Lanvin est nickel) et l'action "hard boiled"  (je préfère l'action à la coque, s'il-vous plaît) des films US et Hong-Kongais des années 80-90. Fred Cavayé fait donc preuve d'ouverture et d'amour du travail bien fait (à commencer par le scénario), dans un cinéma d'action français ou règnent les bessonades (alors c'est l'histoire d'un chinois, qui protège une pute et qui roule en Audi) et les polars nombrilistes (Un nombril a 24 heures pour retrouver le cordon qu'il a perdu à sa naissance). Cet Apocalypto urbain (ha, carrément ?) évite tous les clichés et autres passages obligés des films de cavale et se conclut dans un final tendu (doing) mais étonnant par sa sobriété.

A bout portant étonne par son efficacité, son rythme et la qualité de sa réalisation. Ce qui pouvait sembler irréel pour une production hexagonale, est démontré avec brio par Fred Cavayé, comme le fit jadis Florent Siri avec son Nid de guêpes. Espérons que les producteurs auront retenu la leçon et cesseront d'accorder du crédit à des cloches qui ne jurent que par le "refus du spectaculaire" (Truands) dans des genres populaires, avec des histoires inspirées de faits d'autant plus spectaculaires.

Pour clore ce billet, j'aimerais remercier Tati Bamboo d'avoir effacé mon billet initial lors d'une manipulation quelconque. 

27 décembre 2010

Scott Pilgrim - Edgar Wright - 2010

S'il y a bien un scandale à retenir cette année, ce n'est ni la marrée noire BP ou l'affaire Bettencourt (ou encore l'interview présidentielle de décembre) mais bel et bien la distribution de la comédie de l'année (heu, j'ai l'impression que vous oubliez de nommer les Petits mouchoirs, ça c'était une bonne comédie) Scott Pilgrim. Adaptation de la dernière BD dans le vent, chez les geeks, Scott Pilgrim est la dernière pépite de l'Anglais Edgar Wright (il n'a jamais tort dans les pays anglophones), responsable des barres abdominales que sont Shaun of the Dead et Hot Fuzz. Wright abandonne ici son duo fétiche, Simon Pegg (un cochon) et Nick Frost (un bonhomme de neige), pour nous narrer les péripéties amoureusement pixelisées de Scott Pilgrim. Bassiste d'un groupe de jeunes clampins (les Sex bo-bombs), geeks jusqu'aux ongles, la vingtaine, Scott est un bourreau des cœurs (à le voir on a du mal à le croire mais comme les geeks sont très à la mode de nos jours...), sans travail, ni appart, squattant le lit d'un gay loufoque (juste en face de sa maison natale). Alors qu'il commence à se lasser de sa dernière conquête, une lycéenne asiate groupie number ONE du groupe, Scott a le coup de foudre pour Ramona et sa teinture mauve (Y a du Gondry dans l'air). Il va tenter de jouer au polygame (avant de passer aux polygones (ou au popolypopouette)) jusqu'à ce qu'il découvre la malédiction portée sur Ramona. Scott doit se débarrasser des 7 ex-boyfriends maléfiques de sa girlfriend, qui sont de surcroit une troupe de gros nazes aussi prétentieux qu'égocentriques, interprétés à juste titre par des cabotins (cabotins ? ah oui ?) d'Hollywood (Lucas Lee (encore un Chinois, sans doute), vu en Johnny la torche (il prend feu quand il s'énerve ?) dans les 4 fantastisques et prochainement en Captain América ; Brandon Routh (rousse ?), vu dans THE MAN EN SLIP, Superman returns) castés pour s'autoparodier. Entre les 7 salopards de Ramona et ses propres ex-girlfriends Scott doit donc péter le score et éviter le GAME OVER.

Au delà d'une simple adaptation de Comics, Scott Pilgrim fait partie des rares films ayant su adapter au cinéma l'univers et l'esprit des jeux vidéo, contrairement à toutes les adaptations sorties par le derrière que l'on nous propose depuis presque 20 ans. A l'instar des frères Wachowski (la saga Matrix et notament Speed Racer), Edgar Wright réussit son pari en offrant un film assumant franchement son caractère geek, usant de tous les codes visuels propres aux comics et aux jeux vidéos old school (Mario Bros., Street Fighter II...) ce qui permet d'ouvrir le film à un plus large public, sans jamais mépriser son spectateur ni son récit. On assiste donc à un spectacle très frais, drôle et  jusqu'au boutiste ce qui est encore plus rare dans une comédie. Wright multiplie des références bien digérées et transcende les codes narratifs du jeu vidéo sur sa pellicule. Scott récupère ici des atouts après chaque victoire (1 Up), lui permettant d'avoir plus de facilités face au boss de fin (Bowser qui lance des marteaux) (le climax du film donc). En attendant le DVD (le film n'est plus en salles, merci Universal pour votre dist(r)ib'), Tiborama vous offre un petit échantillon du travail d'Edgar Wright sur Spaced, sa série d'antan, où il laissait préfigurer ses ambitions ciné-vidéoludiques en cliquant ici. (clicolic)

8 décembre 2010

Breves de Décembre

Le Guet-Apens - Sam PECKINPAH - 1972 - Double Tib **

McQueen & Sam Peckinpah, what else ? Mêler une intrigue de film de braquage à un cas de divorce façon Bonnie and Clyde en mode je t'aime moi non plus, semble être un pari réussi pour Sam Peckinpah. Le thème de la famille est au cœur de cette chasse à l'homme, ce qui pourrait dérouter. Loin de l'approche du clan à la Coppola, Peckinpah agrémente sa cavale, du retour au lit conjugal d'un ex-détenu en perte de repères. Un must qui rappelle que le film d'action n'est pas un sous-genre, contrairement à ce que nous laissent croire les tâcherons responsables de
Braquage à l'italienne (Millésime 2003), Jason Bourne ou autres 60 secondes chrono (Millésime 2000, oui encore un mauvais remake)...
OUTRAGE - Takeshi KITANO - 2010 - Juste Tib * (pour elle); Double Tib ** (pour lui)

