19 février 2011

Black Swan - Daren Aronofsky - 2010

"La sortie du film Black Swan ce mercredi 9 février est incontestablement l'un des événements cinématographiques de cette saison. Après The Wrestler en 2008, salué par la critique, Darren Aronofsky s’attaque cette fois au monde de la danse. Le réalisateur de Requiem for a Dream signe un film fidèle à son style unique et audacieux qui sublime une Nathalie Portman au sommet de son art. Chargé en effets spéciaux plus stupéfiants les uns des autres, Black Swan repose sur un scénario plutôt simple, l’histoire d’une danseuse étoile schizophrène (Nina), sélectionnée pour interpréter le rôle titre du prestigieux Lac des Cygnes." (Le Figaro) 
«Le cinéaste est allé jusqu'au bout de ses fantasmes, de ses hallucinations. Il les agence sur un rythme exaltant et épuisant pour la plus grande joie des amateurs de sensations fortes» (Le Monde)

Ne soyons pas de mauvaise foi, la critique est partagée (c'est le cas au sein de la rédaction de Tib-O-Rama), sauf si vous ne regardez que la télé. Mais il est toujours amusant de noter la jubilation des journalistes lorsque leur critique de comptoir défend un film tellement comme ceux qu'ils descendent habituellement. Une fois le joli papier cadeau arraché, Black Swan est un film aussi percutant et profond qu'un Saw 7, Souviens-toi l'été dernier et consorts (en même temps, parfois le papier cadeau c'est bien aussi, c'est joli).

Sortir du contexte de l'adolescence, des bières, des t-shirts mouillés, des spring-breaks et courses d'autos tunées suffit visiblement à en convaincre beaucoup que Daren Aronofsky n'emprunte pas les sentiers battus du thriller contemporain. Ajoutez à cela une bonne abondance de plans à l'épaule et une image granuleuse et le "cinéphile" sera aux anges (non, c'est pas vrai, moi ça m'a donné envie de vomir), persuadé de regarder du bon cinéma. Si Black Swan existe, c'est pour toutes ses intentions de film original (sic), sur un milieu peu traité (c'est vrai) (ah quand-même, tu lui accordes au moins ça, c'est trop beau les tutus, quoi !), avec une actrice qui se découvre  une palette de jeu (dans Closer, pas génial, Nathalie Portman cassait alors son côté prude) (tu avoueras quand-même qu'elle porte plutôt bien le rôle...si on enlève toutes les scènes redondantes où on lit la détresse de sa frigidité dans ses yeux). Concrètement, le film n'attendra pas longtemps pour tenir sa promesse de "film d'auteur" : au bout de 45 min "on regarde la montre" (on ? non, tu ! Et puis en fait, non, tu regardais même pas ta montre, tu t'enfonçais la joue dans le poing, posé sur l'accoudoir). Tourner en rond entre la chambre de Nina (l'héroïne) et ses répétitions  fatigue tellement que l'on finit par être aussi tendu que (la peau du visage de) sa mère. Car on l'a bien vite compris, Nina est une fille à maman, mais "l'audacieux" réalisateur insiste (A base de nombreux ongles arrachés qui m'ont fait me tordre les doigts sur mon siège). Le problème de Nina, immédiatement pointé par Thomas (Vincent "transparent" /touffe de papi Cassel) c'est son puritanisme. Le problème d'Aronofsky c'est qu'il ne donne rien de plus épatant qu'une scène de masturbation (retenez la chute de cette scène) et une descente en boite de nuit pour chercher des mecs... c'est American Pie là. Singer une rivalité alors que l'on a bien assez tôt compris le trouble psychologique de l'héroïne est un autre signe d'entêtement du réalisateur. Ajoutez des gros plans sur le personnage en train de hurler/stresser, des effets sonores grossiers pour stabiloter le suspens et les moments de schizophrénie, ajoutez une musique assourdissante au climax pour stresser le public et vous obtenez... Scream ou Saw, au choix. Pour couronner le tout, le "scénario plutôt simple" (dixit le Figaro) a une écriture tellement scolaire que passée la scène de la boite de nuit, on connait déjà la fin de l'histoire (pour ceux qui ne connaissent pas déjà le lac des Cygnes) : dans ce cas, passez votre chemin, ne passez pas par la case départ et ne touchez pas 20 000Frs. (Perso, moi qui l'ai vu, je me suis dit jusqu'au bout que ça n'allait peut-être pas être si tragique...) Daren Aronofsky ne cherche pas à étonner le cinéphile ou l'amateur d'opéra, ses ficelles sont trop grosses pour surprendre ce type de spectateurs. Les "fins cinéphiles" vous vendront le thème du sacrifice corporel où Aronofsky met en image l'expression "casser 3 pattes à un canard" en brisant celles de Nathalie Portman (rires dans la salle garanti). Entre American Pie et les blagues de Toto, il faut saluer l'humour de ce mec  ! (Mais arrête, c'était aussi affreux que les histoires d'ongles et tout ça ! aaahhhrrrggg affreux !!)

