"La sortie du film Black Swan ce mercredi 9 février est incontestablement l'un des événements cinématographiques de cette saison. Après The Wrestler en 2008, salué par la critique, Darren Aronofsky s’attaque cette fois au monde de la danse. Le réalisateur de Requiem for a Dream signe un film fidèle à son style unique et audacieux qui sublime une Nathalie Portman au sommet de son art. Chargé en effets spéciaux plus stupéfiants les uns des autres, Black Swan repose sur un scénario plutôt simple, l’histoire d’une danseuse étoile schizophrène (Nina), sélectionnée pour interpréter le rôle titre du prestigieux Lac des Cygnes." (Le Figaro)
«Le cinéaste est allé jusqu'au bout de ses fantasmes, de ses hallucinations. Il les agence sur un rythme exaltant et épuisant pour la plus grande joie des amateurs de sensations fortes» (Le Monde)
Ne soyons pas de mauvaise foi, la critique est partagée (c'est le cas au sein de la rédaction de Tib-O-Rama), sauf si vous ne regardez que la télé. Mais il est toujours amusant de noter la jubilation des journalistes lorsque leur critique de comptoir défend un film tellement comme ceux qu'ils descendent habituellement. Une fois le joli papier cadeau arraché, Black Swan est un film aussi percutant et profond qu'un Saw 7, Souviens-toi l'été dernier et consorts (en même temps, parfois le papier cadeau c'est bien aussi, c'est joli).
Sortir du contexte de l'adolescence, des bières, des t-shirts mouillés, des spring-breaks et courses d'autos tunées suffit visiblement à en convaincre beaucoup que Daren Aronofsky n'emprunte pas les sentiers battus du thriller contemporain. Ajoutez à cela une bonne abondance de plans à l'épaule et une image granuleuse et le "cinéphile" sera aux anges (non, c'est pas vrai, moi ça m'a donné envie de vomir), persuadé de regarder du bon cinéma. Si Black Swan existe, c'est pour toutes ses intentions de film original (sic), sur un milieu peu traité (c'est vrai) (ah quand-même, tu lui accordes au moins ça, c'est trop beau les tutus, quoi !), avec une actrice qui se découvre une palette de jeu (dans Closer, pas génial, Nathalie Portman cassait alors son côté prude) (tu avoueras quand-même qu'elle porte plutôt bien le rôle...si on enlève toutes les scènes redondantes où on lit la détresse de sa frigidité dans ses yeux). Concrètement, le film n'attendra pas longtemps pour tenir sa promesse de "film d'auteur" : au bout de 45 min "on regarde la montre" (on ? non, tu ! Et puis en fait, non, tu regardais même pas ta montre, tu t'enfonçais la joue dans le poing, posé sur l'accoudoir). Tourner en rond entre la chambre de Nina (l'héroïne) et ses répétitions fatigue tellement que l'on finit par être aussi tendu que (la peau du visage de) sa mère. Car on l'a bien vite compris, Nina est une fille à maman, mais "l'audacieux" réalisateur insiste (A base de nombreux ongles arrachés qui m'ont fait me tordre les doigts sur mon siège). Le problème de Nina, immédiatement pointé par Thomas (Vincent "transparent" /touffe de papi Cassel) c'est son puritanisme. Le problème d'Aronofsky c'est qu'il ne donne rien de plus épatant qu'une scène de masturbation (retenez la chute de cette scène) et une descente en boite de nuit pour chercher des mecs... c'est American Pie là. Singer une rivalité alors que l'on a bien assez tôt compris le trouble psychologique de l'héroïne est un autre signe d'entêtement du réalisateur. Ajoutez des gros plans sur le personnage en train de hurler/stresser, des effets sonores grossiers pour stabiloter le suspens et les moments de schizophrénie, ajoutez une musique assourdissante au climax pour stresser le public et vous obtenez... Scream ou Saw, au choix. Pour couronner le tout, le "scénario plutôt simple" (dixit le Figaro) a une écriture tellement scolaire que passée la scène de la boite de nuit, on connait déjà la fin de l'histoire (pour ceux qui ne connaissent pas déjà le lac des Cygnes) : dans ce cas, passez votre chemin, ne passez pas par la case départ et ne touchez pas 20 000Frs. (Perso, moi qui l'ai vu, je me suis dit jusqu'au bout que ça n'allait peut-être pas être si tragique...) Daren Aronofsky ne cherche pas à étonner le cinéphile ou l'amateur d'opéra, ses ficelles sont trop grosses pour surprendre ce type de spectateurs. Les "fins cinéphiles" vous vendront le thème du sacrifice corporel où Aronofsky met en image l'expression "casser 3 pattes à un canard" en brisant celles de Nathalie Portman (rires dans la salle garanti). Entre American Pie et les blagues de Toto, il faut saluer l'humour de ce mec ! (Mais arrête, c'était aussi affreux que les histoires d'ongles et tout ça ! aaahhhrrrggg affreux !!)
Maintenant c'est clair, il cherche le succès commercial avec la mention "Auteur", mais sans le savoir faire d'un Spielberg ou d'un Scorsese. Le hic c'est qu'il n'est pas nécessaire de travestir une histoire en film élitiste pour n'avoir à offrir rien d'autre que le énième thriller de schizo d'Hollywood, avec les même ressorts vus et revus de Shutter Island à Psychose en passant (plus récemment) par Fight Club, The Machinist, Identity, There Will be Blood... La seule sensation que me laisse Black Swan en fin de film, c'est que Daren Aronofsky cherche à plaire à un certain public grolandais, comme si on devait s'excuser de faire ou de voir un divertissement.
S'il me reste un peu de place pour dire ce que je pense, j'ajouterai juste qu'encore une fois, y en a mare (aux canards) de la rumeur et de la critique qui en fait des caaaaaaaaaaaaisses sur un film. Pour moi c'était un bon film, porté par une excellente actrice, un que je regarderai peut-être à nouveau, mais pas de quoi faire la queue dans le froid pendant 1 heure. Ce qui explique à posteriori qu'on a bien fait de gruger tout le monde ! ahahahah !