Des Yakuzas, des hommes d'un autre âge (comme la mise en scène, fait gaffe tu risques la contradiction), des trahisons à en perdre la tête (allez reconnaître un chinois d'un autre chinois... pour les amis de Marine), la fin d'une époque et l'avènement d'une aire nouvelle pas franchement florissante. Sur le papier c'est du Kinji Fukasaku, (branlette, spéciale Cahiers du cinéma... si ils le connaissent...) mais Kitano revient, dans un hommage à ce même Kinji, qui l'a fait passer derrière la caméra il y a plus de 20 ans. Nouvelle équipe technique et nouveaux visages, l'accidenté nippon revient sur ses terres, sur ses thèmes (les soins dentaires en milieu mafieux), avec un nouveau gang donc. Le film laisse une impression de déjà-vu (ou de somnolence), mais ce rafraichissement artistique et thématique ravit le gourmand de tatouages (10 secondes dans le film, mais des beaux, c'est vrai), de phalanges (coupées) et de grossièretés nippones que je suis. Un film de mâle (déviant ?) diront certaines (non, je dirais juste chiant) ou de bon Clint Eastwood à l'ancienne. Pour les fans de crevettes négligées from Paris, c'est juste en dessous.
L'homme qui voulait vivre sa vie - Eric LARTIGAU - 2010 - Juste tib (et demie)*

Tout commence par un film de bobos (again and again). La vie de famille de Paul Exben et de son épouse (Foïs, encore !) fout le camp, elle finit par demander le divorce. Suite à un malentendu gestuel en forme de tesson de bouteille, le voisin-amant meurt... Paul profite de l'occasion pour rebondir à coup de fausse mort en bateau et partir "vivre sa vie" (on the road... ) sans trop de remords sous l'identité  du voisin congelé (premier contrepied du "film français" habituel, qui choisit soit la comédie, soit le drame, soit la copie de nouvelle vague, soit le film de flics). Le premier tiers du film est passé. Changement total d'ambiance et de décor, Paul commence sa carrière de photographe en Europe de l'Est. Il y fait des rencontres (Niels Arestrup, toujours aussi bon). Même si le côté  je change de vie, je suis un homme nouveau dans mon gourbi grâce aux vraies gens que je photographie  est un peu convenu, la tension  présente tout au long du film (peur d'être démasqué, poursuivi pour usurpation d'identité ou meurtre) sans être écrasante a au moins le mérite d'être bien pesée. Puis le succès rattrape Paul, mais c'est embêtant vu qu'il est mort, haha ! Nouveau virage pour le film, Paul doit fuir... comme la fin du film : spectateurs, imaginez la suite comme vous voulez... (ou pas! en évitant cette pellicule française, tellement comme les autres)

La vida loca - Christian POVEDA - 2009 - Double tib **

Portrait d'un gang du Salvador où l'espérance de vie dépasse rarement les 30 ans. La vida Loca se passe de tout commentaire et de tout entretien avec ses protagonistes pour narrer le quotidien des membres de la Mara 18, un gang tentaculaire fondé par d'anciens membres de gangs latinos de L.A, rentrés au pays après avoir été expulsés. La Mara 18 s'étend aujourd'hui sur toute l'Amérique centrale. Femmes et enfants sont également des membres à part entière de cette entité. Des visites chez le juge à la réinsertion dans une ONG (agréée par le gang), en passant par les tatoueurs et les visites chez le chirurgien ; ce seront surtout les nombreuses veillées funéraires qui rythmeront ces 90 minutes d'immersion au cœur d'un monde ou la vengeance est la seule raison d'être. Par ses partis-pris, le film ne tombe ni dans le racolage ni dans la fascination et reste au plus près du sort de ses protagonistes. A sa sortie, le film c'est vu offrir une promo des plus froides, à l'annonce du meurtre de son réalisateur, assassiné par la Salvatrucha, le gang rival. Le film ne profite pas de ce statut posthume mais sa structure rappelle sans cesse cette vengeance aveugle qui anime les gangs.


Sin Nombre - Cary FUKUNAGA - 2009 - Double tib **

Sin Nombre et La vida loca sont cousins germains. Réalité contre fiction. Ici, il est toujours question d'une Mara, cette fois c'est la Salvatrucha, ennemis jurés de la Mara 18. Gueules et corps tatoués, on initie des enfants au maniement des armes et à la fraternité à toute épreuve. D'un côté, la caméra suit un jeune membre du gang, Casper (et son mini bras droit Smiley), en prise avec la dureté de la vie dans la Mara et l'impossibilité d'y vivre une vie normale. De l'autre, Sayra tente le voyage clandestin vers les USA avec sa famille. Tous deux se rencontrent sur le toit d'un train traversant plusieurs pays. Le rythme est là, le scénario est simple mais efficace, côté technique, rien de mirobolant, mais c'est tant mieux (il ne faudrait pas avoir peur de faire un grand film). L'humanisme règne, la volonté de vivre, libre, amoureux, avec les gens qu'on aime, sans violence, traverse l'écran et les personnages. Fuir sans cesse pour éviter la mort (côté Casper), fuir sans cesse pour éviter l'Immigration (côté Sayra), ils finissent par fuir pour être ensemble. Malheureusement pour Casper, on ne quitte la Mara que mort. Un conte humain, quoi... (Merci pour le spoil!)