Maintenant c'est clair, il cherche le succès commercial avec la mention "Auteur", mais sans le savoir faire d'un Spielberg ou d'un Scorsese. Le hic c'est qu'il n'est pas nécessaire de travestir une histoire en film élitiste pour n'avoir à offrir rien d'autre que le énième thriller de schizo d'Hollywood, avec les même ressorts vus et revus de Shutter Island à Psychose en passant (plus récemment) par  Fight Club, The Machinist, Identity, There Will be Blood... La seule sensation que me laisse Black Swan en fin de film, c'est que Daren Aronofsky cherche à plaire à un certain public grolandais, comme si on  devait s'excuser de faire ou de voir un divertissement. 

S'il me reste un peu de place pour dire ce que je pense, j'ajouterai juste qu'encore une fois, y en a mare (aux canards) de la rumeur et de la critique qui en fait des caaaaaaaaaaaaisses sur un film. Pour moi c'était un bon film, porté par une excellente actrice, un que je regarderai peut-être à nouveau, mais pas de quoi faire la queue dans le froid pendant 1 heure. Ce qui explique à posteriori qu'on a bien fait de gruger tout le monde ! ahahahah !

14 février 2011

The King's Speech - Tom Hooper - 2010

B'b'b'b'b'b'b'b'bBonjour! J'j'j'j'j'j'j'je parle c'c'c'c'comme une harley c'c'c'c'c'c'coincée dans les bouchons, j''j'j'j'j'j'j'j'j'je suis ?
Alors King's Speech c'est l'histoire de Don King qui monte sur le ring. Mais avant d'enfiler ses gants, il fait un speech. Nan, c'est pas vrai.
En vrai, King's Speech, c'est un nouveau sandwich à la langue de chez Burger King. Nan, c'est pas vrai.
Pour de vraiment vrai, The King's Speech, c'est l'histoire de l'arrière-grand-père par alliance de Kate Middleton, alias l'arrière-papi de William d'Angleterre, le papa de madame la Reine pastel qui fait des coucous à la plèbe depuis son balcon. Et donc le papa de la Momie était bègue, parce que son propre papa n'était pas sympa, sa mère un peu rèche et son frère, l'héritier proclamé du trône, ouvertement allergique aux protocoles royaux.
Propulsé au pouvoir tel un suppositoire intra-muros, Bertie le bègue se voit contraint de "consulter". Heureusement que pendant ce temps, sa petite femme écume les pages jaunes de Londres pour trouver le thérapeute capable de résoudre le défaut d'élocution de sa tendre moitié. Et ce thérapeute, c'est une sorte de David Lynch sans les cheveux blancs. Ses origines australiennes l'autorisent à faire le foufou et à être légèrement décadent, contrastant ainsi avec la rigor mortem de la famille royale et de son entourage. Son bureau est très joli mais mal entretenu.

King's speech est il un film intéressant ? Non, à peine sympathique (quand même, t'y vas un peu fort, je trouve).  On s'ennuie sec malgré les déconnades du roi des bègues et son thérapeute. Pourquoi s'ennuie-t-on ? Parce que le film ne tient pas ses promesses et la première, pourquoi le roi bégaie, n'est pas creusée et n'apporte rien au récit. La réponse n'est pas creusée mais bâclée. On a une vague idée du poids du protocole sur le bégaiement du roi. Les liens familiaux semblent jouer sur son malaise, mais il n'en sort pas grand chose. Le roi George VI reste aux talons de son frère pour guetter le faux pas et prendre le trône (dit comme ça, on pourrait croire qu'il y a du suspens mais non, c'est l'histoire, c'est déjà écrit), comme ça il a un peu de travers. Sinon, il s'est fait un nouvel ami, son thérapeute, un homme du peuple et tout le monde est content.

Excusez-moi de me contredire, dans un billet je précisais que je n'irais pas voir ce film. Le problème c'est que lorsque l'on est siamois, ce que va voir l'un, l'autre le voit aussi. Bref, épargnez-vous le déplacement. Le baratin, les oscars, etc... c'est juste pour remplir les cérémonies.

11 février 2011

Memories of murder - Bong Joon-ho - 2003

http://koreanfilm.org/memories5.jpgAu rayon polar, le pays du matin calme n'a rien a envier aux français et encore moins aux ricains. Au contraire, la Corée propose et Memories of murder (avec un titre comme ça, y a de quoi se demander si on parle de la Corée du Nord ou du Sud) donne le ton. Second film d'un des nombreux 1er de la classe coréens, M.O.M (pour faire court) est un film de genre singulier ou se mêlent habilement meurtres glauques, poésie paysagère, critique politique et humour de manga.

Si j'ai bien compris, on est en 1986, à l'époque où nous faisions des châteaux de sable pendant que nos papas grillaient des saucisses en moule bite. Un petit village coréen est alors frappé par un tueur en série, vicieux et lubrique. C'est souvent l'image que l'on se fait des serial killers, mais aussi parallèlement des Japonais, eux aussi aficionados de petites culottes et autres sous-vêtements féminins. Mais revenons-en à l'histoire. Les flics du village sont submergés par leur amateurisme (aveux par la torture, perte de preuves et fausses pistes à répétition) et la capitale leur envoie donc du renfort, en la personne d'un flic à peine plus doué, mais au moins plus intègre. Rien de très original, hein ? (T'en vois beaucoup des film avec des flics foireux ?...) (bah oui, ne serait-ce que dans la monumentale série The Wire, l'équipe de bras cassés met beaucoup de temps à briller par ses écoutes !) ( On n'a pas vu la même série; tu confonds une hiérarchie qui fait ralenti le travail avec des bras cassés, les quelques éléments feignants ont vite sauté, passons).

Effectivement, sauf que là où les amerloques nous auraient collé cinq courses poursuites, trois fusillades et un renfort de trente voitures de police et le FBI au cul dans la scène finale, là où les camemberts nous auraient foutu Olivier Marchal en veste kaki qui essaie de faire comme il peut pour convaincre le tueur de lâcher sa dernière proie avant de la tuer, parce qu'il n'a justement que Julie Lescaut comme renfort et qu'elle est tombée pendant la scène de la course poursuite (reprenons donc le tout début de la phrase maintenant) et bien Bong Joon-ho lui, surprend et offre une ultime faiblesse à ses personnages.

Sans être haletant ou rempli de suspense ("la vérité est ailleurs..."), M.O.M sait très bien où taper pour captiver le spectateur, et ce n'est sûrement pas dans le spectaculaire. Oh oui ! Mamie va pouvoir regarder ce film sans risquer l'arrêt cardiaque. La réalisation offre des images léchées mais sans surenchère de mouvements de caméra frénétiques. Chacune des scènes est rythmée comme un Tex Avery, offrant un retournement de situation qui nous plonge tantôt dans l'humour, tantôt dans le tragique. Bong Joon-Ho ne blâme pas ici ses personnages mais plutôt leur condition. Plus tard, on retrouvera l'influence de ce film sur le cinéma américain et notamment avec Zodiac (de David Fincher) qui en est un très bonne exemple.

9 février 2011

L.A Confidential - Curtis Hanson - 1997

http://blogs.amctv.com/movie-blog/la-confidential-pearce560.jpg
AÏE AÏE AÏE, voilà une équipe qui fait très très mal. Le cast : Kevin Spacey, Russel Crowe, Guy Pearce (Memento), Kim "putaintuvieillis" Bassinger, Dany de Vito et blablabla. Le crew : James Elroy (l'adapté), Brian Helgeland (l'adaptateur, also known for Payback, Mystic River, Man on Fire...), Jerry Goldsmith (au clavier, comme pour Rambo, Gremlins, Total Recall, Basic Instinct...), Dante Spinotti (aux lights , comme dans Mindhunter, Le dernier des Mohicans, HEAT, Public Enemies, oui ! C'est le chef op' de Michael Mann) et pour réaliser Curtis Hanson (8 mile), on aurait pu trouver mieux comme réal' mais c'est déjà pas mal. Au final, 9 nominations aux Oscars et seulement 2 récompenses, merde ! Ils sont tombés la même année que Titanic (tudhhudhhhuuuu dhudhudhuuu dhûûûû) (11 Oscars, le record). Bon sinon c'est très bien tout ça, mais le film, que dit-il ?

Il dit que c'est pas possible d'interroger une blonde pulpeuse sans succomber à ses charmes ?
Il dit que les années 50 et L.A. c'est trop classe comme contexte ?
Il dit que derrière trois nègres se cache une conspiration des francs-maçons ?
Pas tout fait, mais en tout cas, le film nous dit très bien qu'on va se faire mener par le bout du nez jusqu'à la scène finale, où tout le monde meurt dans d'atroces souffrances, nan c'est pas vrai.
Il s'agit en effet de l'enquête de trois policiers de choc, le vendu de mèche avec la presse, le cogneur, qui défend plus la veuve que l'orphelin et le petit fils à papa qui vendrait sa chemise pour la loi et l'ordre (et surtout grimper dans la hiérarchie), tous issus de branches différentes de la police. A chaque parcours sa destinée. Mais quand ces trois flics plus ou moins verreux finissent par comprendre que l'enquête qu'ils viennent de conclure sent le pipi, un sursaut d'honneur et l'envie d'être de "GOOD POLICE" les replongent dans l'enquête.

Un film noir dans la plus pure tradition de l'âge d'or hollywoodien (les 50's justement). On retrouve surtout l'esprit d'Ellroy : l'odeur des bas-fonds, les crimes racistes et les faits divers, la corruption et le charme dans tous ce qu'il a de tordu. L.A Confidential est donc la meilleure adaptation d'Ellroy (il le dit lui même, pour une fois). Bref, un sans faute à voire et revoir etc.

3 février 2011

LA FLEMME !

http://www.toutelatele.com/IMG/arton15095.jpgLa température est redescendue en dessous de zéro. On est bien au chaud à se mater des films, mais quand on habite près d'un MK2, on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent en ce début de 2011. On a droit à tous les films "immanquables" qu'on oubliera vite : le "dernier Sofia Coppola" (c'est comme ça que les gens appellent le film), pour les parisiens qui veulent avoir de la contenance pendant leurs diners en ville ("- c'était génial... elle surpasse son père, non ? - OUI ! Elle illumine ma rétine. - Ok , mais en quoi ?... - Ben c'est très profond et j'aime beaucoup les films profonds."). Mais aussi, Le discours d'un roi, concourant pour les oscars et que la critique salue pour la performance de Colin Firth (comme pour A Single Man l'an passé, que tout le monde a déjà oublié), il faut comprendre donc qu'à part l'acteur, le film ne va pas chercher loin, ne demandez pas l'auteur du film c'est indécent. La semaine prochaine arrive Black Swan, de Daren Aronofski (Requiem For A Dream, The Fountain), un réalisateur talentueux (sans ambiguïté) qui depuis The Wrestler arrive à faire croire à la presse que ses principaux acteurs n'étaient rien ou des oubliés avant de passer devant sa caméra. Quant aux amateurs d'humour putassier et aux fans de Gondry, ils peuvent se retrouver dans la même salle pour voir The Green Hornet. La déception risque d'être rude car il faut croire que ni le "best clip director ever", ni Seth Rogen semblent tirer leur ver du jeu (sic!) puisque c'est Neal H. Morritz, le producteur des Fast and Furious et autres films pour kékés, qui mène la danse. La série n'avait déjà pas grand intérêt, sauf pour les fans de Bruce Lee (dont je fait partie), alors bon courage aux téméraires. Enfin pour les franco-français qui défendent l'exception culturelle française, il vous reste "le dernier Danny Boon" (c'est aussi comme ça qu'on dit dans le nord). Dans tous les cas, moi, je n'écrirai rien sur tout ça, d'ailleurs je ne les ai même pas vus et je préfère rester chez moi. Na !

Donc pour vous faire une idée des sorties actuelles, je vous conseille d'aller voir le FILM SCHOOL THESIS STATEMENT GENERATOR ça vous évitera d'attraper froid en allant chercher le dernier numéro des Inrocks ou de Télérama. La critique est d'aussi bonne qualité, ce sont les trous du cul qui se parfument du cercle qui vous le garantissent. Vous pourrez ainsi sentir l'intelligence et le bon goût, loin de cette fierté d'être ignare que prônent les beaufs (mais qui sont-ils, dans le fond ?).